La Gazette du Canal n° 32 - Dossier

(automne 2002)

Le journal de tout le 10e arrondissement de Paris

Lettres et le 10e

(Illustrations : Sylvain Gautier)


Les écrivains s'acharnent sur les bêtes,
des oies aux souris…

Si le 10e est chargé d'histoire - la rubrique « Le 10e au passé » en témoigne à chaque livraison - l'arrondissement devient, parfois, un théâtre d'histoires. De ces histoires que les écrivains savent si bien offrir au plaisir de leurs lecteurs. Ou, simplement, certains ont choisi d'y vivre. Ainsi, Michel Ragon habite dans le 10e depuis plus de trente ans et, s'il n'y situe guère ses romans, lui préférant sa Vendée natale, il évoque avec passion l'architecture des gares et les noms des rues du quartier qui « lui chantent » : Eugène-Varlin, Pierre-Dupont… Pour son vieil ami (ils se sont rencontrés en 1950), Robert Sabatier, le 10e, c'est une partie de sa jeunesse. Il la fera revivre prochainement au travers du personnage d'Olivier dans une suite de la série des Allumettes suédoises. Enfin, c'est également le 10e, qu'il connaît bien pour le traverser régulièrement « à pied ou en deux-roues », que Thierry Jonquet a choisi pour cadre de son dernier roman noir Ad Vitam Aeternam. Trois rencontres avec ces auteurs qui se sont prêtés avec grâce au jeu des questions de La Gazette.

Jocelyne Fonlupt



Les gares, l'architecture moderne du XIXe siècle…

Michel Ragon, le plus Vendéen des Parisiens évoque ses souvenirs de jeune provincial débarquant à Paris… et le 10e arrondissement où il s'est installé il y a trente ans et qu'il n'a pas quitté depuis.

La Gazette : Quand et dans quelles conditions êtes-vous arrivé à Paris ?

Michel Ragon : En 1945, après la Libération. J'ai vendu la bicyclette de mon père qui était mort depuis longtemps. J'ai quitté Nantes avec une petite valise en bois - à cause de la guerre, il n'y avait bien sûr plus de cuir. Arrivé à Paris, j'ai cherché une chambre. J'ai fini par atterrir dans un hôtel de charbonniers, rue Petit, dans le 19e. C'était un quartier pauvre, de sous-travailleurs, la chambre était abordable. Puis, je suis allé voir Henri Poulaille. Il m'a d'abord flanqué à la porte. Mais, comme j'étais habitué, depuis l'âge de 14 ans, à ce genre d'accueil - les vieux n'étaient pas tendres avec les jeunes à cette époque, ils étaient rudes -, j'y suis retourné. Il s'est habitué à moi à un point que je ne m'explique toujours pas. Cet homme qui était célèbre - il était chez Grasset -, qui avait plein d'amis tout aussi célèbres me les a fait connaître. J'ai rencontré sa famille, ses enfants, ses amis. Ces derniers étaient des libertaires. J'ai été introduit dans la littérature prolétarienne et dans la littérature anarchiste par Poulaille. Il avait 50 ans, j'en avais 21. Après, j'ai beaucoup erré dans Paris : une mansarde, sans eau et sans waters, rue des Saints-Pères, prêtée par un copain de Poulaille ; un local commercial, rue de Sèvres ; une chambre, rue de Javel… Jusqu'à ce que je me marie pour la troisième fois. Je n'ai jamais quitté cette femme ni cet appartement du 10e. Avant c'était la fuite, les fuites…

- Pourquoi cet arrondissement vous convient-il ?

- Il faut dire, tout d'abord, que le 10e est multiple. Il y a le quartier du canal Saint-Martin, celui des Grands Boulevards, celui des deux gares… Moi, je suis tout à fait à l'extrémité, plus vers les Grands Boulevards. À l'origine c'était un quartier juif, ça l'est encore en partie, près du Sentier, avec tous les métiers liés à la confection (fourreurs, tailleurs). Ma rue n'a pas beaucoup changé en trente ans. Mon voisinage, si. Je voyais les locaux de l'Humanité de chez moi, avant que le journal ne déménage, d'ailleurs repris par des capitalistes normaux depuis que les fonds manquent… Je me souviens même qu'au début, sur la façade, il y avait le drapeau rouge. Louis Aragon vivait en face de chez moi. Nous nous sommes très mal connus. Simplement, devant la similitude des noms, il a dit une fois : « à Ragon, il manquera toujours un A à son nom »… Ce que j'aime bien dans ce quartier, c'est qu'il est populaire, avec des petits commerçants, des petites boutiques de confection, des petits commerces d'alimentation, des restaurants abordables pour les gens qui travaillent dans le coin, il y a de nombreux bureaux. En revanche, ce qui a changé, c'est le faubourg Saint-Denis, tous les commerçants traditionnels sont partis, c'est devenu un quartier turc. Il reste la proximité des boulevards, avec le petit peuple de Paris qui descend le samedi. Les cinémas, les théâtres, les restaurants bon marché. C'est le côté populaire qui n'a pas beaucoup bougé depuis le XIXe siècle.

- Où vos pas vous portent-ils lorsque vous vous promenez ?

- Les Grands Boulevards, bien sûr. Mais aussi la place de la République. Elle est très proche de chez moi et, historiquement parlant, c'est un lieu extrêmement important. Et puis, il y a la proximité de la librairie du Monde libertaire, rue Amelot, où on trouve des choses qu'on ne trouve pas ailleurs. Même si je ne vais pas m'y promener, certaines rues possèdent des noms qui me chantent particulièrement : près d'ici la rue Eugène-Varlin, par exemple. Il y a également les deux gares. J'aime bien les gares, parce qu'elles appartiennent au XIXe siècle et, là encore, histori-quement, la gare de l'Est et la gare du Nord surtout sont primordiales. Elles ont été les premières à être construites comme des monuments. J'ai souvent l'occasion de prendre le train gare de l'Est - de plus, ma femme est vosgienne… C'est vrai, ces deux gares sont des lieux qui me disent quelque chose. Cette architecture métallique, c'est l'architecture moderne du XIXe siècle.

- Mais la source d'inspiration de vos romans est rarement la ville et votre dernier ouvrage « Un rossignol chantait » se passe à Fontenay- le-Comte…

- Il est évident que je suis un provincial, d'origine paysanne. Ce monde est ma source et mon ressourcement.

J. F.

Parmi les romans de Michel Ragon, le plus récent : Un rossignol chantait , avril 2001, chez Albin-Michel 1Lorsque l'éditeur n'est pas cité, il s'agit d'Albin Michel. ; mais aussi L'Accent de ma mère ; Les Mouchoirs rouges de Cholet ; le Marin des sables ; La Mémoire des vaincus ; Un si bel espoir
Dans les essais :
Histoire de la littérature prolétarienne ; La Voie libertaire, chez Plon ; Georges et Louise
Du côté de l'urbanisme et de l'architecture :
Histoire de l'architecture et de l'urbanisme modernes - 3 vol., Point Essais, Ed. du Seuil ; L'Architecte, le Prince et la Démocratie ; L'Architecture des gares, Denoël ; L'Homme et les Villes
Enfin, en guise de biographie : 
J'en ai connu des équipages, entretien avec Claude Glayman, J.-C. Lattès…



À l'angle des rues Louis-Blanc
et du Faubourg-Saint-Martin…

Robert Sabatier C'est promis, en février 2003, on retrouvera Olivier, le petit garçon des  Allumettes suédoises, de Trois sucettes à la menthe et des Fillettes chantantes. Robert Sabatier l'a assuré lors de l'entretien qu'il a accordé à  La Gazette du Canal, en juillet. L'histoire se passera dans le 10e arrondissement.

Un quartier qu'il connaît bien.  « Ma mère était morte, mon père aussi. Après une période d'errance, j'ai été adopté par un oncle et une tante qui habitaient 210, Faubourg-Saint-Martin. Mon oncle avait une imprimerie au 31 bis, rue Louis-Blanc. » Et l'auteur continue d'évoquer ses souvenirs d'enfance. Une enfance un peu rude sans doute, mais dont il parle avec tendresse. Robert Sabatier a d'abord fréquenté l'école de la rue du Château-Landon. Puis, « j'avais 13 ans, on a estimé qu'il était temps que je gagne ma vie. J'ai commencé à travailler à l'imprimerie, comme apprenti typographe imprimeur. Mais les apprentis devaient souvent laver l'encre des machines ou effectuer des livraisons », poursuit-il. Pour cela, le triporteur, plus agréable que la voiture à bras, lui a permis de découvrir l'arrondissement. Les passages, le marché près de la mairie du 10e où, en plus des fruits et des légumes, il y avait des petits métiers… « Je m'y rends d'ailleurs encore, parce qu'il y a, rue du Château-d'Eau, un restaurant très sympathique, où l'on mange très bien, Le Réveil du Xe, tenu par une compatriote auvergnate. » La mairie, c'était aussi, au premier étage, la bibliothèque, où il avait ses petites habitudes. « J'y étais toujours fourré pour aller changer des livres, parce que je ne pensais qu'à lire à l'époque, comme maintenant. » La lecture, il la pratiquait dans le petit square du canal en face de la rue Eugène-Varlin. Là, il dévorait aussi les bouquins achetés chez un brocanteur proche. C'est justement au travers d'un livre qu'il apprend à apprécier ce 10e où, au début, il se sentait un peu « en exil ». « Un jour, je lis Le piéton de Paris de Léon-Paul Fargue. Il parle du 10e avec des yeux de poète et j'ai pensé à cette phrase "que l'important soit dans ton regard, non dans la chose regardée." J'ai regardé alors d'une autre façon l'arrondissement, je me suis aperçu qu'il avait une grande diversité, que c'était plein de lieux merveilleux et je me suis mis à aimer le 10e. Mais ça n'a pas été immédiat. »
La lecture, très tôt aussi, l'écriture. Si l'on s'étonne qu'un gamin ayant quitté l'école à 13 ans baigne dans un tel univers, il ne faut pas oublier que travailler dans une imprimerie et fréquenter des typographes mènent parfois à cette soif d'apprendre. « Les typos avaient ceci de très intéressant, c'est que c'était des gens de culture, qui avaient des idées sociales, qui lisaient beaucoup et on pouvait discuter. » L'un d'eux lui dit un jour : « Tu devrais t'inscrire à l'université ouvrière ! » Robert Sabatier avoue y avoir beaucoup appris et ajoute : « ça me permettait de rattraper mon retard. »
C'est un typo également qui participe à la première publication de ses œuvres. « à l'époque, j'écrivais des petits poèmes. Un jour que le patron, mon oncle, était absent, le typo me dit : "Tu sais, on va faire un truc, on va t'imprimer un petit recueil." Alors, on a composé les 16 pages en vitesse, chacun attrapant son composteur. Ça s'appelait Premières voix. On en a tiré une cinquantaine d'exemplaires. J'en ai offert à des copains chez qui j'étais parti en vacances dans la Haute-Loire. » Robert Sabatier précise, malicieusement, que l'un d'eux lui a dit récemment qu'en refaisant une chambre, il était tombé sur un de ces recueils qui avait servi, avec d'autres papiers, à caler un pied de lit…
Voilà qui ne risque pas d'arriver à son prochain roman, dont il a retardé la publication pendant très longtemps. « Je ne sais pas pourquoi, l'occupation, ça ne me tentait pas d'en parler. »  à la demande de ses lecteurs qui voulaient savoir ce que devenait Olivier pendant la guerre, Robert Sabatier a pris des notes au fur et à mesure que remontaient ses souvenirs. Et l'on peut s'attendre à de savoureuses péripéties au milieu de ce peuple de Paris où se mêlent bons et méchants, passifs et résistants, collaborateurs… « J'ai essayé de faire un portrait de l'époque à partir d'un quartier. Avec des gens simples, appelés, selon les circonstances, à devenir des êtres remarquables ou des gens horribles », conclut-il.

J. F.

Les éditions Albin-Michel ont publié dans le cycle " Le roman d'Olivier " : David et Olivier, Olivier et ses amis, Les allumettes suédoises, Trois sucettes à la menthe, Les noisettes sauvages, Les fillettes chantantes. Dans le champ de la poésie, on pourra lire également, entre autres, toujours chez Albin-Michel : Dédicace d'un navire, Les châteaux de millions d'années, Icare et autres poèmes, Les masques et le miroir… Et se délecter à la lecture d'autres romans de Robert Sabatier, parmi lesquels (chez le même éditeur) : Alain et le nègre, Les années secrètes de la vie d'un homme, Le sourire aux lèvres… Sans oublier les neuf volumes de l'Histoire de la poésie française.



De l'hôpital Saint-Louis à Jaurès…

Son dernier roman Ad Vitam Aeternam 1Éditions du Seuil, coll. Fiction et Cie. fait un tabac. Depuis 1982, Thierry Jonquet n'a guère arrêté de publier tout en se consacrant, aussi, depuis quelques années, à des travaux de scénariste de télévision.

Thierry Jonquet S'il a fait trente-six métiers avant d'être considéré, à partir du milieu des années 80, comme l'un des grands du roman noir, sa pratique d'ergothérapeute en milieu hospitalier, puis, entre autres, d'enseignant en section d'édu-cation spécialisée dans la banlieue nord de Paris, l'a mis en présence d'un éventail de tout ce qu'il peut y avoir de révoltant dans notre société. De ces vieux qu'on laisse mourir seuls à ces polyhandicapés dont on ne sait pas quoi faire, en passant par ces marginaux, interdits de cité par certains maires, ou encore ces jeunes délinquants pour lesquels l'actuel gouvernement décide, comme solution éducative, la création de centres fermés…
Toutefois, lorsque, cet été, Thierry Jonquet a accepté de nous rencontrer ce n'est pas direc-tement de cela dont il a été question au cours de notre conversation. Ad Vitam Aeternam se passe en partie dans le 10e arrondissement, l'occasion de satisfaire notre curiosité. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ? « Aucune raison précise. En fait, je voulais démarrer le récit par quelque chose de très anodin. J'avais besoin d'un décor à la fois ordinaire et parisien puisque l'histoire se déroule à Paris. Cette écluse, le canal Saint-Martin et puis la façade de l'Hôtel du Nord, chacun peut se les représenter facilement. »  Des lieux bien connus de l'auteur qui précise : « Je n'habite pas très loin, c'est un endroit où je passe fréquemment. Je vais souvent au cinéma au MK2, par exemple, et puis de chez moi, dans le 19e, à mon bureau, rue de Maubeuge, je traverse en permanence le 10e, à pied ou en deux-roues. »  Mais ce roman - la rencontre entre Anabel, une jeune femme ex-toxico, ex-taularde, qui travaille pour un tatoueur n'hésitant pas à pratiquer le percing dans les parties les plus intimes de l'anatomie de ses clients, et Monsieur Jacob, un entrepreneur de pompes funèbres, bien sous tous rapports - nécessitait la proximité d'un hôpital. « L'hôpital Saint-Louis a la particularité d'être un très vieil hôpital, c'est un véritable monument. Comme le temps joue un rôle important dans le livre, il fallait un décor qui soit inscrit dans le temps, dans la durée et, encore une fois, qu'on puisse se représenter assez facilement. »  Et, ce petit restaurant ouvrier « Chez Loulou », où Monsieur Jacob déjeune tous les jours, « en face de l'hôpital Saint-Louis » il existe vraiment ? « Oui, bien sûr, il existe, mais dans ma tête c'est rue Vicq-d'Azir. Il n'y a pas de restaurant à cet endroit de la rue Juliette-Dodu. À un moment donné, je crois qu'il y en avait un, rue Bichat. Je ne sais pas s'il existe toujours… » C'est une véritable balade dans l'arrondissement que ce livre, de Jaurès à Oberkampf, où Thierry Jonquet décrit une minuscule librairie « tout au fond d'un passage dallé de pavés moussus ». Lieu de retrouvailles entre Miguel et Tom, parqués ensemble, avec tant d'autres, au grand stade de Santiago du Chili en septembre 1973… Tom ? Un autre des personnages importants d'Ad Vitam Aeternam, avec l'inquiétant Oleg, tueur à gages, l'invraisem-blable Ruderi qui sort de prison au bout de quarante ans et paraît bien sémillant pour ses soixante-dix ans. Pourtant, si un incroyable secret lie tous ces personnages, c'est la Mort qui demeure l'héroïne du roman, mais une mort qui sait se faire attendre. Avec brio.

J. F.

Quelques-uns des romans noirs de Thierry Jonquet : Mémoire en cage chez Albin-Michel, Le bal des débris au Fleuve noir, Les orpailleurs, La vie de ma mère, Moloch, Mygale chez Gallimard. Thierry Jonquet a également publié des ouvrages pour la jeunesse (Nathan, Syros Jeunesse, Gallimard Jeunesse…) et un roman (autobiographique) Rouge c'est la vie (éditions du Seuil).



Bibliographie romanesque du 10e arrondissement

Voici une sélection de romans d'hier et d'aujourd'hui, touchant de très près ou de plus loin notre arrondissement, à lire cet hiver au coin du feu.

BALZAC Honoré « La Peau de chagrin » : Folio n° 555, Paris 1831
BELLET Alain « Les Noyés du Canal Saint-Martin » : Magnard Jeunesse, Paris 1995
BIALOT Joseph « Le manteau de Saint-Martin » : Gallimard, série noire, 1985-1987
BIANCIOTTI Hector « Sans la miséricorde du Christ » : Folio, 1987
CABU « Revoir Paris », pour le 10e arrondissement p.169-179 : Arléa, Paris 1996
COIGNARD Jérôme « On a volé la Joconde » : Pol'Art, Adam Biro, Paris 1990
Congar Bruno « Le Pont Tournant » : Éditions Anne Carrière, Paris 1995
DABIT Eugène « L'Hôtel du Nord » : Denoël, Paris 1929, et Folio n°2155
DABIT Eugène « Ville Lumière » : Le Dilettante, 1987
DAENINCKX Didier « Un Château en Bohême », Denoël et  Folio, Gallimard, 1994
deslys charles « Le Canal St-Martin » : Le Conteur, Paris 1862
DRUON Maurice « Les Rois maudits, t.1 » : Del Duca Paris 1955, Le Livre de poche, 1973
ECHENOZ Jean « L'occupation des sols » : Les éditions de minuit, Paris 1999
FLAUBERT Gustave « Bouvard et Pécuchet » : A. Lemerre, Paris 1881 et Livre de poche
JONQUET Thierry « Les Orpailleurs » : Gallimard, Paris 1993, et Folio policier n° 2
KRAAL Peter « Le Dixième » : Les éditions du Mécène, Paris 1995
LA HOUPPA « Promenade dans ma vie, souvenirs et chansons » : Paris, 55 rue du Fb-St-Denis, 1963
LANGÉ Gabriel-Ursin « La Rue des Paradis » : Les Cahiers des images de Paris, n° 3, Éditions du Centre, Aurillac 1966
LE TEXIER Robert « Le Fol été du Fort Chabrol » : France Empire, Paris 1990
MALET Léo « M'as-tu vu en cadavre ? » : Robert Laffont, Paris 1956 « Les nouveaux mystères de Paris n° 6 » et Le Livre de poche n° 3330, Fleuve noir, 10/18.
MANOTTI Dominique « Sombre Sentier » : Le Seuil, Paris 1995 et Points policier n° 266
MEYER Philippe « Paris la Grande » : Flammarion, Paris 1997
MURGER Henri « Scènes de la vie de Bohême » : Bibliothèque Larousse, Paris, 1931
PICOULY Daniel « Nec » : Gallimard, Série noire n° 2297, Paris 1992
REBOUX Jean-Jacques « Le Massacre des innocents » : Éditions Baleine, Paris 1998
SABATIER Robert « Les allumettes suédoises » et « Trois sucettes à la menthe » : Albin Michel, 1969, 1972
SAN ANTONIO « Plein feux sur le tutu » : Fleuve noir, 1984
SIMÉON Jean-Pierre « Passage du Désir » : Le Castrol astral/l'Aire, 1988
SIMENON Georges « Maigret et les témoins récalcitrants » : Presses de la Cité, 1959
SIMENON Georges « Maigret et le corps sans tête » : Presses de la Cité, 1959
TARDI « M'as-tu vu en cadavre ? - Nestor Burma dans le 10e arrondissement », Adaptation et dessin de Tardi d'après le roman de Léo Malet : Casterman, Paris 2000
VILAR Jean-François « Nous cheminons entourés de fantômes au front troué » : Le Seuil, Fiction et Cie, 1993
ZOLA Émile « L'Assommoir : Les Rougon-Macquart » : Folio n° 1051, Paris 1877 (1998)
… Et il y en a sûrement bien d'autres encore à nous communiquer.

Jeannine Christophe



Des dessins et des textes

Curieusement, dans la capitale des arts, l'amateur trouvera assez peu de librairies spécialisées dans la bande dessinée. Seulement une quinzaine environ se partage le marché, dont fort peu - le tiers - propose des BD d'occasions. Curieux et BDphiles, dirigez vos pas vers le sud (du 10e).

Lecteurs assidus des pages historiques de La Gazette du Canal, vous avez pu découvrir (dans un numéro précédent) qu'en 1801, la mairie de ce qui était alors le 5e arrondissement se situait au 44, de la rue René-Boulanger (alors appelée rue de Bondy). « O tempo'a o' mo'es » citait le noir pirate d'Asterix : aujourd'hui, cette adresse abrite une librairie de bandes dessinées.

Aux Amis de la BD

Quelles sont les particularités des « Amis de la BD » ? Qu'est-ce qui caractérise la clientèle BDphile du 10e ? S'il est difficile d'évaluer quelle part de la clientèle de la librairie habite dans l'arrondissement et quelle part est de passage, il n'en demeure pas moins que cette clientèle fait preuve dans ses acquisitions d'un éclectisme qui la met à part des comportements nationaux. Ainsi, les labels indépendants comme Frémok, Astrabile, Les Rêveurs de rûnes ou encore Les Requins-marteaux, obtiennent ici un succès exceptionnel (environ un tiers des ventes).
Il s'agit de publications d'artistes novateurs, dotés d'un véritable style personnel, et dont beaucoup privilégient un mode narratif plus ou moins autobiographique, et utilisent souvent le noir et blanc. Le libraire, Henri Boileau, vous citera volontiers une pléiade de ces (plus ou moins) nouveaux venus dans l'univers en cases : le « poète de la BD » Edmond Baudoin, dessinateur et parfois scénariste, connu pour « Voyage », David B. pour « L'Ascension du haut-mal », Frédéric Peeters et son « Pilules bleues » en noir et blanc ou encore, parmi les plus connus Tronheim (« Donjon ») ou encore « Persepolis » de Marjane Satrapi qui relate une découverte de l'occident par une jeune iranienne. Quant à savoir dans quelle mesure cet état de fait est une conséquence de la sociologie de l'arrondissement (de nombreux artistes vivent dans les environs immédiats) ou des préférences du libraire, je vous en laisse juge.

Que souhaite ce commerçant du quartier

La rue des BD et de la bibliothèque hébraïque fait partie des lieux dont la mairie du 10e projette l'amélioration. Dans ces conditions, quels changements seraient souhaités par ce commerçant travaillant ET habitant dans le quartier ? La réponse fuse sans hésitation : « que la rue devienne piétonne ! », et les arguments se bousculent : la rue fait doublon avec le boulevard, les trottoirs sont trop étroits pour que puissent s'installer des commerces de proximité, ainsi un éventuel marchand de fruits et légumes, par exemple, n'aurait pas même la place d'installer des présentoirs, les rues piétonnes favorisent le commerce et sont tellement plus agréables, les bistrots pourraient enfin installer des tables en terrasse, la vie de quartier en deviendrait plus agréable, etc.
Je n'ai pas trouvé un seul argument à opposer à cette excellente proposition…

Sylvain Gautier

Aux Amis de la BD
44, rue René-Boulanger
Tél. : 01 40 03 05 30
info@librairies-amisdelabd.com