La Gazette du Canal n° 31 - Dossier

(printemps/été 2002)

Le journal de tout le 10e arrondissement de Paris

La cyber boucle locale

(Illustrations : Sylvain Gautier)

La boucle locale, c'est cette partie de chemin que l'utilisateur emprunte sur le réseau téléphonique classique pour atteindre les autoroutes de l'information. On pourrait donc penser que l'action locale serait en deçà d'Internet, mais la topologie du cyberespace se développe au delà, dans une autre dimension.

On se demande bien quel peut être l'intérêt de cette technique au niveau local, alors qu'il suffirait de se pencher à sa fenêtre pour héler son voisin. Et pourtant, depuis environ cinq ans, le paysage de la communication militante et de proximité a été bien bouleversé.

Voici un petit tour d'horizon succinct des aspects locaux d'Internet. Un exemple d'association (on n'est jamais mieux servi que par soi-même) dont les habitudes de fonctionnement ont été radicalement modifiées depuis dix ans (et oui, La Gazette a dix ans !). Tout fait à la main, avec découpages et montages à la colle, il y a seulement cinq ans ; tout électronique aujourd'hui. Quel chemin !

Nous vous offrons ensuite plusieurs listes (non exhaustives) de sites du 10e ou qui en parlent ; associatifs, politiques, historiques.



Quand l'Internet vint aux associations
(notre nombril sur Internet)

On ne se rend pas vraiment compte à quel point l'Internet a changé radicalement nos habitudes en quelques années. L'exemple de La Gazette, que nous avons vécu de l'intérieur, est sans doute assez significatif.

La préhistoire

En 1995, dans les comités de rédaction, un nouveau venu racontait, devant une assistance incrédule ou baillant d'ennui, comment, depuis le début de l'année 1994, première ouverture au grand public français d'un point d'entrée local, il pouvait communiquer avec le monde entier au travers d'un réseau privé de services. Une révolution encore plus énorme se préparait, l'Internet, qu'en dehors du circuit universitaire, en France, seuls quelques rares privilégiés avaient pu expérimenter à un coût prohibitif : il fallait payer une communication avec les États-Unis pour voir cette nouvelle magie à l'oeuvre.

Cet hurluberlu racontait que d'ici très peu de temps, on pourrait s'envoyer très simplement des messages d'ordinateur à ordinateur, fini les trafics de disquettes dans les boîtes aux lettres, les rendez-vous secrets dans les cafés du coin pour se communiquer les derniers articles. En 1996, il se dit que ce serait bien de tenir des archives du journal sur cet outil qui était un excellent moyen d'archivage et de communication. Aussitôt dit, aussitôt fait, les premiers articles de La Gazette se retrouvèrent sur le Web. C'était l'été 96, et le numéro 16 se retrouva en ligne, mais il n'y avait personne dans l'équipe pour le voir. Pendant près de deux ans, le site eut un certain succès, entre 2 000 et 7 000 visites par mois, les encouragements venaient du Japon, d'Australie, d'Autriche, d'Angleterre, des USA, etc.

En 1997 et 1998, l'Internet restait encore un outil bien exotique qu'on commençait tout juste à évoquer dans la presse. Quand La Gazette suspendit sa parution pour prendre un peu de recul, l'équipe ne comptait qu'un seul utilisateur d'Internet.

Le tsunami discret

En mars 2000, La Gazette redémarre. Surprise ! Près du tiers des membres du comité de rédaction utilisaient maintenant ce nouvel outil. Le mode de fonctionnement s'en trouva bien changé. L'article une fois tapé, était envoyé directement, non sans quelques échanges téléphoniques de réglage :

- "Allô, comment on fait pour mettre l'article en pièce jointe ?"
- "C'est quoi le charabia informe que j'ai reçu ?
- …
- Ok, t'as oublié de vlobuler la pièce jointe en smurch 64."

Durant l'année 2001, ce fut un discret raz de marée. Aujourd'hui, seul un petit (enfin, façon de parler) noyau résiste aux sirènes et écrit encore ses articles avec un crayon et du papier (pauvres forêts !).

Une révolution pour les associations

Comme toujours, la révolution n'était pas là où on l'attendait. L'Internet est un ensemble de technologies, et pour faire simple, seules deux concernent directement le grand public. Passons sur le chat (dialogue en direct - on pourrait dire tchatche chez nous, mais le terme ne prend pas) et le groupe de discussion (pourtant indispensable à tout monomaniaque, avouable ou inavouable, qui se respecte : du colombophile au pédophile).

Le Web et le courriel (mel, e-mail, etc.) sont les deux principaux services visibles de l'Internet. On a beaucoup glosé sur les sites Web, mais en coulisses, c'est le courriel qui est vraiment entré dans les moeurs et a changé notre mode de fonctionnement. Les sites Web ont surtout été l'occasion d'erreurs de stratégies et d'engouements déplacés qui sont vite retombés, à l'image de la nouvelle économie.

Dans le domaine local, combien d'associations communiquent désormais par courriel ? Organisation de réunions, diffusion de comptes-rendus, etc., presque tout passe par le courriel. De plus en plus de militants associatifs se demandent comment ils pouvaient bien faire dans la préhistoire (il y a moins de cinq ans pour la majorité). Au point qu'on en oublie parfois qu'il existe encore des gens non connectés. Détail qui peut être pervers, car quand la communication se limite aux autres "Interné(t)s", une frange non négligeable est oubliée. On commence à entendre trop souvent dans le milieu associatif des discours du genre : " Mais tout le monde est connecté aujourd'hui ", qui oublient un peu vite le prix d'entrée à ces nouvelles technologies (économique et culturel). On sent poindre un assez désagréable : Comment peut-on être pauvre ?

Quant aux sites Web des associations locales, le bilan est nettement plus mitigé. Un rapide tour d'horizon montre que c'est essentiellement la fonction de mémoire et d'archivage qui se maintient. L'effet vitrine se brise généralement très vite. Combien voit-on de ces sites qui se créent tout d'un coup, avec une très jolie maquette, parfois payée relativement cher, mais dont les étagères restent désespérément vides, jusqu'à la fatidique erreur 404 (page non trouvée) qui les renvoie dans les oubliettes de ce cyberespace où personne ne vous entend plus crier.

Jim Granpillé



associations@10e.fr

De plus en plus d'associations du 10e arrondissement s'offrent un site internet. Transformons-nous quelques instants en spider-man et accrochons-nous à la toile.

Surfer sans se mouiller le corps, sans string et sans sortir de chez soi… Voilà sans aucun doute la meilleure façon de se réconcilier avec les crabes, les poulpes et les méduses. On s'accroche tout de même au bocal pour ne pas tomber dans l'aquarium.

http://www.charlelie.com/   

Charlélie Couture se fait sa pub. Certes, ce n'est pas un site très associatif, mais il est tellement bien fait qu'on aurait tort de se priver. Avec des images, et de la musique of course.

http://membres.lycos.fr/associationcanal/  

L'Association Canal organise des animations sur les berges du Canal Saint-Martin, le dimanche, quand il est piéton. Par ailleurs, elle se bat pour que le fonctionnement de cette piétonisation se fasse dans les meilleures conditions possibles. Le site vous dit tout, notamment sur les manifestations programmées sur l'année. Une adresse pour ne pas tout rater dans sa vie.

http://www.local.attac.org/paris910/  

Un site proposé par les membres d'Attac des 9e et 10e arrondissements. Sans prétention,
cette adresse est très régulièrement actualisée, et donne le regard du groupe sur l'actualité. Comme quoi on peut lutter contre la mondialisation en utilisant un média mondial d'informations.

http://www.infinimage.net/  

Infinimage a demandé à 3 500 personnes de faire un voeu pour le troisième millénaire. Un échantillon est présenté sur le site. Plutôt drôle, mais un peu périmé, car maintenant, ce qu'il faudrait faire, c'est demander : " Pour vous, c'était quoi, le second millénaire ? "

http://www.brassage.org/  

Cette adresse offre peu de pages, mais elle est tout de même sympa. Il y est notamment proposé une salle pour faire des repas associatifs, rue Sainte-Marthe.

http://www.crl10.com/flash/intro.php  

Le 10e compte quatre centres d'animations chapeautés par une même association, le Club Recherches et Loisirs (CRL). Le site a été récemment refait, il est clair, précis, et il est facile de trouver les informations sur les activités souhaitées. Il a cependant un hic : un appel d'offre a été lancé pour ces centres d'animations, qui
risquent de changer de main. Si c'est le cas, cette adresse va-t-elle se saborder ou changer de nom ? Réponse fin mai.

http://www.chez.com/modusvivendi/  

Superbe mise en page pour le site de Modus Vivendi, avec des couleurs et plein d'informations sur le bas du 10e. Malheureusement, ce site n'a pas été mis à jour depuis le 9 septembre 2001. Il semblerait que les nouvelles fraîches soient actuellement en chantier.

http://members.aol.com/fcpe/  

Encore un site conçu et réalisé par un informaticien professionnel, Jean-Louis Pierrel. Un résultat presque sans bavure… les informations données par la FCPE sont très complètes sur certains établissements (Louise Michel), plus périmées sur d'autres…

http://www.parismairies.tm.fr/ 

Ce site propose un menu par arrondissement. En cliquant sur 10, on tombe sur tout ce que l'on veut savoir sur le 10e sans jamais avoir osé le demander. Par exemple, dans la rubrique " théâtre ", non seulement on a la liste et les coordonnées, mais aussi les spectacles et les dates ! Un must… qui permet de tout savoir sur son quartier sans sortir de chez soi.


Souris, je le veux !

http://membres.lycos.fr/recolletsparis/ 

L'association Récollets, coeur du Xe s'est battue pour la réhabilitation du couvent. Le site ouèbe n'est plus remis à jour depuis longtemps. Il reste cependant un bon dossier d'archives.

http://paris10cica.free.fr/ 

Pour tout savoir sur les associations du 10e, et leur dialogue avec la mairie.

http://lagazetteducanal.free.fr/ 

Et oui, La Gazette du Canal est aussi sur le Vèbe… c'est même la première association du 10e à s'être branchée. Voilà le site idéal pour aller chercher toutes les adresses indiquées ci-dessus. Elles sont tellement pénibles à taper ! Pendant que vous y êtes, dites-nous ce que vous en pensez (vos remarques seront plus crédibles que les nôtres !). Nous publierons dans le prochain numéro quelques-unes de vos réponses, les plus drôles et les plus désagréables !

Ras le bol des w, des slashs(/) et des minuscules. Allez, c'est bon, on déconnecte (mais c'est pas possible, j'ai encore pété un fusible. Si La Gazette fait un bug, ça va encore chauffer. Je n'ai même pas fait de sauvegarde !) J'ai dû oublier quelques jolies mouches prises dans un coin des fils de la toile, mais l'arachnide repue commence à bailler. L'indigestion est en marche. Virtuellement.

Benoît Pastisson (et al.)



Du côté des partis

http://perso.wanadoo.fr/eluspcf.paris10/  

Bien fait et riche en infos, le site web du PC n'a qu'un défaut : il n'a pas été actualisé depuis le 16 novembre 2000. Pourtant, il y a une rubrique " actualités " !

http://www.forum10.bigstep.com/

Le site du RPR ne pouvait pas se permettre d'être mal fichu, puisqu'il est animé par René Le Goff, élu de l'arrondissement… et informaticien. Le discours est très militant, mais on y trouve un certain nombre d'informations citoyennes.

http://www.lesverts10.org/  

Autre site militant, celui des Verts. Lui aussi est riche en informations, avec une arborescence qui propose des dossiers sur l'arrondissement. On ne lui fera qu'un reproche : il est trop austère pour un parti avec un nom si coloré…

http://ps-paris10.org/ 

En avril 2002, le PS aussi a créé son propre site pour le 10e, indépendamment du site personnel du député. On y trouve des informations locales, des contributions sur la démocratie locale, le logement, etc., et un peu d'histoire.

http://www.tonydreyfus.org/ 

On aurait pu penser que le site de notre député serait un outil de communication avec ses concitoyens. Mais la logique en est caricaturalement utilitariste, " site de campagne " avant tout. Créé pour les précédentes élections municipales, le site s'est figé peu après. Et, depuis quelques mois, il affichait le visage suivant :

Étonnamment, le site vient de s'enrichir récemment. En voici le contenu intégral à la mi-mai :

Gageons qu'il se remplira dans les semaines qui viennent. Avant de sommeiller jusqu'à la prochaine fois ?

C'est un peu comme les bouches de métro en période pré-électorale : elles s'encombrent soudain de militants qui sont sur le terrain. Mais où sont-ils donc stockés dans l'intervalle ?