La Gazette du Canal n° 31 - Actu

(printemps/été 2002)

Le journal de tout le 10e arrondissement de Paris

Éditorial

Parler du " Net " dans un magazine local et papier, c'est s'imposer doublement une logique floue. L'Internet est un média " global " (entendez planétaire), et il est au papier ce que l'imprimerie fut au parchemin.
En outre, le prix d'entrée dans l'Internet reste bien supérieur au papier.
Bref, ne reculant devant aucune contradiction, La Gazette vous présente quelques pages de l'Internet consacrées au 10e.
Le retard dans le bouclage de ce numéro nous a fait oublier un événement symbolique : en ce mois de juin 2002, La Gazette fête ses dix ans d'existence.
Merci à nos lecteurs.


Juin 92 : Le n° 1 de La Gazette lançait l'idée d'un canal piéton.



L'Antoine, la Lili et l'Eurostar

Devenus publicité pour Eurostar, les " Antoine et Lili " du quai de Valmy s'affichaient ainsi, début avril, dans le métropolitain londonien :


Un cliché souvenir de Paris n'inclut pas obligatoirement la tour Eiffel "

Paradoxe de la publicité, " aller au delà des apparences " implique ici de modifier celle d'une de ces boutiques qui, elles-mêmes, ne sont que la vie de certaines apparences…

Antoine salue bien Lili (à moins que ce ne soit l'inverse) et le canal Saint-Martin.



Le retour de la secte

La lecture du BMO (Bulletin municipal officiel) du 12 avril 2002 nous apprend que l'Église universelle du royaume de Dieu (EURD) a déposé une nouvelle demande de permis de construire pour transformer La Scala (13, bd de Strasbourg) en un lieu cultuel.

La Scala est un ancien music-hall des années 30, transformé ensuite en salle de cinéma, avant d'être placé quelque temps sous X, pour finalement fermer vers l'an 2000.
Il y a deux ans, une première demande de permis de construire déposées par l'EURD avait passé par la mairie du 10e, dans une relative indifférence, avant que les habitants et des associations locales ne réagissent et se mobilisent.
L'action avait entraîné l'annulation par M. Tiberi, alors maire de Paris candidat à sa succession, du permis de construire. (cf. La Gazette n° 24 page 2).
Cette " église " sévit déjà dans le nord du Faubourg-Saint-Martin. Rappelons qu'elle a été répertoriée comme secte dans le rapport parlementaire réalisé sur ce sujet.



Les élections présidentielles dans le 10e arrondissement

Après chaque élection, La Gazette vous présente ses camemberts exquis, ces atomes de savoir avec lesquels il faut compter.

Les résultats sont exprimés en pourcentage des inscrits.

Premier tour 21 avril 2002

Au premier tour la gauche (39,65%) devance la droite (28,61%).

Second tour 5 mai 2002

La participation a augmenté : 4 963 votants de plus qu'au premier tour (+12,21% des inscrits).
En supposant un report parfait des voix, parmi ces votants :
. 359 (7,27%) ont voté blanc ou nul ;
. 174 (3,53%) ont voté extrême-droite ;
. 4 403 (89,20%) ont voté J. Chirac ;

Les résultats nationaux ayant déjà fait couler beaucoup d'encre, tout autre commentaire serait ici superflu.

 



Législatives : 22, qui dit mieux !

22, c'est le nombre de candidats inscrits aux législatives.
Doit-on y voir un signe de santé de la démocratie ou une dérive malsaine ? Réponse dans les cinq ans qui viennent. Apparemment, les leçons du premier tour des présidentielles sont déjà loin.
Il semblerait que la politique devienne de plus en plus un espace d'expression catégorielle - expression qui relèverait plus du syndicalisme -, au lieu de signifier une adhésion à un projet.
Mis à part des soucis de financement, qu'est-ce qui peut bien expliquer le besoin de présenter quatre projets politiques de droite, autant de gauche, trois trotskistes, des écolos en veux-tu en voilà, sans compter une flopée de projets autoproclamés " associatifs ", " citoyens " ou " républicains ".

Liste des candidats

Cécile Renson (UMP)
Tony Dreyfus (PS)
Philippe Tour (Parti des travailleurs)
Claude Defrance (MNR)
Claude Raud (FN)
Sylvie Scherer (PCF)
Chantal Cauquil (LO)
Bernard Maris (les Verts)
Marc Espie (Pôle républicain)
Geneviève Pastre (Concordat citoyen)
Patricia Ruyer (Chasse, Pêche, Nature et Traditions)
Marie-Hélène Bry-Bouvard (RPF)
Christian Piquet (LCR)
Gérard Bardier (énergie démocrates)
Christophe Nouri (Initiative républicaine)
René Le Goff (UDF)
Nicole Saint Laurent (CAP 21)
Jean-Baptiste Charles-Sicard (Génération Ecologie)
Nathalie Filou Bosq (Concordat citoyen)
M.O. Bernardon-Fontaine (GIP Démocratie active)
Alexis Bui (Sans étiquette)
Pierre Larrouturou (Réseau nouvelle donne)



Quand l'insalubrité devient publique

Longtemps minimisée, voire dissimulée, par les précédentes municipalités, l'insalubrité sort de l'ombre : à Paris, un millier d'immeubles sont insalubres, dont une centaine dans l'arrondissement.
Supposant 20 à 50 habitants par immeuble, ce sont 2 000 à 5 000 personnes qui, dans le 10e, vivent dans des taudis ! Un programme visant l'éradication de cet habitat insalubre vient d'être engagé.

Modalités

Une convention entre la Ville de Paris et la SIEMP 1Société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris. est en cours de signature, concernant le tiers de ces immeubles. Un budget de 240 M€ (dont participation Ville de Paris 107 M€ et budget de fonctionnement 17 M€) permettra d'entreprendre des actions :

- directes : rachat pour mettre un terme aux situations de danger immédiat et notamment aux risques d'intoxication par le plomb, relogement, réhabilitation ou reconstruction ;

- indirectes : assistance aux propriétaires pour la mise en oeuvre de travaux de sortie d'insalubrité ; hébergement provisoire des occupants.

Des équipes de coordination médico-sociale et d'accompagnement social seront créées.

De plus une OPAH (opération programmée d'amélioration de l'habitat) spécifique sera initiée en septembre 2002 visant à traiter un autre tiers de ces immeubles.

Éradication ? non

Dans l'arrondissement, les opérations de résorption de l'habitat insalubre, achevées ou en cours (5-7 rue Louvel-Tessier ; 59, rue de Lancry ; 45, rue Louis-Blanc ; …) ont montré la lenteur du processus :

- difficulté à mobiliser le parc social pour les relogements ;

- un bilan pour chaque opération
qui se traduit par un déficit en nombre de logements : du fait de la sur-occupation fréquente et des normes légales d'habitabilité, à l'emplacement d'un immeuble insalubre sont créés moins de logements qu'il n'y avait de ménages à reloger.

Dans le meilleur des cas, et, on peut le supposer avec beaucoup de difficultés, seuls deux-tiers des immeubles insalubres seront traités d'ici 2007.

L'objectif annoncé par M. Bertrand Delanoë en 2001 : " En finir, sur une mandature, avec l'habitat insalubre et le saturnisme " 2Paris changeons d'ère avec Bertrand Delanoë, décembre 2000. était-il trop ambitieux ?

Jean-François Pierre

Sources
- le procès verbal du conseil d'arrondissement du 4 mars 2002
- le projet de délibération DHL-2002-003 / 10-02-23 et la convention d'aménagement publique qui y est annexée.
Vous pouvez obtenir copie de ces deux documents, sur simple demande, au 2e étage de la mairie du 10e arrondissement.

Les apparences peuvent être trompeuses.

À gauche, le 45, rue Louis-Blanc. Ce ne sont pas les étais qui indiquent l'insalubrité. à droite, la rue Jean-Moinon. Son aspect calme et bucolique montre mal que la quasi-totalité des immeubles y sont insalubres.

Liste des immeubles insalubres dans le 10e

rue Albert-Thomas : 50.
rue Bichat : 2 ; 9.
boulevard de Bonne-Nouvelle : 4bis ; 6.
passage Brady : 74 ; 80.
cité Chabrol : 4 ; 23 ; 39.
rue du Château-d'Eau : 12 ; 61.
rue de l'Échiquier : 7 ; 24.
rue du Faubourg-Poissonnière : 32 ; 88.
rue du Faubourg-Saint-Denis : 14 ; 22 ; 27 ; 46 ; 49 ; 56 ; 61 ; 65 ; 83 ; 105 ; 208.
rue du Faubourg-Saint-Martin : 84 ;118 ; 190 ; 192 ; 267.
rue du Faubourg-du-Temple : 43 ; 47 ; 97 ; 99 ; 101 ; 109 ; 123 ;125 ; 127 ;137.
cour de la Ferme-Saint-Lazare : 16.
rue de la Grange-aux-Belles : 10 ; 31.
rue d'Hauteville : 24.
rue Hittorf : 2 à 8.
rue Jarry : 6 ; 8.
rue Jean-Moinon : ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 8 ; 10 ; 11 ; 12 ; 15 ; 18 ; 19 ; 20 ; 22 ; 24 ; 26.
quai de Jemmapes : 96.
rue La Fayette : 124 ; 140 ; 206 ; 237.
rue de Lancry : 53.
rue Louis Blanc : 33.
boulevard de Magenta : 137.
rue Martel : 6.
rue de Maubeuge : 87.
rue de Paradis : 14.
rue des Petites-Écuries : 26.
rue Pierre Dupont : 1.
rue René Boulanger : 28 ; 78.
cité Saint-Martin : 18.
rue Saint-Maur : 179 ; 201 ; 216 ; 218.
rue Saint-Vincent-de-Paul : 8.
rue Sainte-Marthe : 4 ; 5 ; 8 ; 9 ; 13 ; 19 ; 20 ; 21 ; 27.
rue de Sambre-et-Meuse : 18 ; 30.
boulevard de Strasbourg : 59.
quai de Valmy : 91.

En gras  : les immeubles initialement prévus dans la convention.

En italique souligné : les immeubles dont le conseil d'arron-dissement a demandé qu'ils soient ajoutés à cette liste.



Louxor : finie la pub ?

Il semblerait que la Ville de Paris ait décidé de faire retirer le panneau publicitaire qui masquait entièrement l'entrée du Louxor et défigurait complètement cette façade.

 Quand l'espace publicité redevient l'espace public tout court, on respire mieux.



Antenne emploi-insertion 10e

Au mois d'avril, une "Équipe emploi insertion" a ouvert ses portes dans le 10e. C'est un dispositif de proximité qui, dans le cadre de la Politique de la ville, permet d'aider des personnes dont la situation par rapport à l'emploi est fragilisée ou qui sont en état d'échec.

Une analyse des conséquences de la loi de lutte contre les exclusions a montré qu'il y avait un déficit de résultats dans les populations des quartiers prioritaires de la Politique de la ville. La Direction inter-ministérielle de la Ville a donc émis une circulaire pour lancer un appel à projets relatif à la mise en place d'Équipes emploi insertion.

Cette démarche a été inscrite dans le Contrat de ville de Paris 2000-2006. Il existe à ce jour cinq ou six centres de ce type dans Paris.

Dans le 10e, à la suite de cette circulaire, un certain nombre d'acteurs sociaux, institutionnels et associatifs, se sont réunis pour définir un diagnostic de la situation qui a abouti à l'élaboration d'un projet, qui a reçu l'agrément du Comité de pilotage en mars 2001.

L'équipe

L'équipe emploi insertion vise des publics qui sont en situation difficile par rapport à l'emploi. Elle s'adresse en priorité aux personnes qui résident dans les quartiers du dixième couverts par le Contrat de ville. Ces personnes doivent manifester une volonté de réinsertion professionnelle. Les cas sociaux et psychologiques lourds ne sont pas concernés, mais l'équipe pourra servir de relais pour orienter ces personnes vers des structures mieux adaptées. Un réseau existe avec tous les centres sociaux du 10e.

L'équipe emploi insertion est coordonnée par l'association Olga Spitzer, Service social de l'enfance de Paris, appuyée par l'ANPE et la Mission locale. Divers partenaires institutionnels ou d'entreprises en sont partie prenante et ont aidé par exemple en fournissant du mobilier ou des équipements informatiques ou bureautiques. L'équipe se compose de cinq intervenants : un coordinateur, un agent de l'ANPE, un agent de la Mission locale, un travailleur social, un chargé des relations avec les entreprises et un agent d'accueil.

Missions

L'équipe accueille, informe et conseille sur l'emploi et la formation, de manière personnalisée : un seul interlocuteur assure tout le suivi. Mais tout doit passer par l'intermédiaire d'un conseiller. Il n'y a aucune prestation en libre service.

Elle dispose des compétences et des moyens pour apporter au demandeur tout un ensemble de prestations : accès aux offres d'emploi ANPE, aux offres de formation dans tous les secteurs,
espace documentaire, aide à la rédaction de CV, photocopies, fax, mailings ; et toutes les prestations d'ordre social liées au projet professionnel.

Elle a déjà reçu un peu plus d'une trentaine de personnes. Une majorité d'entre elles a déjà été remise dans un parcours professionnel ou dans une formation qualifiante. Environ un tiers des demandeurs n'ont pas eu de scolarité en France, et moins de 10 pour cent ont un niveau bac et plus.

Par exemple, telle mère célibataire qui est au RMI et qui voudrait retravailler. Mais, à ses dires, elle n'a aucune compétence. Un entretien dirigé permettra d'extraire ses aptitudes et ses motivations pour l'orienter dans un parcours professionnel ou de formation. Mais il faudra aussi vérifier s'il n'y a pas de problème potentiel pour la garde de son enfant et, sinon, l'orienter vers un temps partiel afin d'éviter le risque de la mettre à nouveau en échec à cause d'absences répétées.

Jean-Michel Berthier

Pratique

Équipe emploi insertion Xe

7bis, rue Jacques-Louvel-Tessier, 75010
Tél. : 01 40 18 47 73

Accueil sans rendez-vous du lundi au vendredi de 13 h. à 17 h.

Des permanences sont également organisées une ou deux fois par mois dans des centres sociaux du 10e, entre autres :
Aires 10 pour les plus de 26 ans et Paris des Faubourgs pour les 16-25 ans.



Jardin Villemin

Dans notre dernière parution nous annoncions un avenir incertain pour la parcelle des 4 et 6 rue des Récollets : extension du Jardin ou construction de logements pour les personnels hospitaliers.

Enfin ?

Le maire de Paris a définitivement tranché : cette parcelle (780 m2) deviendra jardin et sera partiellement affectée à la création d'un jardin pédagogique. L'ouverture est prévue en 2003.

L'appel d'offre a été lancé : le coût de l'aménagement prévu est de 567 942 € (soit 728 € par mètre carré).

Coût réel

Cette délibération a été présentée lors du conseil d'arrondissement du 4 mars dernier. Alain Lhostis (PC), après avoir rappelé que la création de logements pour les infirmiers aurait dû prévaloir, a dressé un historique bien parisien des agrandissements successifs du jardin :

" Malheureusement on était à la veille d'élections que l'ancien maire de Paris, avec raison, pensait perdre ; celui-ci, un matin, est venu avec une caméra rencontrer quelqu'un qui est aujourd'hui président d'une société d'économie mixte. A été filmée une décision qui fut prise entre M. Jean Tiberi et ce dernier " 1M. Jean-François Blet, président de la SIEMP (Société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris) dans le dos de ceux qui, depuis des années, agissent sur le terrain et le plus souvent sans caméra pour obtenir l'agrandissement du jardin.

" C'est regrettable.

" Cette opération a coûté beaucoup plus cher qu'il n'est dit là. Les décisions successives de la précédente municipalité parisienne ont fait que l'acquisition des parcelles a coûté un prix maximum. L'agrandissement du Jardin Villemin [ … ] a peut-être coûté 200 millions de francs compte tenu
de tous les dédits qu'il a fallu payer aux uns et aux autres avec de l'argent public ".

200 000 000 F pour 3 040 m2 ! Le coût réel de cet agrandissement, pourtant réalisé sur des terrains appartenant depuis longtemps à la ville de Paris et à l'Assistance publique, peut donc être estimé à 65 789 F par m2 (10 029 €/m2)…

Couvent

Les travaux dans le couvent des Récollets continuent ; cependant, l'extension du Jardin Villemin prévue devant ce dernier a été annoncée aussi pour 2003. Or, à ce jour, aucun appel d'offre n'a encore été lancé. Nous attendons.

Alain Jouffroy

Parcours diversifié

Y a-t-il un problème dans le Jardin Villemin ?

Énoncé

Avec plaisir, chaque année Maurice récoltera, dans sa petite parcelle de jardin pédagogique d'un mètre de côté, les dix petites salades qu'il y aura soigneusement plantées au printemps.

En considérant uniquement le coût d'un mètre carré de jardin, calculer le prix de revient d'une salade après dix ans de culture pédagogique.

Solution :

10 029 : 100 = 100,29

Chaque salade reviendra à 100,29 € (657,89 F).

Maurice qui est déjà très malin et espère vivre plus que centenaire remarque que même après 100 ans de culture pédagogique une salade lui reviendra encore à 10,03 € (65,79 F).

Très content de l'économie réalisée, il repart chez lui en chantant : " Une salade, moi j'aime bien les salades. Deux salades, … "



L'homme qui en savait… beaucoup

Pour qui cherche le roman noir américain paru telle année, dans telle collection, il existe peu de librairies, à Paris, en mesure de combler cette quête et peu de libraires capables d'en parler. Alain Schuster, responsable de " L'Introuvable ", serait-il l'une de ces exceptions ?

" Je lis tout. Je ne suis pas monomaniaque ", affirme-t-il. Effectivement sa culture ne se limite pas aux polars, ni même à la seule littérature. Au XVIIIe siècle, on aurait pu le qualifier d'" honnête homme ". Une crinière blanche, un profil d'aigle, le regard pétillant d'humour et l'humour faubourien parfois, il cause… Il raconte sa passion, l'une de ses passions : le bon polar.

Sa librairie " L'Introuvable " se trouve… au 23 de la rue Juliette-Dodu, dans le 10e arrondissement de Paris. C'est là l'une des dernières boutiques de la capitale spécialisée en littérature policière. Une devanture pas très engageante mais, à l'intérieur, une mine. Le surprenant maître des lieux _ il a beaucoup de cordes à son arc _, c'est un nom, pas seulement pour les amateurs du genre. Il a tout fait avant d'ouvrir cette librairie, il y a un peu plus de vingt ans, et il continue de s'adonner à diverses activités. Qu'on en juge ! En plus de collecter les livres anciens, d'aiguiller ses clients, il s'occupe depuis quatre ans de " Black Cherry Blues ", un magasin de disques (face au musée de la Vie romantique, ça ne s'invente pas !) où l'on trouve les meilleurs vinyles et CD de musique américaine : Country, Rock, Funk… Et puis, parce qu'il ne faut pas se rouiller, il pige de temps en temps pour des journaux, revoit des traductions… Il est insatiable et intarissable, cet homme orchestre, d'ailleurs c'est comme ça qu'il a commencé, puisqu'il organisait les tournées de musiciens américains, dans les années 70. Concours de circonstances - un copain cherche un local pour monter une librairie, lui un endroit où entreposer des instruments de musique, c'est l'installation dans ce 10e arrondissement. Et le dessinateur de presse (LibéLe Quotidien de Paris…) devient libraire.
C'est avec une exigence certaine qu'il assène : " Le principe du bon polar, c'est qu'on ne se fasse pas chier à le lire. " Et de citer des auteurs. Américains, essentiellement, français, parfois. A ces derniers, à de rares exceptions près, il reproche leur approximation. Résultat : un manque de crédibilité. " Les règles sont faites pour être transgressées, mais pour ce faire encore faut-il les connaître ". À l'entendre, il semblerait que
nombre d'écrivains " bien de chez nous " en feraient l'économie, d'où des erreurs flagrantes qui nuisent à l'intérêt de la lecture. Sans compter ceux qui se mêlent d'écrire sur la banlieue et font du roman " sociétal " en quelque sorte, souvent sans connaître ladite banlieue. " Même si les Américains transposent dans leurs ouvrages, le fond est juste. " De plus, les auteurs français, à l'en croire, utiliseraient le polar comme un marchepied pour passer aux collections blanches… Certains même, pour vendre de l'ersatz de polar. " Moi, quand je veux du camembert, je n'ai pas envie qu'on me vende autre chose sous ce label. "
Certes, pas de camembert à l'adresse indiquée, mais d'excellents romans noirs.

Jocelyne Fonlupt

La librairie est ouverte les mardis de 11 heures à 17 heures, les mercredis et samedis de 15 heures à 19 heures, les jeudis de 11 heures à 18 heures, les vendredis de 15 heures à 17 heures et sur rendez-vous.
Tél. 01 42 00 61 43.
http://www.lintrouvable.net.

Calibre 38 : " Le seul prix éthyliquement correct "

Chaque année, le troisième jeudi de novembre consacre l'arrivée du beaujolais nouveau. À la même date et ce, depuis 1985, le prix Calibre 38, " le seul prix éthyliquement correct ", selon Alain Schuster, est décerné par l'association éponyme. Une récompense attribuée au meilleur roman policier, à la meilleure BD de polar, au meilleur film noir… de l'année écoulée. Lorsqu'il y a matière, bien sûr.

Dans une joyeuse ambiance, le jeudi 15 novembre 2001, à l'Introuvable, les onze jurés n'ont pas failli. Ils ont couronné La Fille aux cheveux rouge tomate de Daniel Woodrell (Ed. Payot/Rivages), traduit par Frank Reichert. Celui-ci s'est vu remettre le trophée (un revolver réplique d'un calibre 38), à charge pour lui de le faire parvenir à l'auteur… Le prix du meilleur film noir est revenu à The Pledge (La Promesse) de Sean Penn.

Un sympathique dîner a clos la soirée, réunissant membres du jury, traducteurs et correcteur de romans policiers, et quelques adhérents de l'association.



Le repas de quartier de l'association CANAL

L'association CANAL a organisé son repas de quartier annuel le 19 mai, dans le bassin Louis-Blanc, devant le bâtiment Point P. Water Music sur l'eau, animations, ripailles et boissons étaient de la partie. Beaucoup de participants malgré une météo indécise et le week-end de la Pentecôte. Le choix de ce lieu cette année visait à sensibiliser la population sur le réaménagement rapide du bassin Louis-Blanc.

Le tract distribué à cette occasion titre, recto : " Rendre le site aux habitants ! " et verso : "  En 2 mots : Ouverture & diversité. Avec une recherche de cohérence grâce à la rédaction d'une charte d'utilisation élaborée dans la plus grande concertation ". Voilà !



Le Tralal'art


Côté face : entrée

Vous souvenez-vous de ces jeux d'éveil sur les signes réversibles : palindromes, miroirs ou têtes-bêches ? Ah, les jeux d'écrans numériques à la découverte des calculettes (tapez 709, retournez et lisez bol).

La mairie du 10e vous propose de vous replonger culturellement dans cette atmosphère, sans doute que 2002 est l'occasion de faire un 69 des mots, l'exposition " Le sens de la visite ". En cherchant bien dans l'arrondissement, vous noterez ici et là des panneaux qui se lisent des deux côtés (réversibles, rétroaction, entrée/sortie, etc.). Dans notre illustration, c'est sur la verrière de la gare du Nord. Certains ont cru simplement y voir une signalisation originale. Et bien non, c'est une expo.


Côté pile : sortie



Pour un nouveau canal dans le 10e

Une solution rationnelle pour le réaménagement du boulevard de Magenta.
Une solution à la surpopulation due au succès des berges piétonnières du canal, une réponse à la demande d'espace verts des parisiens.

Dès qu'un espace sans automobile est ouvert au public, les parisiens s'y précipitent en si grand nombre qu'on y retrouve rapidement la sensation du métro. J'allais écrire " aux heures de pointe ", mais il n'y que des heures de pointe pour le métro parisien. C'est ce qui est advenu pour la toute petite partie des berges du canal libérée au profit des piétons pendant un (trop) court moment le dimanche. La partie libérée des berges est d'autant plus vite saturée qu'elle est limitée : au pas tranquille des promeneurs et badauds, nous en faisons le tour en quelques minutes. Le manque d'espace verts et les trottoirs ridiculement étroits dans Paris et plus encore dans notre arrondissement accroissent encore la recherche désespérée d'un peu d'espace public où déambuler sans risque. Le badaud de Paris fut une figure célèbre, les préfets successifs de Paris ont réduit ses possibilités à la fuite vers la banlieue.

Pour une politique cohérente

Le diagnostic ainsi dressé, rapprochons-le du projet de réaménagement du boulevard de Magenta…

Une solution rationnelle

Vous avez fait de vous-même le rapprochement, tant nous l'attendions tous : quelques précisions néanmoins. Il s'agit de la voie la plus polluée de la ville, comparable au périphérique pour ses nuisances et menaces contre la vie humaine. Or, une consultation a été lancée par la mairie sur le réaménagement du boulevard de Magenta. Chacun de nous peut exprimer ses exigences, notamment lors des réunions de
conseils de quartiers où toute personne vivant ou travaillant dans le quartier est la bienvenue. La nouvelle loi sur la démocratie de proximité a redonné pouvoir au maire sur les rues où nous vivons (ou survivons, lorsque nous sommes à pied). Une erreur subsiste, puisque malgré l'échec flagrant de tous les préfets de Paris depuis des décennies, ceux-ci garderont compétence sur les axes d'intérêt " régional ", un décret devant préciser quelles voies sont concernées pour la capitale. La décision finale de l'avenir de " l'autoroute Magenta " dépendra donc du bon vouloir du préfet, et des capacités de négociation du maire. Électeurs, nous pouvons donner notre avis, exprimer nos souhaits, faire pression … pour le choix qui apporte à la fois un soulagement aux problèmes de manque d'espace des parisiens et résout le problème de cette absurde voie à grande vitesse, grand bruit et grande puanteur qu'est l'actuel boulevard de Magenta : creuser un nouveau canal à son emplacement !

Sylvain Gautier