La Gazette du Canal n° 29 - Actu

(automne 2001)

Le journal de tout le 10e arrondissement de Paris

Éditorial

Au vu du titre de notre dossier, certains vont penser que La Gazette se recentre et sort un manifeste d'allégeance à la nouvelle branchitude branchée qui attire et exaspère tant sur le dixième. Mais non, notre dossier ne concerne pas ces nouvelles populations ségalesques que sont les bobos (bourgeois bohême), ce chef d'oeuvre de mot-valise publicitaire, qui donne l'impression de tout expliquer en ne disant rien. Comme on est parti, vous allez voir que bientôt, le ripau, riche-pauvre, va faire florès, ou le jeuvi, jeune-vieux, etc. Mais ce n'est pas le sujet. Nos bobos à nous sont plus classiques. Ce sont tous ces mal- ou sans- quelque chose de notre société, dans notre quartier. En cette année 2001, dite du bénévolat, et avec la journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre, nous avons voulu dire des indignations et parler modestement de quelques actions.



Le 10e en chiffres

Les résultats du recensement de 1999 sont publiés. Une plaquette " Le 10e en 1999 "est disponible à l'APUR (Atelier parisien d'urbanisme - 17 bd Morland - 75004 Paris - Tél. : 01 42 71 28 14)

Le 10e arrondissement compte 89 610 habitants pour 2,89 km2.

Il a perdu près de 30 % de sa population entre 1962 et 1982, soit près de 38 000 habitants.
Après une très légère hausse entre 1982 et 1990, il a perdu 470 habitants entre 1990 et 1999. Il y a excédent des naissances sur les décès, mais le déficit migratoire est plus fort.
Par rapport à la moyenne de Paris, c'est l'arrondissement où la baisse de population est la moins forte, et c'est le plus dense, avec le 11e. Il est sur-représenté en enfants de moins de 4 ans, en hommes de 25 à 50 ans et sous-représenté en femmes de plus de 50 ans.

Taux d'activité

Le taux des actifs, hommes et femmes, est supérieur de près de 5 points à la moyenne parisienne, mais il y a environ 3 % de travailleurs précaires et de chômeurs de plus.

Autre particularité du 10e :
la voiture.

Le taux de motorisation des habitants du 10e est nettement inférieur à la moyenne parisienne (37,1 % contre 50,4 %). Le nombre de personnes utilisant leur voiture pour aller travailler (11 %) est un des plus faibles et le nombre utilisant les transports en commun, un des plus forts (57 %).


Répartition de la population du 10e arrondissement par tranche d'âge et par sexe, comparée à celle de Paris.



Le chômage dure

Le chômage du canal Saint-Martin durera plus longtemps que prévu. Le remise en eau, prévue à l'origine pour le 22 décembre, se fera finalement début mars. L'enlèvement de toutes les installations de chantier sera terminé vers la mi-avril. Apparemment, le sous-sol semble encore en plus mauvais état que prévu, et les travaux de consolidation seront plus importants et plus longs.

La reconstruction du bassin Louis-Blanc se prolongera jusqu'en décembre et celle du bassin des Récollets, jusqu'à fin février 2002.


Le canal chôme et les sirènes trinquent.


Le canal vide : un nouvel espace ouvert aux artistes.



Forum de la démocratie locale

Le 23 juin dernier, s'est tenu en mairie du 10e le Forum de la démocratie locale, auquel ont participé un certain nombre d'associations locales. Un travail en amont ayant été effectué par trois groupes de travail, les ateliers ont pu avancer de manière assez constructive et ont généralement permis de valider les orientations proposées par ces groupes de réflexion. L'atelier " Vie associative "a repris et enrichi le travail effectué depuis deux ans par le CICA (comité d'initiative et de consultation d'arrondissement), qui regroupe les associations locales inscrites. Le second atelier," Conseil de quartier ", a développé une charte des conseils de quartier s'appuyant sur les expériences de ces dernières années, l'objectif étant de faire fonctionner les six conseils de quartier prévus d'ici la fin de l'année. Le troisième atelier" Conseil consultatif des résidents étrangers "est une nouveauté. Son but est d'offrir un espace de participation à la démocratie locale aux résidents étrangers qui sont souvent absents des instances où il y a prise de parole.
Nouveauté : à partir de cette année, des crédits municipaux seront affectés à la démocratie locale.
Depuis, les élus se sont engagés sur plusieurs points:

  • Une commission de suivi de la répartition des crédits de démocratie locale.
  • Structure des équipes d'animation des conseils de quartier, attribution de 15 000 F par conseil de quartier et participation au conseil d'arrondissement.
  • Guide de la vie associative et citoyenne.
  • Intégration du préconseil dans le conseil d'arrondissement.
  • Feuille d'information municipale mensuelle ouverte.
La promesse faite à chaud par le maire de faire intervenir des citoyens pendant le conseil d'arrondissement ne sera finalement pas retenue pour des raisons juridiques. Les habitants peuvent prendre la parole dans le" postconseil ": débat qui suit le conseil d'arrondissement entre tous les citoyens qui veulent y prendre part et les élus.
Rappelons que les séances du conseil d'arrondissement sont publiques et ouvertes à tous.


Découpage des six conseils de quartier et leurs élus référents.
Infos sur les réunions au secrétariat des élus : 01 53 72 10 50



Centre d'hébergement d'urgence pour soins infirmiers, 75 rue de Maubeuge

Jeudi 13 septembre, dans l'amphithéâtre Claude-Bernard de l'Hôpital Fernand-Widal, la mairie organisait une réunion de concertation sur le projet de centre d'hébergement d'urgence pour soins infirmiers (CHUSI), 70, rue de Maubeuge.
À la tribune, outre le maire Tony Dreyfus, étaient présents : le directeur de la DDAS, la future directrice du centre, Xavier Emmanuelli (le père du SAMU social), Monseigneur Albert Rouet, évêque de Poitiers, responsable de l'action sociale au conseil épiscopal et membre du conseil d'administration de l'association" Habitat et Soins ".
Une bonne centaine de personnes s'étaient déplacées, dont une partie très inquiète, car le centre de la rue de Maubeuge avait il y a quelques années fait l'objet d'un projet de centre d'accueil pour toxicomanes (sleep-in). Devant la montée des tensions dans le quartier et le dixième étant déjà bien impliqué dans l'accueil des toxicomanes, le maire avait bloqué ce projet. Aujourd'hui, c'est une autre orientation qui est proposée : ce centre disposera de 40 lits infirmiers destinés à des personnes sans logis sortant d'hospitalisation. Il leur permettra de suivre une convalescence avec accompagnement infirmier, sur des séjours d'une à trois semaines, en moyenne. L'entrée se fera sur prescription médicale. Le SAMU social gère déjà 4 centres de ce type dans Paris, pour un total de 170 lits.
Ce centre permettra de libérer environ 80 lits d'hôpital, occupés par des personnes dont l'état nécessiterait une
convalescence et qui ne peuvent trouver de place ailleurs, ni retourner dans un domicile qu'ils n'ont pas. La sortie de l'hôpital peut s'avérer critique pour des populations à la rue, entraînant souvent des rechutes graves qui nécessitent une réhospitalisation en urgence. Comme l'expliquait en aparté une responsable sociale : voir un SDF faire une hémorragie au milieu de sa salle d'accueil convainc de la nécessité de ce type de centre (il n'y en a encore aucun dans le 10e). Le docteur Emmanuelli a proposé d'organiser une visite du CHUSI Saint-Michel, dans le 12e, pour montrer comment cela fonctionne dans la réalité et rassurer les riverains.
Les opposants ont critiqué, mais avec cependant beaucoup moins d'agressivité que lors de l'ouverture du centre pour toxicomanes de la rue Beaurepaire. Les réponses de la tribune étaient claires et prêtant peu à polémique, montrant par exemple que, contrairement aux idées reçues, le 10e n'est pas le seul
arrondissement de Paris à disposer de centres d'accueil.
On a quand même pu entendre, de la part d'une douzaine de personnes, un florilège apeuré de l'égoïsme ordinaire. Extraits :
" Mais enfin, ces gens-là n'ont-ils pas de famille ? "," Comment ferez-vous la différence entre SDF et toxicos ? "
D'un représentant de la FCPE :
" Pourquoi le 10e aurait-il le monopole de la solidarité ? Et nos enfants, alors ? ils n'ont même pas de ludothèque dans ce quartier. Ce serait mieux que ce spectacle affligeant pour les écoles autour ".
Et pour conclure, à la sortie, une dame râlait :
" Pire que le 10e, je ne vois guère que les fours crématoires ! "
Une peur irraisonnée autorise-t-elle toutes les dérives ?

Jean-Michel Berthier

Plus d'infos sur les CHUSI :
http://www.samusocial-75.fr/missions/frmissio.htm


L'immeuble du 75, rue de Maubeuge qui accueillera d'ici deux ans un CHUSI.



Brèves

La piste cyclable la plus courte

Nous ouvrons le concours de la piste cyclable la plus courte de Paris. Ici, place Stalingrad. (De plus, le bus s'arrête deux mètres avant l'arrêt qui empiète dessus).


Les habitants de Stalingrad " crackent "

Après la vague d'héroïne des années 90 (voir La Gazette no. 3), où la place Stalingrad était devenue un supermarché de la drogue, il semble que le crack ait pris le relais depuis quelques mois. Produit dérivé de la cocaïne, le crack est une drogue dont l'usage régulier provoque des dommages rapides sur le cerveau et peut entraîner des comportements violents. Les habitants du quartier se sont mobilisés pour faire savoir leur exaspération devant les agressions fréquentes dont ils sont l'objet. Ils manifestent tous les mardis à 18 heures et comptent continuer à occuper le terrain pour déranger les dealers et les consommateurs tant que les rapides promesses du maire (une cinquantaine de policiers supplémentaires) ne seront pas visibles sur le terrain. Premier résultat, les palissades des terrains vagues ont été retirées et remplacées par des grilles pour permettre une meilleure visibilité.

Contre le trafic de crack dans le quartier Stalingrad
Entretemps - 84, rue de l'Aqueduc - 75010
courriel : Stalingrad@noos.fr
http://www.entretemps.asso.fr/Stalingrad


Un short au maire

Le 26 juin dernier, par 38 degrés à l'ombre, Christophe Bonneuil, élu des Verts, se présente au conseil d'arrondissement en short. à la fin du conseil, le même intervient, voulant rendre compte des points débattus lors de la journée du forum des associations qui s'était tenu le samedi précédent.
Était-ce la chaleur ? Voilà que le maire explose soudain, le traite de petit, même de tout petit et que quand il sera plus grand, il prendra sa place s'il le veut, mais que pour l'instant, c'était lui qui décidait et qu'il n'était pas question qu'un petit le dérange. " Et en plus, quand on est en short, on se tait ". Regard désolé des autres élus !
Les Verts avaient alors décidé de venir au conseil d'arrondissement de la rentrée en short. Certains attendaient avec impatience ce moment intense de démocratie (ou de se rincer l'oeil, c'est selon). Mais l'attente de tout un été fut déçue. Sans doute la météo de septembre (ou une franche explication plurielle ?) aura-t-elle découragé les volontés.


Chevènement au Paradis

Jean-Pierre Chevènement a installé son local de campagne présidentielle dans le 10e, cité de Paradis.
Ce nom prédestiné illustre-t-il son espoir de résultat ou est-ce par nostalgie, lui qui est passé si près de Dieu, dit-il ?


TGV-RER-CDG

Le syndicat des transports d'Île de France envisage la création d'une desserte ferroviaire dédiée à l'aéroport Charles-de-Gaulle à partir de la gare de l'Est.
Un investissement théorique de 4 milliards de F (ou plus), hors matériel roulant ; pour 100 F un voyage de 25 km en 20 mn ; l'espoir de drainer 6 000 000 de voyageurs par an et la création d'un terminal aérien dans la gare de l'Est (20 banques d'enregistrement).
Concertation préalable en mairie à l'automne 2001, ouverture envisagée en 2008.
" […] l'amélioration de la liaison pour les piétons entre ces trois gares [Nord, Magenta, Est] mérite d'être examinée à l'occasion de ce projet pour constituer à terme un véritable pôle multimodal en correspondance avec les lignes B, D et E du RER, les lignes de métro n° 2, 4, 5 et 7, les nombreuses lignes d'autobus et le réseau TGV Nord-Europe (Eurostar, Thalys) et la ligne TGV-Est. "
Heureux piétons !

http://www.cdgexpress.org/


Gare du Nord échanges

La nouvelle gare du Nord, côté banlieue, sera inaugurée en octobre par le ministre des Transports. Le nouvel espace d'échange est pratiquement terminé (avec un peu de retard). La clarté a été privilégiée, avec deux verrières et des espaces ouverts, sur près de 10 000 m2.
Le réaménagement du plateau des accès RER B et D, d'une surface de 15 000 m2 est lancé. Fin 2002, ce sont 3 000 m2 de boutiques, dont une moyenne surface culturelle de loisirs qui y seront aménagés.