La Gazette du Canal n° 26 - Actu

(automne 2000)

Le journal de tout le 10e arrondissement de Paris

Éditorial

Après un numéro politique, très polémique dans le Landerneau associativo-politique - on nous a accusés de : trop en faire, de ne pas en faire assez, de faire le jeu de la droite, de faire le jeu de la gauche, etc. ; ailleurs, l'intérêt a semblé très discret et le taux d'indifférence non négligeable - repos donc et rencontres avec des lieux et avec des vrais gens, si ce n'est des gens vrais.
Depuis deux ans, l'arrondissement a été l'objet d'un battage médiatique important. Nous en subissons aujourd'hui le contrecoup. Le quartier devient furieusement "tendance". Avez-vous remarqué la dernière campagne de publicité sur les panneaux du quartier ? C'est Hédiard ! Nous voilà au niveau de standing de l'ouest parisien.
Nous avions déjà la mode. Les publicitaires font une entrée moins que discrète, mais qu'en attendre d'autre ? Et la nouvelle économie semble vouloir s'associer au mouvement. Bien du monde soudain. Pourrons-nous maîtriser ce déferlement ? s'intégrera-t-il à la vie locale ou va-t-il agir comme un repoussoir et nous transformer en une zone d'activité aussi vivante que La Défense en dehors des heures de bureau ?
En attendant la réponse, nous sommes allés nous promener dans le quartier, à la rencontre des lieux et des gens, rêver un peu parfois, et observer la vie locale d'un regard très perçant (aux rayons X).



Les brèves

Fils de pub

L'agence BETC, filiale de Euro-RSCG (pour les non initiés, le S, c'est le faux "pianiste de bordel" : Séguéla) s'installe dans le 10e, aux 85-87, rue du Fg-St-Martin, pratiquement en face de la mairie. Ils ont racheté et aménagé l'immeuble "Aux classes laborieuses", ancien grand magasin du début du siècle, devenu ensuite Lévitan. On ne rit pas, c'est super concept tendance, nous vous épargnerons le couplet émotionnel sur la révélation du fronton et l'idée un moment envisagée d'un "Aux classes (labo)rieuses". La farce tranquille, sans doute.
Bref, grosse débauche de moyens pour asseoir leur position localement. Ils ont monté une association de commerçants et obtenu en un temps record une piétonisation du faubourg le jeudi 19 octobre au soir, pour une fête de quartier au demeurant plutôt sympathique.
Mais nul doute que désormais, les associations de quartier pourront obtenir la même chose, car nous ne sommes pas en ploutocratie, n'est-ce pas ?
Conséquence déjà visible, le quartier devient de plus en plus un must. Il paraîtrait que cette migration n'est qu'un début. On parle aussi de la maison mère (Euro-RSCG). Une agitation et une tension sont sensibles autour de toutes les surfaces commerciales disponibles. Après la mode et la publicité, la nouvelle économie semble vouloir suivre le mouvement, à la recherche d'entrepôts, "mega open space à prix cheap".
Espérons seulement que cela ne fera pas de notre quartier un nouveau centre d'affaire avec des tarifs immobiliers qui repousseront la vie quotidienne au loin. Paradoxe de la nouvelle économie, elle est censée être indépendante des distances, mais le principe de la concentration géographique perdure.
Il y a finalement peu de différence avec ce qu'on entend reprocher parfois aux communautés étrangères.

Jean-Michel Berthier


Un véritable casse-tête !

Sur les 7 millions de français qui souffrent de migraine, 1,5 sont en région parisienne. L'hôpital Lariboisière est le premier d'Europe a proposer un service d'urgence spécifiquement pour cette maladie depuis septembre dernier. Pour le faire savoir, les médias l'ont crié à tue-tête.
Ouh ! J'ai la tête en pièces détachées… Aïe, j'ai le citron qui est pressé jusqu'à la moelle ! Il nous arrive à tous de passer par là. Mais quand il s'agit d'une gueule de bois ou d'un mauvais réveil, il n'y a vraiment pas de quoi crâner. Si l'on enlève les 2 millions de migraineux par abus de médicaments, il reste 5 millions de cafetières crachotant des têtes d'enterrement : difficile en effet de supporter la douleur qui fume et explose dans le cabochon.
Le service d'urgence a été créé pour éviter de se taper la tête contre les murs. Depuis qu'il est ouvert, il ne désemplit pas. Mais le public n'est pas représentatif de la population, car la migraine est sexiste : d'après les données épidémiologiques, la prévalence féminine est évidente : ainsi, à Lariboisière, les coups de baguettes magiques qu'on donne sur les citrouilles font espérer aux patientes des destinées tellement plus féeriques…
Le traitement traditionnel pour les céphalées est un dérivé de l'ergot de seigle, ergot qui est lui-même à la base du LSD. Mais alors, Lariboisière va-t-il devenir le dernier refuge des hippies et des babas cool à la recherche d'un paradis artificiel ? Pour l'Assistance publique, il s'agit d'un véritable casse-tête !

Benoît Pastisson


Référendum sur le quinquennat,
scrutin du dimanche 24 septembre 2000.

Résultats pour le 10e arrondissement

Les taux sont exprimés en pourcentage des inscrits. Ils correspondent à la moyenne nationale (écart inférieur à 2,3 points).
En analysant les résultats calculés en pourcentage des suffrages exprimés, certains ont cru remarquer, dont le journal Le Monde, un taux de oui supérieur à la moyenne parisienne dans les arrondissements dirigés par la gauche ou susceptibles de passer à gauche aux prochaines municipales. En observant, par arrondissement, les résultats du oui calculés en pourcentage des inscrits, on constate au contraire qu'il n'y a aucune corrélation entre le oui et un vote potentiel à gauche.

Jean Marandon


Rubrique humour
élections municipales
mars 2001

Paris

L'arche Delanoë ?


Jean-Pierre Leroux est encore vivant

Récollets, acte 759 : en février 2000, un certain Tiberi (pas l'architecte du Louxor, mais l'autre) vient sur le chantier de la rue des Récollets, à droite de la seule crèche en ruine dont il ne dira mot. Son but est de réconforter les Verts qui occupent le terrain pour s'opposer à la construction de logements pour infirmières. Les fondations sont en construction, et il existe un énorme trou de plus de 10 mètres de profondeur. Le maire de Paris a fait le déplacement pour annoncer que le chantier était abandonné. Liesse écologique…
Récollets, acte 760 : des camions apportent une énorme masse de terre. Les pelleteuses l'ont transformée en une montagne à côté du trou en attendant le moment propice pour combler les terrassements. Suspense torride pendant plusieurs mois…
Récollets, acte 761 : la municipalité d'arrondissement ne veut pas qu'on bouche le trou et un élu communiste, Jean-Pierre Leroux (JPL) menace de descendre avec son écharpe tricolore le jour où les pelleteuses passeront à l'action. Un habitant de la rue a mission de le prévenir si la situation se produit. Attente suicidaire…
Récollets, acte 762 : rien ne se passe sauf les mois que rien n'arrêtent. JPL suit une formation d'apnée tellurique. Stress absolu…
Récollets, acte 763 : pendant l'été, au mois d'août, JPL pour peaufiner sa préparation s'octroie quelques jours de vacances. Aussitôt, les pelleteuses passent à l'action. Désespoir éternel.
Heureusement, l'ombre de JPL hante encore les rives du canal, confirmant qu'il n'est pas dans sa tombe gargantuesque. Mais une question demeure : comment les fossoyeurs ont-ils appris les dates de vacances de JPL ? Un coup des RG ? Une surveillance rapprochée de Xavière Tiberi (pas la femme de l'architecte du Louxor, mais de l'autre) ? Une action secrète du SDEC ?
Une chose est sûre : rien de plus triste qu'une histoire sans chute.

Benoît Pastisson


Canal piéton

Échéances électorales obligent, une autre étape vient d'être franchie dans l'instauration du canal piéton que nous appelons de nos voeux depuis 1992. Après la piétonisation obtenue juste avant les élections municipales de 1995, voici venir les municipales de 2001. Et donc, le maire a décidé de casser sa tirelire (enfin, la dotation qu'il détient pour l'arrondissement) et de mettre en place des aménagements fixes qui permettront une pérennisation du processus. Les travaux doivent commencer incessamment. De plus, les horaires seront étendus de 10h à 18h le dimanche dès début décembre. Des réunions de concertation avec les riverains sont en cours pour permettre une harmonisation des positions. L'association Canal continue sa pétition qui demande l'extension d'horaire jusqu'à 20h, la piétonisation les jours fériés et l'extension géographique de l'opération. Prochain rendez-vous en 2007 ?



Parfums de chlore, rue Jean-Moinon

Dans le quartier Jean-Moinon-Ste-Marthe, deux fuites de produit toxique ont eu lieu les 27 septembre et 3 octobre dans l'entreprise Bertin Aubert Industrie de traitement des métaux sur petite surface, installée aux 7-9-11, rue Jean-Moinon. Construites en 1936, ses installations ont été rénovées il y a une vingtaine d'années et reprises par une nouvelle direction il y a 4 ans. Elle comprend 20 salariés et la majorité de sa clientèle se trouve de l'autre côté du canal Saint-Martin.

Les habitants du quartier n'ont jamais cherché à creuser plus avant le nature des activités de cette entreprise. Et pour cause, le dernier accident remonte à une quinzaine d'année et semble être passé inaperçu des personnes extérieures à l'entreprise.

Les faits

Le 27 septembre, les habitants des immeubles proches de l'entreprise ont dû être évacués par les pompiers dès 8 h du matin. Ils n'ont pu regagner leur domicile que vers 15 h. La police interdisait l'accès à la portion de rue concernée. Le 3 octobre, les pompiers ont demandé aux gens de se calfeutrer chez eux.
Une forte odeur de chlore se dégageait : "ça piquait la gorge, tout le monde toussait", "mon fils avait les yeux qui pleuraient",… rapportent les personnes présentes. Certains se sont réfugiés chez des amis, beaucoup se sont retrouvés au café du coin, le Moinon, "parfois en robe de chambre" , évoque, en souriant, le cafetier. L'ambiance était bon enfant malgré de réelles inquiétudes.
Celles-ci se sont accentuées lors du deuxième accident, six jours plus tard, avec pour la plupart le sentiment d'encourir un réel danger. Les plantes restées sur les fenêtres, abîmées, parfois brûlées, renforcent le sentiment d'insécurité déjà bien présent.
Dans ce quartier populaire et ces bâtiments vétustes, cela a été ressenti par la majorité des personnes, avec un certain fatalisme, comme un problème qui s'ajoute aux autres.
Tout le monde serait prêt à signer une pétition pour demander le déménagement de l'entreprise mais, hormis quelques lettres individuelles adressées à la mairie, personne n'a pris en charge collectivement cette démarche.
De nombreuses interrogations restent sans réponse. Aucune information de proximité de la part des pouvoirs publics n'a été diffusée ; seul un écrit de l'entreprise daté du 28 septembre, scotché dans chaque hall d'immeuble, insiste sur la responsabilité du livreur lors du premier accident.
Les habitants prennent d'ailleurs cette information avec scepticisme et s'étonnent du silence des pouvoirs publics. Quelques jours après les évènements, le maire de l'arrondissement a pourtant rendu visite aux habitants, leur assurant que l'entreprise serait fermée.
Apprenant qu'il s'agit d'une suspension et non d'un arrêt définitif, la parole de l'élu est remise en cause dans les propos de voisinage.
Ce contexte de quasi-absence d'informations jugées fiables ne rassure personne et alimente les inquiétudes et les interprétations diverses.

Une erreur de manipulation

Selon les dires du directeur de l'entreprise, confirmés par l'arrêté de la préfecture de police, une erreur de manipulation, le matin du 27 septembre, lors de la livraison d'une citerne d'acide sulfurique a provoqué "la formation d'un nuage toxique de chlore gazeux" : cinquante litres de ce produit ont été versés dans une cuve inappropriée contenant de l'hypochlorite de sodium. Un procès verbal d'infraction à la réglementation des installations classées - c'est-à-dire manipulant des produits considérés comme dangereux - a été dressé avec injonction au chef d'entreprise de prendre des mesures pour qu'un tel accident ne se renouvelle pas.
Le deuxième accident qui a eu lieu six jours plus tard est une conséquence du premier : la présence d'acide résiduel dans les canalisations de la cuve d'hypochlorite de sodium lors, cette fois, de son remplissage, a provoqué "un accident similaire" selon la préfecture. Mais, de l'avis général, ce deuxième problème a été d'une intensité moins importante que le premier.
Un arrêté préfectoral daté du 5 octobre ordonne la suspension immédiate des activités, leur reprise étant conditionnée par la mise en conformité de l'atelier avec des mesures de sécurités prescrites.
L'entreprise met actuellement en place, sur tout ou partie de ses installations, un nouveau procédé plus sécurisant de traitement des déchets par résine (procédé réputé à rejet zéro).
Les nuisances quotidiennes concernant les odeurs provenant de l'évaporation des produits persisteront.

Conclusion

Les médias ont été la seule source permettant aux habitants d'avoir des éléments d'information sur ce qui s'était passé.
Devant un tel problème de santé publique, nous ne pouvons que nous étonner de voir à quel point a été négligée la prise en compte de la personne dans son droit à comprendre ce qui lui arrive.
Dans un quartier plus favorisé, dans lequel vit une population moins démunie, nul doute que les pouvoirs publics auraient été plus soucieux de l'information du public.

Dominique Delouis
Céline Matthieussent
(Association St Louis-Ste Marthe)



Politique de la ville : le 10e, le périphérique et les associations

La politique de la ville a pour objet de favoriser dans les zones urbaines sensibles :
- le développement économique, l'emploi et la formation,
- la prévention sociale et la santé,
- la prévention de la délinquance, la justice et la sécurité,
- la qualité de la vie urbaine et le logement,
- l'éducation, la culture, les loisirs et les sports.
Un nouveau contrat de ville1 va être signé pour la période 2000-2006, mais on se hâte avec lenteur… La délibération autorisant le maire de Paris à signer ce contrat n'a été votée qu'en septembre 2000, soit plus de 9 mois après le 1er janvier, début de sa mise en place théorique.

Le 10e

L'arrondissement est concerné : le quartier des porte Saint-Denis, porte Saint-Martin continuera d'être, dans le 10e, le pôle essentiel de ce contrat, l'extension des actions sur le quartier Buisson-Saint-Louis, Sainte-Marthe, Grange-aux-Belles est maintenu. Enfin, le secteur gare du Nord, gare de l'Est, et c'est une nouveauté, bénéficiera d'un dispositif spécifique "Grands lieux d'errance".

Le périphérique

Penseriez-vous que la couverture du périphérique, pourtant justifiée par ailleurs, puisse être un des objets du contrat de ville qui "constitue le volet solidarité du contrat de plan" ? Et bien si !
Plus du tiers des crédits y sont affectés. En conseil de Paris, M. Bariani (adjoint au maire de Paris, chargé des quartiers sensibles) répondait à Madame Sylvie Scherer qui l'avait interrogé sur ce point : "C'est la région qui a souhaité que la couverture du périphérique soit incluse dans le contrat de ville". Réponse peut-être un peu hypocrite, sachant que cet artifice permet à la ville et à la région une économie totale de 400 MF (équivalente à la participation de l'état qui, sinon, ne se serait pas impliqué).

Les associations

Selon le contrat de ville : "Les associations représentent à Paris un partenaire d'une importance incontournable… Une part essentielle des crédits spécifiques de la ville servira à les financer".
Pour l'année 2000, la ville de Paris a financé à hauteur de 629 000 F les associations oeuvrant dans le 10e, au titre de la politique de la ville (soit 0,04 % du financement ville). C'est certainement là une part "essentielle", sachant que plus de la moitié (397 000 F) a été versée à l'association La Clairière chargée justement, par l'intermédiaire de la MOUS 2, de coordonner et de dynamiser l'action des associations.

Conclusion

0,04 % c'est beaucoup moins que 36,2 %. Et pourtant, dans le contrat de ville, le périphérique n'est mentionné que 3 fois, discrètement et uniquement dans les annexes financières, alors que les associations sont louangées et pommadées plusieurs dizaines de fois. "Comprend qui veut ou comprend qui peut", comme le chantait Bobby Lapointe.

L.G.

  Budget total
politique de la ville
dont couverture
du périphérique
Ville et département de Paris 1 400 MF 400 MF (28,6 %)
Etat 950 MF 400 MF (42,1 %)
Région Île-de-France 668 MF 400 MF (59,9 %)
FAS (Fond d'action sociale) 294 MF 0 MF
Totaux 3 312 MF 1 200 MF (36,2 %)

1 Contrat de ville 2000-2006 : le texte est disponible au secrétariat général de la mairie du 10e.

2 MOUS : Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale - 9ter cour des Petites-Écuries.
Tél. : 01 42 46 40 50



Humeurs…ssss

Samedi 14 octobre 2000, 12h15 : devant ma porte (rue Lafayette, au niveau du viaduc SNCF), une manif. Bon, pas une grande manifestation avec mégaphone, musique et grands idéaux mais tout ce qu'il faut quand même :  la police, les RG, un conseiller régional qui profite de l'aubaine pour jouer les grands communicants, une écharpe tricolore, 3 associations et leurs militants, la presse, en tout quelques dizaines de personnes qui portent des masques de chirurgiens et des photos assez éloquentes.

Tout ce monde est venu déployer une grande banderole devant le 177 de la rue Lafayette,"Non à l'empoisonnement par les motrices diesel", banderole signée de 2 associations : Gare aux pollutions et Oxygène.

De quoi s'agit -il ?

De la pollution "locale" qui vient s'ajouter à celle que tout le monde connaît à Paris. La gare de l'Est est la seule gare parisienne à encore accepter le trafic de motrices diesel. Au total une centaine de ces bêtes-là circulent chaque jour. À chaque départ la loco doit chauffer; ça dure entre 15 et 45 minutes et pendant ce temps ça fume, ça siffle et ça pue. Et nous, on ne peut jamais ouvrir nos fenêtres sous peine d'asphyxie totale et tout Paris profite des vilaines fumées. J'ai l'air d'en rire mais mettez 12 bus en même temps sous vos fenêtres ou venez vous balader sur le pont Lafayette et vous comprendrez ce que veut dire dioxyde de soufre.

Alors que faire ?

Le ministre des transports avait promis l'électrification de la ligne Paris - Bâle mais le projet n'a pas été maintenu dans le contrat de plan État-région 2000/2006. On pourrait - dit-on - remplacer les motrices par d'autres diesel moins polluants (50% de pollution en moins et un coût de 80 millions de F).
Les associations quant à elles demandent le départ depuis la gare de l'Est en motrices électriques et le décrochement (changement de motrice) hors zone urbanisée.
Cette solution ne coûte pas un rond mais demande 10 minutes d'attente aux passagers et l'association des Usagers du Paris-Bâle (qui à l'air très influente) trouve ça insupportable, ces 10 minutes d'attente en campagne !
Je me suis aussi laissée dire qu'il existait des motrices mixtes et qu'il fallait 2 minutes pour basculer d'un système à l'autre.
Mais alors, on décroche quand ?

Qu'est ce qu'on attend ?

On attend que la SNCF résolve ses problèmes internes, on attend que les politiques fassent leur boulot, qu'ils soient cohérents dans leurs choix (lutte anti-pollution et santé dans tous les programmes et …), qu'ils accomplissent quand ils sont au pouvoir ce qu'ils avaient promis en campagne électorale. On attend peut-être aussi que les riverains s'énervent un peu plus.
On attend… le TGV Est… dans 10 ou 15 ans.
Et moi je rêve de ne plus avoir mal aux yeux ni à la gorge ; de ne plus habiter l'un des quartiers qui génère le plus de pollution dans la capitale (on enregistre régulièrement des pics locaux de pollution particulaire dix fois supérieurs à ce qui déclenche des plans d'urgences en Alsace).
Et moi je RÊVE de RESPIRER.
Tiens ! y paraît que la SNCF tient un stand au salon de l'environnement le 11 novembre à Paris ! J'irai peut être faire y faire un tour ! On y va ensemble ?

Annie Palumbo-Meunier



Quand la lumière tombe à l'eau…

Dans les travaux d'aménagement du canal Saint-Martin liés à la mission Paris 2000, la Ville vient de réaliser une mise en lumière entre le bassin de l'Arsenal et Stalingrad. L'ensemble a été inauguré le 19 octobre dernier.

Drôle d'approche lumineuse que celle qui est sous la voûte entre la Bastille et la rue du Faubourg du Temple : confiée à un Japonais, Keiichi Tahara, la mise en scène est moins lumineuse qu'il n'y paraît. Derrière l'appellation pompeuse d' "échos de lumière" se cachent des petits crachouillis de couleurs qui peuvent vaguement évoquer un feu de cheminée émergeant de la surface de l'eau. Le résultat est très kitsch. Des cellules déclenchent automatiquement le jet lumineux au passage d'un bateau, mais comme l'éclairage est au pied de la voûte, la coque obstrue le champ des rayons. Pas de quoi mouiller sa veste pour défendre cet écho chaotique.
En revanche, les illuminations sont plus drôles sur la partie du canal qui passe dans le 10e : les portes des écluses du Temple, des Récollets, des Morts et de la Villette sont éblouies par des sunlights : le bouillonnement des chutes d'eau est transformé en un décor d'opérette. Quant aux passerelles, elles servent de support à des projecteurs qui arrosent la surface de l'eau ; ouf, on peut toujours s'embrasser discrètement dans l'ombre veloutée du sommet de ces mélancoliques ponts bossus.
L'hôtel du Nord a bien fait délirer la Ville de Paris. Comme dans les boîtes de nuit, un éclairage en lumière noire rend l'ambiance plus glauque que jamais : le but recherché est paraît-il de rappeler l'atmosphère très particulière du film de Marcel Carné. Est-ce dans une version du film où Arletty est devenue une sorcière et Louis Jouvet un fantôme ? "une première mondiale" affirme la mairie, dans un délire mégalomaniaque.
Encore plus fou, et toujours en première mondiale, un film holographique est apposé sur les ponts tournant des rues de la Grange-aux-Belles et Dieu. Quand les grosses structures se déplacent pour laisser passer une péniche, les couleurs font des clins d'oeil aux passants médusés. S'agit-il d'un nouveau système pour lutter contre la toxicomanie : "Échangez vos joints contre une promenade sur le canal". Effets garantis ?
C'est joli tout cela, mais quel sens faut-il donner à l'ensemble ? Car si certaines idées sont fort sympathiques, la démarche globale de cette mise en lumière manque quelque peu de clarté d'esprit.

Benoît Pastisson