La gauche peut-elle garder le 10e ?
Le bilan de la gauche dans le 10e :
handicap
ou atout pour les prochaines échéances ?
En 1995, la gauche présente une liste dans le 10e sans aucun espoir de gagner. A la surprise générale elle l'emporte. Cinq ans après, que dire de cette équipe ? Est-elle en mesure de se représenter telle quelle aux prochaines élections ?
En 1995, lorsque Tony Dreyfus constitue sa liste pour les élections municipales nul ne songe un instant qu'il peut gagner. Jacques Chirac vient de s'installer à l'Elysée et dispose à l'assemblée d'une confortable majorité. Dans le 10e, la droite se sent sûre d'elle, aux commandes de l'arrondissement depuis 30 ans. Tony Dreyfus compose donc une liste pour faire les élections, plus propre à lui faire retrouver son poste de conseiller de Paris, qu'en vue de constituer une équipe prête à travailler. Il y avait d'ailleurs peu de volontaires et certains qui venaient de quitter le Parti socialiste, ont, après la victoire, regretté de ne pas avoir été candidat. Entre les deux tours, il a fallu recomposer la liste en ménageant chaque sensibilité de ce qui est devenu ensuite la majorité plurielle, et en essayant ainsi de rassembler le maximum d'électeurs ayant voté pour les autres listes de gauche au premier tour.
Le 10e à gauche
La liste gagne. Enfin l'alternance dans le 10e ! Tony Dreyfus était sans doute le premier étonné, on pouvait même se demander si cela lui faisait réellement plaisir. Avocat d'affaires renommé, ancien ministre, ami et conseiller de Michel Rocard, il avait fait figure de parachuté en 1989 et n'avait pas à priori le profil de maire d'un arrondissement populaire de Paris. Certains, peu nombreux à cette époque, se rendaient déjà compte qu'il se trouvait à la tête d'une équipe disparate et peu préparée.
Passée la surprise de la victoire, le nouveau maire s'est donc mis au travail.
Il a dû s'organiser pour être présent en mairie et a commencé son apprentissage
pour mieux connaître la vie de l'arrondissement. Très vite, il devint clair qu'il
allait prendre au sérieux son mandat et qu'il en avait largement l'envergure. Autour
de lui, certains élus frétillaient et en conseil d'arrondissement se croyaient obligés
de pratiquer la surenchère oratoire : à les entendre, tout allait changer et
nous allions voir ce que nous allions voir (Jean-Marc Maldonado, représentant du
Mouvement des citoyens étant le champion dans le genre).
Mais nous vivions encore
avec euphorie l'état de grâce. La mairie s'ouvrait aux associations, la concertation
promise pendant la campagne électorale se mettait en place. Le point culminant de
cette première époque fut un forum associatif organisé tout un samedi à la mairie.
Des commissions dispersées dans toutes les salles traitaient de tous les dossiers
importants : urbanisme, affaires scolaires, loisirs, sécurité, etc. L'ambiance
était décontractée et les perspectives très roses et vertes.
Ce soir on improvise
Très vite, l'impréparation de l'équipe, parfois son amateurisme, va se faire
sentir. Il n'est pas évident de passer du statut de militant de l'opposition à celui
d'élu, chargé de faire avancer des dossiers. Les difficultés propres au statut de
la Ville de Paris avaient été sous-estimées : il faut faire face à des administrations
complexes et toute puissantes (Préfecture de police, Hôtel de Ville, ministères
pour certains dossiers) ; l'autonomie financière de l'arrondissement est quasi
inexistante et le pouvoir du maire d'arrondissement, très limité. Mais ces difficultés
n'excusent pas le fait que certains élus ont tardé à maîtriser leurs dossiers, voire,
les ont très vite quasiment abandonnés au maire ou à son cabinet.
Or, Tony Dreyfus
suit le mouvement plus qu'il ne l'oriente. Contrairement à son collègue du 11e,
il n'a pas cherché à se battre contre la mairie centrale en s'appuyant sur l'opinion
publique. Pour faire avancer les dossiers, il préfère, en bon avocat d'affaires,
"prendre son téléphone" pour tenter d'obtenir des engagements de telle ou telle
personnalité de l'Hôtel de Ville, de la préfecture, voire du gouvernement. Combien
de fois l'a-on entendu promettre d'intervenir auprès de son "ami" ministre ou tel
autre conseiller du prince. Cette politique du coup de pouce téléphonique a forcément
ses limites. Surtout, elle donne l'impression que la mairie du 10e a
davantage repris à son compte des initiatives portées par le milieu associatif qu'apporté
elle-même des projets intéressants.
Les associations Saint-Louis Sainte-Marthe
et Les 4 Horizons ont probablement été davantage maître d'oeuvre du réaménagement
de leur quartier que les élus. Les conseils de quartier et le bureau du CICA auraient-ils
été mis en place sans l'insistance des associations ? Le canal piéton ne serait-il
pas encore mal organisé si l'association CANAL n'avait pas relayé quelques-unes
des défaillances dans le suivi du dossier à la mairie du 10e ? Et sans
la constitution de l'association Coté Quartier, le centre Beaurepaire existerait-il
encore ?
Quelle équipe
Le premier adjoint, Michel Ottaway, n'a pas été d'une très grande efficacité.
Son passé dans l'arrondissement lui donnait pourtant une légitimité exemplaire :
grand témoin de la vie de l'arrondissement depuis des années, militant infatigable
de l'opposition sous Marcus, puis Challal, toujours présent sur le terrain dans
les luttes importantes (fermeture des classes, Jardin Villemin, mal logés, etc.).
Une fois élu, ses qualités d'opposant ne se sont pas avérées très efficaces : il
parle beaucoup, arrive sans arrêt en retard à ses rendez vous, entasse des tonnes
de documents (à tel point que plus personne ne peut entrer dans son bureau) pour
au bout du compte laisser la désagréable impression qu'il ne fait rien avancer.
Il n'en demeure pas moins sympathique, et malheureusement, parité oblige, l'adjointe
pressentie pour le remplacer l'an prochain, Olga Trotianski, le surpasse largement
dans le maniement de la langue de bois.
Finalement, la compétence et l'efficacité
se sont concentrées à quelques exceptions près en dehors des troupes socialistes.
Jean-Pierre Leroux, communiste, a remarquablement bien suivi les affaires scolaires ;
Sylvie Scherer (liste EGALE) a imposé avec beaucoup de détermination un important
travail en direction des populations étrangères de l'arrondissement ; enfin,
Serge Renan (exception socialiste) a traité avec discrétion (un peu trop ?) et efficacité
le dossier ultra sensible de la toxicomanie et de la prévention du SIDA.
Peut mieux faire
Ainsi, au bout du compte, et tout au moins au sein du milieu associatif de l'arrondissement, celui même qui avait probablement contribué à la victoire surprise de la gauche dans le 10e en 1995, l'équipe municipale de Monsieur Tony Dreyfus n'a pas totalement convaincu. Certes elle a l'excuse d'avoir été propulsée aux affaires sans s'y être préparée (quoique Monsieur Dreyfus fut déjà conseiller de Paris depuis 1989, il était alors aussi discret que l'ont été les opposants Marcus-Challal-Koblenz-Mass d'aujourd'hui). Mais qu'en sera-t-il l'an prochain ? Le maire aura-t-il la possibilité et le courage de constituer une équipe moins branlante, au besoin en remerciant certains "piliers" d'hier ? Ou bien, se dira-t-il, comme se disent toujours les socialistes, que de toute façon, au deuxième tour, le peuple de gauche sera discipliné et votera utile pour faire obstacle à un retour de la droite dans l'arrondissement ? Il ferait alors une grossière erreur. En 1995, à Paris, nul électeur de gauche ne pouvait refuser le plaisir de mettre la droite dehors. Depuis, l'alternance (à Paris incomplète et limitée à quelques arrondissements, mais bien réelle au gouvernement), nous a permis de mesurer les limites des promesses et des engagements solennels. La composition de l'équipe et les propos tenus pendant la campagne électorale seront déterminants. Des électeurs sceptiques pourraient s'abstenir au deuxième tour.
Hervé LATAPIE
La maison des associations
La promesse de mettre des locaux à la disposition des associations n'a
pas été tenue. Il est toujours aussi difficile d'organiser des réunions
publiques le soir dans l'arrondissement, à moins de louer une salle dans
un centre de loisir…municipal.
Ne parlons pas d'un local interassociatif
avec des services (photocopie, téléphone, boîte aux lettres, etc.). Cette
maison des associations devient un fantasme : à chaque fois qu'un nouveau
bâtiment doit être aménagé, les promesses de son installation resurgissent.
Si elles sont respectées (ce dont on ne peut que douter), on ne saura plus
où aller : au couvent des Récollets, à l'Hôpital Saint-Lazare ou au
Point P CIMA !
Rien n'a été fait non plus pour faciliter l'affichage
public des associations, contrairement à ce qui avait été promis pendant
la campagne électorale.
Loisirs et politique culturelle
Le
traitement du dossier des centres de loisirs a été laborieux, la mairie
centrale a gardé sa main mise sur leur fonctionnement. La mairie du 10e
attend toujours aujourd'hui que la gestion soit effectivement confiée aux
mairies d'arrondissement.
La politique culturelle, elle, se résume dans
l'organisation de très nombreuses expositions en mairie, chaque vernissage
offrant une occasion d'inviter personnalités et notables autour d'un buffet
où l'on hume avec plaisir l'air du temps local.
Sécurité, délinquance
Le
comité local de sécurité, promis pendant la campagne électorale, n'est toujours
pas mis en place. Monsieur Dreyfus dans ce domaine mérite sa réputation
: il intervient régulièrement (par téléphone ou lettre) auprès des autorités
compétentes, préfet de police et Ministère de l'Intérieur, afin que les
quartiers difficiles soient mieux fréquentés. Il n'a pas eu plus d'imagination
que ses prédécesseurs. Notons tout de même la mise en place imminente d'une
maison de justice rue du Buisson-Saint-Louis.
Le fait marquant de la
mandature aura été le feuilleton du centre Beaurepaire : l'absence de concertation
et d'explications avant l'installation de ce lieu d'accueil des toxicomanes
aura été cher payée.
Voitures, vélos, piétons
Voici un dossier qui a été très vite abandonné. Les propositions de la mairie du 10e sont soumises au bon vouloir de l'Hôtel de Ville et de la Préfecture. Certes, mais pourquoi dans ce cas avoir entamé un travail en début de mandature ? Un comité de consultation s'est réuni à la mairie quatorze fois entre 1996 et 1998. Des projets y ont été discutés (piétonisation de certaines rues, amélioration des pistes cyclables, correction du plan de circulation). Puis, plus rien. La tâche est apparue sans doute trop difficile, le comité a disparu et les initiatives également. Les pistes cyclables ont été installées à la va vite par Monsieur Tiberi qui n'a pas non plus tenu ses promesses d'aménagements complémentaires dans les quartiers tranquilles. Les promesses concernant la rue de Lancry, la rue du Faubourg-Saint-Denis et les abords des gares pourront être resservies durant la prochaine campagne électorale ! On a du mal à croire que les élus locaux n'avaient que si peu de marge de manoeuvre. Ils pouvaient au minimum rendre compte à leurs électeurs de l'immobilisme et de la politique du tout voiture de l'équipe de Jean Tiberi et exercer une pression pour faire avancer les projets locaux alternatifs.
Le CICA et le dialogue avec les associations
On se souvient des réactions hautaines, voire légèrement méprisantes de l'ancienne équipe lors de ces réunions publiques. Monsieur Marcus avait l'habitude de clore les discussions en lançant : "c'est comme cela, et si vous n'êtes pas contents, attendez les prochaines élections et vous verrez". Ce qui fut dit, fut effectivement tout vu ! Avec Tony Dreyfus, le dialogue s'est amélioré, surtout avec les associations amies. Parfois, ses réponses en conseil d'arrondissement rappellent un peu celles de Messieurs Challal et Marcus, au début les CICA étaient plutôt mal préparés et n'apportaient que peu de réponses aux habitants. Mais cela s'est amélioré dernièrement. Enfin, l'instauration des "préconseils d'arrondissement" (durant lesquels les associations peuvent poser des questions aux élus) et des conseils de quartier dénote une volonté de relancer le dialogue. C'est une amélioration incontestable.
Récapitulatif des résultats des élections dans le 10e arrondissement depuis 1988
Non exprimés | Extrême gauche | Union gauche | Union droite | Extrême droite | Autres | |
---|---|---|---|---|---|---|
24/04/1988 Présid. 1er tour |
27,8 | 2,4 | 29,9 | 26,8 | 11,4 | 1,6 |
08/05/1988 Présid. 2nd tour |
25,7 | 38,3 | 35,9 | |||
05/06/1988 Législat. 1er tour |
42,8 | 24,0 | 25,8 | 6,8 | 0,6 | |
12/06/1988 Législat. 2nd tour |
39,2 | 27,8 | 33,1 | |||
12/03/1989 Municip. 1er tour |
47,3 | 20,3 | 25,8 | 6,7 | ||
19/03/1989 Municip. 2nd tour |
49,0 | 18,0 | 27,4 | 7,7 | ||
16/06/1989 Europ. |
56,6 | 17,2 | 17,0 | 6,9 | 2,4 | |
22/03/1992 Région. |
39,1 | 19,5 | 23,2 | 8,9 | 8,9 | |
21/03/1993 Législat. 1er tour |
38,7 | 23,2 | 25,6 | 8,1 | 4,5 | |
28/03/1993 Législat. 2nd tour |
44,5 | 23,4 | 32,0 | |||
12/06/1994 Europ. |
49,2 | 22,1 | 17,9 | 5,7 | 5,2 | |
23/04/1995 Présid. 1er tour |
30,6 | 4,2 | 27,8 | 29,9 | 7,2 | 0,2 |
07/05/1995 Présid. 2nd tour |
28,5 | 33,8 | 37,7 | |||
11/06/1995 Municip. 1er tour |
53,9 | 3,5 | 15,0 | 18,9 | 6,1 | 2,5 |
18/06/1995 Municip. 2nd tour |
50,7 | 22,6 | 20,6 | 6,0 | ||
25/05/1997 Législat. 1er tour |
40,3 | 26,0 | 18,6 | 6,7 | 6,3 | |
01/06/1997 Législat. 2nd tour |
36,7 | 33,9 | 29,4 | |||
15/03/1998 Région. |
45,8 | 2,1 | 22,8 | 16,2 | 6,8 | 6,2 |
13/06/1999 Europ. |
50,7 | 3,4 | 25,3 | 14,5 | 3,7 | 2,4 |
Moy. | 45,4 | 25,0 | 25,1 | 7,0 |
Attention, dans cet article, tous les résultats ont été indiqués en
pourcentage des inscrits, c'est la formule habituelle de La Gazette.
Les cases vides signalent l'absence de candidat ou un score inférieur à 2 %.
La ligne "Union de la gauche" regroupe les scores des Verts, du PC, du PS, et du
Mouvement des citoyens (MDC), et de la liste d'extrême-gauche EGALE au scrutin du
18/06/95.
De plus, dans la ligne " Autres ", sont globalisées les listes ayant
obtenu un score inférieur à 2 %, à l'exception du MDC, dont les scores souvent
inférieurs à 2 %, sont comptabilisés dans " Union de la gauche ",
et du résultat exceptionnel de Génération écologie, 7,4 %, aux régionales de
1992.
D'aucuns prétendent ou voudraient faire croire que les scores électoraux du PC
ne cessent de baisser, ils sont au contraire parmi les plus stables.
Lors des
européennes de 1999, le score de 10,9 % du PS, ayant pourtant fait liste commune
avec le MDC, est inférieur à celui des Verts (11 %).
La percée des Verts
aux européennes de 1999, 11 %, est-elle significative d'une montée en puissance
ou, au contraire, ce score doit-il être rapproché du score écologiste des régionales
de 1992 : 12 % (4,6 % Verts + 7,4 % Génération écologie), qui n'a pas eu de
suite malgré une alliance Verts-Génération écologie aux législatives de 1993 :
6 % ; pour retomber ensuite à 1,7 % aux européennes de 1994 ?
Le taux de participation est très lié au type de scrutin : les élections
européennes et municipales mobilisent moins de 45 % des électeurs, à l'opposé des
élections présidentielles.Pourquoi une telle différence de mobilisation ?
La " majorité " dans l'arrondissement est obtenue avec un score moyen
de 27,2 % des adultes ayant ressenti le désir de s'inscrire sur les liste électorales
ou ayant pu le faire (nationalité).
Sans conteste, le score de l'extrême droite ne cesse de s'effriter.
Pour les
unions de droite et de gauche :
- les courbes se croisent trois fois
en 1988, 1994 et 1995, ce qui correspond à des changements de majorité ;
- les tendances des scores successifs à croître ou à décroître sont souvent
simultanées.
Jean Marandon
Longuépée.com
Bien qu'il ne soit pas encore investi officiellement par le RPR du 10e arrondissement, Florent Longuépée, élu au conseil régional d'île-de-France, est un des candidats probables de la droite aux prochaines élections municipales. Soutenu par l'ancien député-maire C.G. Marcus, il a défendu depuis le début la candidature de Séguin à la Mairie de Paris. Nous l'avons rencontré dans un bar, Le Gymnase, sur le canal.
Le personnage est à la fois surprenant et sympathique : la trentaine, grand et
maigre, il sait mettre tout de suite à l'aise. On a d'emblée envie de l'appeler
par son prénom, voire de le tutoyer. On sent en lui l'ami potentiel, le copain virtuel.
N'a-t-il pas créé le RAP (Rassemblement pour une autre politique = la droite
gaulliste sociale). On baigne dans la proximité et la symbiose relationnelle. L'affect
est amadoué, les sentiments flattés, la sensibilité chatouillée, le coeur séduit :
" vous êtes vraiment cool, comme mec " lui lance l'un des trois
interviewer de La Gazette ! Certes, mais voilà : le bonhomme travaille
dans la communication (pour les élus locaux !), et très vite, on sent quelque
chose qui cloche. Et l'on se dit que Florent Longuépée parle mémère avec les mémères,
sécurité avec les coliqueux néphrétiques et peaux de lapins avec les taxidermistes.
Alors, le soufflé retombe et seule reste l'odeur indélicate du fromage fondu. Et
l'on comprend mieux pourquoi les fax et téléscripteurs donnent l'avis du bonhomme
à chaque fois que l'actualité et l'arrondissement se croisent, y compris pour des
faits divers.
À coup de fleuret moucheté, nous avons voulu voir le regard de
l'homme sur des grands sujets de l'arrondissement. On peut constituer trois paquets
: les dossiers où l'approche ne diffère quasiment pas de celle de l'équipe actuelle
: il s'agit, en gros, du couvent des Récollets, du canal piéton, de l'aménagement
de la voirie pour les piétons et cyclistes (il est contre les axes rouges), du Point
P Cima (avec une touche personnelle : la moitié du bâtiment réservée pour déjeuners
d'immeuble), de la pollution due aux locomotives diesel (à l'entendre, l'actuelle
municipalité s'en fiche) et de la Scala (qui suscite un gros coup de sabre sur la
lenteur de la réaction de l'équipe actuelle). Les dossiers où Florent Longuépée
n'a pas d'avis constituent le second paquet : politique de la ville, Hôpital Saint-Lazare,
Louxor (" un cinéma ? pourquoi pas ! "), crottes de chiens (excepté
quelques sanisettes…). Enfin, les différences, curieusement ne sont pas très nombreuses
: le look (le discours se fait anti-bourgeois et anti-hautain !), la couverture
de la gare de l'Est par du béton végétalisé sur le dernier décimètre (note de
le claviste : berk !), le désintérêt pour la construction de nouveaux
logements sociaux dans l'arrondissement, et… le centre Beaurepaire, seul vrai sujet
où la discorde est totale dans l'apparence. Pourtant… Florent Longuépée n'est pas
contre un centre d'accueil pour toxicomanes dans le 10e, il souhaite
même que la structure aille plus loin, que les traitements curatifs soient plus
poussés. à propos du lieu, il déplace le problème en installant le centre sur la
bordure urbaine d'un hôpital. Lorsqu'on lui fait remarquer qu'il n'y a pas de raison
pour que, comme dans la rue Beaurepaire, une petite partie des habitants de la rue
Bichat, par exemple, ne réagissent négativement, il ne répond pas vraiment à la
question. Ici, le discours se fait plus populo-récupérateur que cohérent et rigoureux.
Probablement un problème de cible…
Cependant, l'homme tire bien : quand
on est à la fois dans l'opposition de l'arrondissement, et en opposition à sa propre
majorité à l'Hôtel de Ville, détruire est un jeu facile. Mais encore faut-il toucher
en proposant autre chose que de baptiser à grand renfort médiatique la gare du Nord
du nom de la bataille de Fontenoy (1745), où les mangeurs de grenouilles ont infligé
une déculottée aux buveurs d'eau chaude (même s'il s'agissait de réagir à la Waterloo-Station
de Londres).
Au fait, qu'est-ce qui compte aujourd'hui, avoir des idées ou une
image ?
Benoît Pastisson
(avec Manu Loiret et Jean Marandon pour l'interview)
Florent Longuépée, gaulliste du 10e, tendance "canal historique".
(Photo et légende : F. Longuépée)
Un peu, beaucoup, pas du tout ?
Tout ce que
vous avez toujours voulu savoir
sur les indemnités des
élus
sans jamais avoir osé le demander.
Parmi les 18 élus conseillers d'arrondissement (CA) du 10e, 6 sont conseillers de Paris (CP) - et à ce titre, spécificité parisienne, à la fois conseillers municipaux et conseillers généraux -, 6 sont adjoints au maire d'arrondissement (AMA), un est adjoint au maire de Paris (AMP) et un est député (D).
Ce tableau récapitule l'ensemble des indemnités qu'ils perçoivent pour leurs
mandats électifs.
Indemnités mensuelles brutes au 1er mars 2000 (en F) *
* source : Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris
Nom Prénom | Fonction | AMA | Conseiller municipal |
Conseiller général |
Indemnité totale |
Incluant le résultat de l'écrêtement suivant |
---|---|---|---|---|---|---|
ARGIRO Thierry | AMA | 9 138,50 | 9 138,50 | |||
DREYFUS TOny, maire d'arrondissement |
CD, P | 5 840,81 | 11 189,93 | 49 710,75 | -6 335,09 | |
LEROUX Jean-Pierre | AMA | 7 878,50 | 7 878,50 | |||
LHOSTIS Alain | CP | 9 139,08 | 11 189,93 | 20 328,91 | ||
MALDONADO Jean-Marc | AMA | 7 878,50 | 7 878,50 | |||
MARCUS Claude-Gérard |
CP, AMP | 12 185,50 | 11 189,93 | 23 375,33 | ||
OTTAWAY Michel | AMA, CP | 9 569,08 | 11 189,93 | 20 758,91 | +430,00 | |
RICHARDET Paul | AMA | 9 138,50 | 9 138,50 | +1 260,00 | ||
SCHERER Sylvie | CP | 9 139,08 | 11 189,93 | 20 328,91 | ||
TROSTIANSKY Olga | AMA, CP | 9 139,08 | 11 189,93 | 20 328,91 |
Un peu :
Les adjoints au maire d'arrondissement et un peu plus les conseillers de Paris…
Beaucoup :
Le maire de l'arrondissement qui cumule les fonctions de conseiller de Paris
et de député, et dont l'indemnité totale est plafonnée à 49 710,75 F (loi sur
le cumul des mandats oblige) après un écrêtement de 6 335,09 F qu'il a choisi
de redistribuer à trois élus du 18e arrondissement : Claudine BOUYGUES
(CP), J. Pierre CAFFET (AMA) et Dominique LAMY (AMA) (bien peu de chose par rapport
aux 28 000 F d'écrêtement que Jean TIBERI reverse à 22 élus de son choix),
alors que Claude ESTIER (CP du 18e arrondissement et sénateur) a choisi,
lui, de faire bénéficier d'une partie du reversement de l'écrêtement 3 élus du 10e :
Th. ARGIRO, M. OTTAWAY et P. RICHARDET. Une logique dont la simplicité n'échappera
à personne et qui permet à certains élus d'un parti de rémunérer d'autres élus du
même parti en embrouillant les cartes d'un arrondissement à l'autre.
Un gage certain de démocratie interne !
Pas du tout :
Les élus qui sont simples conseillers d'arrondissement, soient :
Anne-Charlotte
BERGER, Claude CHALLAL, Serge COBLENTZ, Isabelle FLAVEN, Pierre GROS-VELOT, Yves
LARVOR, Gabrielle MASS et Serge RENAN.
Jean MARANDON
Radiotrottoir
Large enquête d'opinion auprès des habitants du quartier.
Que pensent-ils
de leur arrondissement ? Savent-ils qui en est le maire, et qu'attendent-ils
de l'équipe municipale ? Ambiance…
Alexandra A. - prof - 24ans.
J'habite ici depuis 7 mois. Je suis originaire du Canada et enseigne en banlieue Est mais je préfère rentrer ici chaque soir. Je trouve le quartier (du canal) magnifique mais il y a des problèmes vers Strasbourg-Saint-Denis. On m'a piqué ma bicyclette. Je trouve l'endroit vivant pour le mélange des jeunes et des personnes âgées, et des différentes nationalités. Je ne voudrais pas habiter le 7e par exemple parce qu'il y a trop de personnes " snob ", ici il n'y a pas de snobs et je m'y sens bien.
Henriette G. - 71 ans - retraitée.
J'habite dans ce quartier (rue de la Grange-aux-Belles) depuis 1964.
À cette
époque le pont tournant était en bois et manoeuvré à la main par les éclusiers avec
un treuil comme dans les passages à niveau d'avant. Les berges du canal servaient
de parking pour les voitures. Les emplacements étaient délimités par des poteaux
en béton avec des grosses chaînes. Puis un ministre, je ne sais plus lequel, a promis
de transformer les bords du canal en promenades avec des jardins.
J'ai vu l'hôtel
du Nord dans son état ancien et construire les bâtiments neufs de l'hôpital Saint-Louis.
La gestion municipale ? c'est qui le maire ? je vous dirais franchement
que la politique je ne suis pas très forte là dessus.
L'évolution du quartier ?
je trouve que les trottoirs sont trop petits. Plusieurs fois en revenant des courses
avec mes paniers je me suis retrouvée bousculée et dans le caniveau. Il est presque
impossible de croiser quelqu'un qui a une poussette.
Avant la construction des
nouveaux bâtiments en haut de la rue il y avait une usine désaffectée et mon fils
allait y jouer au football avec ses copains. C'était interdit par la mairie mais
il fallait bien que les gosses jouent quelque part.
Je trouve qu'il y a moins
de commerçants qu'avant. L'épicerie en bas est très chère, c'est plutôt pour le
dépannage. Quand je suis arrivée ici, en face c'était une boulangerie, et au coin
aussi et plus haut dans la rue aussi, en tout ça fait quatre boulangeries qui ont
disparu. Il y avait aussi une charcuterie qui faisait des repas chauds.
La fréquentation
du quartier ? je ne sortirais pas après 6 heures !
Christine M. - 42ans - RMiste. (veuve, un enfant)
Il n'y a rien qui bouge ici (rue du Faubourg-du-Temple). Je suis à Paris dans
cette rue depuis 23 ans. Toujours en attente d'un appartement de trois pièces. Ma
situation est très critique et je m'interroge sur l'efficacité du service social
de la mairie.
Le maire de Paris nous a cordialement invités à un repas à l'hôtel
de ville au début de l'année. ça s'est passé à la cantine du personnel et la nourriture
était exécrable. Il nous a vraiment pris pour des clochards. J'estime que la moindre
des choses lorsqu'on est nanti et qu'on a le pouvoir est de respecter les pauvres
au lieu d'essayer de se faire bien voir en leur jetant des miettes.
Je souhaite
que le centre d'accueil des drogués de la rue Beaurepaire disparaisse pour la sécurité
de nos enfants, et que le 10e devienne un quartier tranquille et bien
fréquenté. J'ai peur dans les rues et de crainte d'être attaquée je ne sors plus.
Bettina L. - 27 ans - informaticienne.
Je n'ai pas vu grand chose ici depuis un an que j'y habite. Je travaille du côté de Versailles et ne rentre ici le soir que pour dormir. J'aime quand même bien le canal, que je connais depuis longtemps parce que ma tante est du quartier. Je n'ai rien d'autre à signaler.
Agathe D. - 7 ans 1/2 - écolière.
J'habite ici depuis la rentrée des classes avec papa. Ce que j'aime pas c'est
les " tags ". Je trouve qu'il y a trop d'immeubles et j'aimerais bien
des maisons. Par terre c'est sale, il y a trop de canettes de coca, etc. ils peuvent
au moins les mettre dans une poubelle. Moi je vois une poubelle toutes les cinq
minutes.
À Paris j'aime bien la Tour Eiffel et la colonne de Juillet (à la Bastille).
J'aime bien les bateaux qui passent sur le canal mais il y a trop de voitures et
ça pue l'essence.
Je veux bien rester à Paris mais ce qui ne va vraiment pas
c'est les poubelles et cette odeur d'essence, et aussi les crottes de chiens. J'aime
bien mon école et le câble à l'ordinateur.
Ça y est j'ai tout dit.
Valéry L. - 25 ans - commercial.
Je suis là (boulevard de Magenta) depuis 4 ans. Je ne vois aucune évolution.
Depuis qu'il fait beau je viens prendre le frais le long du canal. Les travaux du
square (de Verdun) ne me dérangent pas.
Les avantages du quartier : les loyers
sont abordables, c'est central dans Paris, on peut encore se garer et les loyers
des parkings ne sont pas très chers.
Les inconvénients : le boulevard de Magenta
est une véritable autoroute, l'air est très pollué. Le 10e n'est pas
très propre, beaucoup moins propre que les autres arrondissements.
Propos recueillis par Jean-Michel Deweer