Éditorial
Les élections municipales approchent à grands pas ; un signe ne trompe
pas : les politiques recommencent à sortir du bois, langue comprise. (Grande
question, que deviennent ceux qui ne sont pas élus entre deux élections ? Comme
ils restent invisibles dans leur arrondissement de campagne pendant cette période,
sans doute les met-on en hibernation, pour les réactiver un an avant les échéances).
La campagne électorale à Paris est bien lancée. Si les médias nationaux s'intéressent
surtout aux tractations sanglantes au plus haut niveau des appareils (ex-duel Lang-Delanoë
et grand guignol à rebondissements à droite), La Gazette s'en tiendra à ce
qui lui a toujours tenu à coeur : rester au plus près des préoccupations locales,
défendre des projets essentiels sans nous soucier de plaire aux uns ou aux autres.
Nous sommes et nous resterons des militants de terrain, certainement pas des courtisans !
C'est ainsi que dans ce numéro, nous dressons un bilan de l'activité de l'équipe
municipale arrivée à la mairie en 1995. Allez, faisons dans l'euphémisme :
le constat est plutôt mitigé. Mais, et cela en rassure certains, alors que d'autres
en seront désolés, les premiers tracts de campagne de la droite locale ne risquent
pas d'élever le débat et nous laissent craindre le pire.
Nous resterons le " poil à gratter " de notre démocratie locale.
Les brèves
Le futur du canal
Le 17 mai 2000, Jean Tiberi, maire de Paris, a tenu une conférence de presse pour présenter le "projet de valorisation des canaux de la Seine à la Seine". Une bonne part concerne le canal Saint-Martin et le 10e arrondissement.
Ce dossier est un plan ambitieux et cohérent et une réflexion intéressante sur la place du canal dans la ville moderne. L'évolution du discours politique est nette : "les Parisiennes et les Parisiens ont envie de se réapproprier leur espace de vie" ; la valorisation du canal devant être dynamisée, "tant sur le plan des transport, du patrimoine, du paysage que des loisirs".
Les opérations prévues sont, en résumé :
- Gros travaux d'entretien : réhabilitation des bassins Louis-Blanc et des Récollets. Ces bassins, jouxtant le bassin du Combat qui s'est effondré en 1999, présentent une structure et des risques identiques (131 MF, de juillet 2001 à janvier 2002) ; chômage (mise à sec) et réfection des écluses, avec remplacement de portes (29 MF, fin 2001).
- Mise en valeur de la partie souterraine et amélioration du débouché au square Frédéric-Lemaître.
- Définition d'une charte des principes d'aménagement commun des berges, des murs de quais, des écluses, des rampes et des escaliers, qui seront systématiquement rénovés.
- Continuité piétonne, (la suppression de la discontinuité de la place Stalingrad reste à penser).
- Rénovation et mise en lumière de tous les ouvrages d'art et des bâtiments riverains.
- Rénovation du jardin Villemin (16 MF, achèvement des travaux prévu au printemps 2001), et des squares des écluses, et des jardins publics Frédéric-Lemaître, des Récollets et Eugène-Varlin. Réaménagement de la pointe Poulmarch.
Jean Tiberi demande à la préfecture une extension, en linéaire et de la plage horaire piétonne du dimanche de 10 h à 19 h, "afin de répondre aux attentes des habitants". C'est un juste milieu entre l'accord qui semblait se dessiner entre les services (10 h à 18 h) et la pétition de l'association CANAL qui a déjà réuni près de 2500 signatures (10h à 20h).
Enfin, un certain nombre de "programmes originaux d'animation" sont envisagés,
qui laissent un peu plus dubitatif.
Par exemple, le bassin Louis-Blanc, avec, d'un côté le bâtiment du Point P CIMA,
et de l'autre les services de la voirie, devrait devenir un grand pôle d'animation.
Mais est-il judicieux de créer un grand parc de stationnement sous le bassin pour
les usagers de ces équipements ? Cette idée suscite déjà de nombreuses oppositions.
Enfin, divers projets d'animations temporaires seront étudiés, en particulier une
"Fête du Canal" annuelle. Qu'en serait-t-il alors des diverses associations locales
qui animent déjà généreusement le canal avec un succès local certain et, jusqu'à
présent, un refus de financement systématique de la Ville ?
La Ville ne
cherche-t-elle pas ainsi à s'approprier la dynamique initiée par les associations
de terrain qui se verront alors exclues des berges ?
Jean-Michel Berthier
Mais où est donc Fatoumata
Au lycée Colbert, mobilisation et inquiétude sur le sort d'une élève.
Fatoumata,
studieuse élève sénégalaise de 20 ans, partie dans son pays pour les vacances de
Pâques, n'est pas revenue depuis. Les élèves et le personnel du lycée, inquiets,
ont tenté d'obtenir des explications de sa famille qui a prétexté une maladie, puis
un problème de billet d'avion pour expliquer cette absence.
Soupçonnant qu'elle
est retenue contre son gré, 750 élèves ont signé une pétition, déposée à l'ambassade
du Sénégal. Le ministère de l'éducation nationale, le secrétariat aux Droit des
femmes et l'épouse du président sénégalais ont été saisis. Jack Lang est intervenu
pour apporter son soutien et a saisi le ministre des Affaires étrangères, Hubert
Védrine, pour que tout soit mis en oeuvre pour qu'elle puisse poursuivre normalement
sa scolarité.
Repas de quartier
La
vogue des repas de quartier se développe. La place Sainte-Marthe nous avait habitué
depuis plusieurs années à ce rendez-vous convivial de proximité. L'association Autour
de Marie-et-Louise s'y est mise aussi. Dernière en date, l'association CANAL, sur
une idée apportée par un collectif d'étudiants de Paris III, a organisé une belle
fête sur le bord du Canal, le dimanche 7 mai 2000. Le beau temps étant de la partie,
tout le monde s'est bien amusé. Le nombre des participants, plus de 400, a vite
débordé les organisateurs, mais, grâce à l'aimable prêt de tables et de chaises
supplémentaires par le lycée professionnel voisin, Marie-Laurencin, la plupart des
participants ont pu s'assoir. Les autres ont pique-niqué sur les berges. Animations
et musique ont fait durer la journée et, à 18 heures, heure fatidique, les voitures
sont revenues : il a fallu remballer, à contre coeur. Mais rendez-vous est
déjà pris pour le 13 mai 2001. Et à la rentrée 2000 pour les deux autres associations.
Le Louxor
Du
nouveau pour l'ancien cinéma Le Louxor, situé à l'angle des boulevards de
Magenta et de La Chapelle, au métro Barbès-Rochechouart. Ce bâtiment va revenir
à la vie. Construit en 1921 par H. Ripey, il est doté d'une façade art-déco en mosaïques
de style néo-égyptien, qui est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments
historiques (à titre anecdotique, la décoration en a été réalisée par un dénommé
Tibéri). Le cinéma a fermé en 1979, il a été racheté par la société Tati en 1980.
Si l'on excepte deux tentatives de le transformer en boîte de nuit qui ont fait
long feu, le lieu n'a jamais été exploité depuis.
La société Hausmannia s'est
portée acquéreur du bâtiment. Après la rénovation du lieu, intérieur et extérieur,
en en préservant le cachet d'époque, elle compte en faire un lieu de manifestations
culturelles en tous genres : concerts, défilés de mode, etc. Elle envisage
aussi d'y installer des studios d'enregistrement d'émissions de télévision et des
salles de répétition. L'activité de cinéma, jugée non rentable n'est pas retenue.
Coups de feu à Sainte-Marthe
Le 16 mai vers 20h50, des coups de feu ont été tirés rue Sainte-Marthe, lors d'une rixe entre deux bandes rivales : Rebeval (19e) contre Grange-aux-Belles (10e), heureusement sans faire aucun blessé. Les policiers ont interpellé un suspect qui n'a pu être confondu, les agressés ayant refusé de porter plainte.
Mystère du Canal
Un homme a été repêché dans le canal Saint-Martin fin avril, flottant au niveau du pont Louis-Blanc, les mains, les pieds et le cou entravé de fils électriques. âgé d'une quarantaine d'années, il était vêtu d'une chemise rose et d'une veste trois-quart. Il portait une alliance. La béquille retrouvée sur la berge lui appartenait peut-être. La police privilégie cependant l'hypothèse du suicide, qui reste, à ses yeux, la plus vraisemblable.
« Inventaire »
Les qualités littéraires de Jacques Prévert sont connues et reconnues depuis plus d'un demi-siècle. En revanche, sa faculté de pouvoir deviner l'avenir l'est beaucoup moins. Dans son célèbre recueil, Paroles, paru au lendemain de la seconde guerre, l'avenir de la parcelle Récollets-Villemin est prévu à la page 205 (édition Folio). En effet, le poème " l'inventaire " commence de la sorte :
Une pierre
deux maisons
trois ruines
quatre fossoyeurs
un jardin
des fleurs…
La " pierre " est une allusion à l'ancien couvent catholique (Saint-Pierre),
les " deux maisons " renvoient aux deux seuls immeubles qui hantent par
leur supériorité le monde végétal qui est en dessous (l'immeuble de l'Atmosphère
et celui qui est à droite de la crèche), les trois ruines représentent le couvent,
la crèche et les fondations de l'immeuble de l'Assistance publique bloquées par
Tiberi qui est prêt à tout pour acquérir le Graal. Par délicatesse, nous ne mettrons
pas de noms sur les quatre fossoyeurs, mais une visite dans la partie du jardin
qui n'est pas en travaux s'impose : elle est pleine de fleurs !
Un peu plus
loin, l'inventaire devient très énigmatique : comment faut-il comprendre : " deux
chèvres de Monsieur Seguin " ? (p.206).
Il n'y a pas que les moines mystiques
des Récollets qui puissent vaticiner. Mais espérons tout de même que Prévert ne
soit pas Cassandre.
Benoît Pastisson
Et encore le jardin Villemin !
Décidément, c'est une histoire qui traîne en longueur et qui finit par nous lasser.
Il se passe toujours quelque chose au jardin Villemin. Un jour on agrandit, le lendemain
on construit, le surlendemain on démolit et pour finir, on attend. On attend que
les intrigues se nouent et se dénouent pour pouvoir le retrouver et profiter d'un
jardin agrandi, rénové et qui puisse nous emmener du canal Saint-Martin à la gare
de l'Est dans un cadre champêtre. Mais c'est pour quand ? Peut-être 2001, peut-être
plus tard, on ne sait pas et ça commence à faire long, pour certains, c'est pain
bénit pour les prochaines élections et tout est bon pour récolter des voix. Mais
maintenant, nous en avons marre d'attendre et d'assister à des atermoiements de
dernière minute.
Faut-il
reboucher le trou sur des fondations toutes neuves ou bien construire des logements
pour les infirmières de l'hôpital Saint-Louis ? C'est vrai que c'est un gaspillage
financier important ; il faudra un jour chiffrer le coût total du jardin Villemin,
de la crèche et du couvent des Récollets. Les chiffres seront certainement impressionnants,
la rue des Récollets risque de détrôner la rue de la Paix. On verra ça plus tard,
si on peut obtenir les chiffres de toutes les transactions… j'en doute. Mais pour
l'instant, on veut récupérer ce jardin que nous avons eu tellement de mal à sauver.
Mais bien malin qui pourra nous dire quand. En attendant, il reste le canal piéton
le dimanche après-midi de 14 heures à 17 h, 59 mn, 59 s.
Bon courage !
Alain Jouffroy
Le
28 mai, rue des Récollets, la porte de la crèche du même nom est ouverte, belle
occasion de pouvoir admirer cette merveille d'architecture moderne qui a le triste
honneur de n'accueillir depuis quatre ans aucun enfant.
À peine ai-je avancé un orteil dans le lieu, qu'un garde d'une rare agressivité,
accompagné d'un chien vient hurler : " C'est un espace privé ici, et interdit
de photographier, alors dehors ! ". Je me recule donc dans la rue pour
prendre ma photo. Le cerbère s'avance encore, prêt à mordre (son chien à côté de
lui, observe placidement la scène, se disant sans doute qu'il était inutile d'en
rajouter, son maître faisant tout le boulot) : " Non mais tu te fous de
ma gueule, je t'ai dit qu'il était interdit de photographier, alors t'as intérêt
à te casser ".
Je suis donc parti (non sans avoir déclenché), me demandant
ce qu'il y avait de si important à garder dans ce terrain vague en friche et ce
bout de béton dégradé, pourtant crédité comme oeuvre architecturale d'importance
par certains articles sur l'urbanisme.
Le feuilleton dure depuis 1995. Des désaccords
techniques avec l'architecte entraînent un premier arrêt. En 1997, reprise après
expertise judiciaire. 1998, faillite de l'entreprise. Depuis, impossible de trouver
un candidat répondant aux appels d'offres.
De 15 millions de F au départ, on
en est à 23, record de France pour une crèche (non opérationnelle)
Jean-Michel Berthier
Comité de quartier :
Portes et passages
Pour
participer à la 2e réunion des comités de quartier, les grands qui habitent
les environs du faubourg Saint-Denis ont dû retourner à la maternelle l'espace d'un
soir.
Rassemblés dans le réfectoire de l'école de la rue Martel, chacun attend sagement
son tour de parole. Au fil des interventions, une thématique très " pipi-caca "
se dégage. Les ordures ne sont pas ramassées ; telle commerçante se plaint des voyous
qui urinent sur sa façade et demande " ce qu'on va faire, parce que la police
chez nous, c'est trois fois par jour ! " Les problèmes de ce genre
" il faut en parler pour les évacuer ", humorise quelqu'un. Une
grosse dame toute en rose se lève, déplie une feuille de papier, puis entreprend
de lire les quelques mots qu'elle a préparés avec beaucoup de sérieux semble-t-il.
Intimidée, elle rougit et sourit en même temps, comme un enfant à l'école des
fans. La scène serait presque touchante. Jusqu'au moment où la dame lâche une
phrase lourde de sous-entendus nauséabonds : " J'attends la retraite. étant
une des anciennes françaises de la rue de l'échiquier, je me demande ce que le 10e
va devenir. "
Un petit jeu s'instaure entre les différents participants.
On cherche à identifier celui qui battra le record du nombre d'années passées dans
l'arrondissement. Au moment de prendre la parole, chacun annonce la couleur : 35
ans, 42 ans, etc. La palme revient à un sexagénaire né rue d'Enghien qui n'a jamais
bougé du secteur. Parmi les plus récemment installés, une jeune mère de famille
qui explique pourquoi elle commence à regretter son choix. " Des dealers
dans l'immeuble, des jeunes avec leurs pitbulls dans les squares où l'on emmène
les enfants : ce n'est pas vraiment rassurant. Le quartier va-t-il continuer à se
dégrader ? ".
Dans l'assistance, quelqu'un intervient pour mettre
fin à la longue série de doléances : " Et si on arrêtait les questions pour
avoir des réponses. " Le maire qui jusque là s'était contenté de prendre
studieusement des notes, réajuste ses lunettes demi-lune. " Sans vouloir
botter en touche ", commence-t-il - et l'on comprend qu'il s'apprête précisément
à botter en touche - " je me trouve entre le marteau et l'enclume. "
En termes clairs et sans métaphore, seuls le préfet et l'Hôtel de Ville prennent
les décisions d'après Tony Dreyfus. Le maire d'arrondissement " a des pouvoirs
très limités ", il leur fait des propositions mais " encore faut-il
qu'ils les acceptent. " Quant aux administrés, il est là pour " compléter
(leur) information. " La directrice de l'école semble bien connaître le
sujet de la répartition des pouvoirs et l'absurdité de la machine administrative.
En cas d'alerte pollution, expose-t-elle, " les enfants n'ont pas le droit
de courir dans la cour. La décision dépend du ministère de l'éducation. On pourrait
réduire la circulation mais là, ça dépend de la préfecture. "
Une femme
que ces enjeux dépassent interpelle le maire. Elle et toute sa famille vivent dans
quarante mètres carrés. Sept personnes s'agglutinent là dans l'attente d'un relogement
décent et se foutent à coup sûr de savoir si leur sort dépend de la préfecture ou
du ministère.
Un vrai début de solution à quelque chose a peut-être émergé dans
la bouche de celui qui posa la question suivante : " Est-ce que les habitants
s'impliquent pour que les projets aillent plus vite ? "
Manu Loiret
Quoi de neuf à Saint-Lazare ?
Que s'est-il passé dans l'ex-hôpital Saint-Lazare depuis la tenue du CICA du 7 décembre 1999, consacré au devenir de ce lieu historique du 10e, successivement propriété de congrégations religieuses, léproserie, prison sous la Terreur puis maison d'enfermement et de soins pour femmes délinquantes et de petite vertu, avant d'être détruit en partie en 1935 puis restructuré et reconstruit en hôpital.
Le
départ en 1999 de l'ensemble des services hospitaliers vers le nouvel hôpital Georges-Pompidou
(à ce jour non encore fonctionnel) a laissé vacant le site, l'un des plus vastes
(plus de 10 000 m2) à réaménager dans l'arrondissement. Diverses
conceptions d'occupation du lieu ont été exposées au cours du CICA :
- Le propriétaire, la Ville de Paris, a confié à l'APUR (Atelier Parisien d'Urbanisme de la Ville) son projet : créer une maison d'accueil spécialisé (MAS) pour handicapés lourds.
- La mairie du 10e et les associations locales, porteuses de projets, voudraient y voir réaliser des équipements de proximité de type : sociaux, sportifs, scolaires, culturels et associatifs, ainsi que des lieux d'accueil pour la petite enfance, et également de nouveaux espaces verts.
Qu'en est-il aujourd'hui
Six mois après le CICA, Sylvie Scherer, Conseillère de Paris, en charge du dossier Saint-Lazare à la mairie du 10e, nous a résumé l'état de son avancement :
- Après avoir servi un temps de lieu d'accueil à des réfugiés Kosovars, ce sont 600 étudiants en psychologie de l'Université-Paris VII, chassés de Jussieu pour cause de désamiantage, qui ont été accueillis à leur tour, depuis Pâques 2000, dans la partie ouest du carré dit " historique " de Saint-Lazare. Cette occupation estudiantine que l'on affirme provisoire s'étendrait sur une période de trois ans, jusqu'en 2003 !
- Le 30 mars 2000, une réunion s'est tenue à l'Hôtel de Ville, sous la Direction de l'Action Sociale Enfance et Santé (DASES), pour organiser la préfiguration d'un Centre social qui est donc acté ; un comité de pilotage comprenant des organismes officiels de la Ville de Paris, des représentants de la mairie du 10e et des associations a été créé ; une réunion devait se tenir le 26 mai, on n'en connaît pas à ce jour la teneur.
- Le 4 mai 2000, quelque 25 associations du 10e se sont réunies
pour créer trois groupes de travail qui ont choisi d'être pilotés pendant deux
ans environ par la Fédération des Centres sociaux :
- le premier groupe travaillera sur les statuts de l'association de préfiguration du Centre en réalisant le lien social entre les habitants, en créant une relation intergénérationnelle, en guidant les utilisateurs du Centre dans sa gestion par eux-mêmes ;
- le deuxième mettra en place dès cet été, dans une partie des bâtiments et de la cour, des activités dites de VVV (Villes, Vies, Vacances) c'est à dire un dispositif d'animation pour des jeunes ne partant pas en vacances ; plusieurs associations (ATT, Jeunesse St-Vincent-de Paul, Club Tournesol, 4 Horizons, etc.) sont concernées par cette réalisation ;
- le troisième groupe gérera l'information et la concertation auprès des habitants de façon à les impliquer dans la création et la gestion du centre.
Jeannine Christophe
La prison Saint-Lazare sur une carte postale de 1909,
en second plan, on aperçoit
le bâtiment existant encore
avec la chapelle et son clocher.
(Collection
Jeannine Christophe)
" Point de presse " !
Se rendre chez son marchand de journaux, au petit matin, est un plaisir partagé par beaucoup d'entre nous.
Quel désappointement quand votre marchand habituel vous annonce qu'il cesse de
distribuer la presse. C'est le cas de plusieurs d'entre eux dans notre arrondissement
qui, non par choix mais par nécessité, se transforment en librairie-papeterie.
Pris entre le feu d'éditeurs prolifiques et de messageries chargées de la distribution
de ces articles de presse, notre marchand de journaux n'a pas le choix : il
est obligé de distribuer toute la presse éditée, dans les quantités qu'on lui livre
et qui sont calculées d'après la surface de sa boutique. Celle-ci est ainsi engorgée
de magazines en tout genre qui, faute de place, sont superposés dans des présentoirs
toujours trop étroits. Le client ignore leur présence voire même leur existence
et beaucoup resteront à leur place sans avoir été ne serait-ce que feuilletés.
S'ensuivent quotidiennement plusieurs heures de manutention et de vérification de
bordereaux : il faut faire vite, pour désencombrer la boutique avant l'arrivée
du client, et bien, pour poser réclamation dans les temps requis en cas d'erreur
de livraison. Mais tout cela n'est que la tâche inhérente au métier.
Ce qui pose
problème, c'est la facturation de tous ces produits : notre marchand se doit
de régler sous une semaine la facture de tout ce qui lui a été livré. Les invendus
lui seront remboursés trente jours plus tard sous forme d'avoir sur une facture
à venir, mais les éditeurs publiant toujours plus de nouveautés, numéros hors-série,
suppléments, cet avoir diminue peu à peu. Si notre marchand ne peut, le jour dit,
payer sa facture, il subit pressions et menaces des messageries : oubli de
colis, livraison retardée (le client achète alors ailleurs), pressions sur les horaires
et les jours d'ouverture, absence de livraison.
La vente de la presse ne lui
permettant pas de faire face à tous ses frais, notre marchand se lance dans la vente
de papeterie et de livres pour rester à la surface financièrement. Parfois désabusé
et pour ne pas accroître ses difficultés financières, il abandonne la presse.
Il nous semble primordial que toutes les publications soient diffusées mais
n'est-il pas paradoxal qu'un commerçant, propriétaire de son fond de commerce, ne
puisse avoir la maîtrise de son stock ?
Isabelle CEFALU
Images d'Épinal et bonbons des Vosges
La rue d'Alsace est fréquentée, très fréquentée, surtout par des voyageurs. D'ailleurs, elle ne naquit que pour cette fonction : " établir une communication commode entre les gares du Nord et de Strasbourg ".
C'était
vers 1847 la définition que donnait la ville de Paris au passage Lafayette qui par
la suite se transforma en rue d'Alsace juste avant que la France ne perde cette
province face à la Prusse, une prémonition ? Depuis un siècle et demi, les
compagnies de chemin de fer font transiter leurs clients par ici. La mondialisation
a rétréci la planète. Quelquefois des touristes arrivés ni du Nord ni de l'Est visitent
cette curiosité d'urbanisme ligaturé par les lignes de train.
Entre le Québec
et la mairie de Paris, c'est précisément ici, lundi 17 avril, que M. Seguin commença
devant un bataillon de journalistes son circuit électoral dans la capitale. De retour
des Amériques, l'avion du député se posa sur le sol européen avec deux bonnes heures
de retard. Si les journaux n'ont pas mentionné la compagnie aérienne responsable
de ce désagrément, ils ont en revanche largement fait cas de ce décalage d'agenda.
Les perturbations de son timing empêchèrent l'ex patron du RPR d'assister à la messe
anniversaire de la mort de Georges Pompidou. Il en a de la chance, un mot d'excuse
dans Le Monde pour sécher l'office ! Je n'en aurais pas demandé autant
quand j'étais môme pour éviter le sermon du curé de paroisse.
Pas de chaire
dans le quartier pour répandre la bonne parole, c'est donc du perchoir qu'offre
la rue d'Alsace que l'ancien président de l'assemblée nationale ouvrit les hostilités.
C'est clair, plus de brouillard sur ses ambitions. L'homme abandonne la ligne bleue
des Vosges et prépare son offensive parisienne par la trouée de la Diesel Vallée.
Le candidat constata : quelques milliers d'électeurs respirent les Senteurs
Noires de la Compagnie des Fumées. Pour les habitants du cru, cela risque à la longue
de sentir le sapin (des Vosges ?). Bienvenue dans le quotidien des riverains du
Paris Bâle. Du haut de ce plateau d'Alsace, 40 ans de locomotives diesel nous lamentent.
Son aide de camp pour cette campagne, Florent Longuépée, a déjà préparé le terrain,
une stratégie pour la bataille du rail. Il part en campagne pour enterrer la gare
de l'Est sous un jardin. Cette idée, un très vieux projet en réalité, agit sur les
riverains comme un chiffon rouge dans un parc peuplé de taureaux. Ils foncent tête
baissée, mais pas tous dans la même direction. Les uns imaginent leurs biens immobiliers
grimper, les autres s'effraient à l'idée de perdre la poésie de ce lieu souvent
choisi par des équipes de cinéma.
Avant de mettre tout le monde d'accord et
d'éviter la controverse entre les écolos et les poètes, beaucoup de gazole va continuer
à s'écouler sous les ponts de l'aqueduc et Lafayette. Heureusement il reste des
personnes raisonnables regroupées dans plusieurs associations1. Responsables,
elles souhaitent simplement éliminer les émanations polluantes et toxiques. Rapidement
et simplement sans se lancer dans des solutions de substitution. Il n'y pas de fumée
sans diesel, supprimons ce mode de traction et embrayons au tout électrique. Va-t-on
continuer à intoxiquer la population ?
Je sais de quoi je parle :
j'habite un petit chalet dans cette Alsace là. Le Paris Bâle chauffe ses pistons,
fermons les fenêtres et rentrons les géraniums. Les élus en place se sont souvent
engagés à reculons pour affronter cette bataille de l'air propre. Ils ont loupé
ce train et risquent autour des gares de perdre des wagons entiers d'électeurs séduits
par les belles images d'Epinal distribuées par M. Seguin et son commensal. Mais
feront-ils mieux, ces nouveaux prophètes ? Ne vont-ils pas à leur tour se cacher
derrière un nuage de fumée le moment venu s'ils sont élus.
De retour de leur
randonnée tous ces gens se sont réuni dans un refuge. Le bar de la rue des Deux-Gares
afficha vite complet, comme les soirs de concert. Il y eut moins de décibels mais
plus de blabla. La cote des fringants tenanciers de ce lieu culturel va remonter
auprès de la population avec des clients de cette pointure. Déjà qu'il est difficile
de taquiner la boule du flipper ici sans déranger la sieste du chat, si les candidats
à la mairie se mettent à défiler au Delyss, je passe à la pétanque.
Pour le
Vosgien cette situation ressemble à une caricature, et je te refile une image pour
les personnes sages qui écoutent : c'est le genre de problème qu'un bon et
honnête maire doit assainir pour ces administrés. Promis, juré, craché, une fois
en fonction à l'Hôtel de Ville, secondé par son compagnon d'armes Florent, la Diesel
Vallée ensevelie sous la verdure ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Une fois
les beaux discours évaporés en particules de promesses électorales, le gros monsieur
remonta dans son automobile, un vieux modèle Peugeot, pour découvrir d'autres terrains
de conquête sur les sentiers du château Tiberi.
Gérald Masnada
1. Les associations :
Gare aux pollutions 01 46
07 99 32,
Terminus pollutions 01 42 09 10 31