Éditorial
Bientôt deux ans sans Gazette, et pourtant, le quartier continue de vivre,
et même plutôt bien. Le tissu associatif se renforce et se dynamise. Notre arrondissement
souvent considéré comme `de transit' commence à être vu. Conséquence directe, il
devient une cible pour les lunettes des chroniqueurs médiatiques. Le quartier Sainte-Marthe
devient du dernier chic. On vient de tout Paris s'y encanailler. Et ne parlons pas
de tous ces haut-lieux entre La République et Belleville, Barbès et Bonne-Nouvelle,
que le Tout-Paris nous envie, ils sont signalés partout.
Autre évolution significative, l'immobilier. On observe, ici et là, des
prix au mètre carré qui détonnent un peu dans notre arrondissement, si souvent classé
parmi les moins chers de Paris.
Et votre journal favori ? et bien, nous essayons de secouer notre apathie
journalistique pour redonner vie à ce projet qui nous tient à coeur. Toutes les
énergies seront les bienvenues.
Les brèves
De fesse à confesse
La Scala, boulevard de Strasbourg, a eu un passé glorieux, Mistinguett, Mayol
et d'autres y ont brûlé les planches dans les Années Folles. Depuis quelques années
la salle, entrée dans un autre domaine culturel, abritait un cinéma spécialisé dans
le porno. Michel Ottaway, premier adjoint au maire, a d'ailleurs déclaré "L'un
des plus grands de Paris, avec quatre salles, une référence pour les connaisseurs
[…]".
Cette salle risque de passer du culturel (?) au cultuel, car elle a
été acquise récemment par L'église universelle du royaume de Dieu, secte
d'origine brésilienne, qui a déjà une "église" dans le 10e, rue du Fg-Saint-Martin.
Cette secte, qui se développe considérablement depuis quelques années, et que
les brésiliens surnomment "la pieuvre", utilise deux slogans simples "Tous
les maux viennent du démon" et "Donnez et vous recevrez", pour abuser
et extorquer les âmes simples.
Ses pratiques sont étonnantes : On a pu voir
des séances où on 'guérit' un cancer par des exorcismes. Un numéro du journal de
la secte, Le Jour, annonçait en titre : "Aujourd'hui je suis guérie, et
dire que j'avais le sida !".
La mairie et nombre d'habitants s'opposent à cette implantation. Espérant réitérer
l'action des habitants de Porto, au Portugal, qui ont réussi, par une mobilisation
exemplaire, à éviter que "la pieuvre" n'occupe une salle prestigieuse de la ville,
ils ont appelé à une manifestation, le 19 février, qui a eu un impact médiatique
important. Mais la mobilisation doit continuer.
Rue de la Gabegie
La rue des Récollets pourrait sans doute être renommée ainsi, et remplacer peut-être
un jour la rue de la Paix au Monopoly, comme la rue la plus chère de Paris. Après
le scandale de la crèche des Récollets, qui, depuis 1996 attend toujours qu'une
décision soit prise sur son achèvement - la rumeur dit qu'elle devrait en fait être
rasée pour être reconstruite -, voici que M. Tiberi a décidé, sous la pression considérable
des habitants du quartier, d'arrêter le chantier de l'immeuble prévu par la Ddass
pour loger du personnel. Curieusement, cette masse de mécontents semble avoir eu
un impact des plus évanescents sur les habitants. Bref, sans aucune pensée électoraliste,
M. Tiberi a décidé, devant un élu du 19e, sans prévenir le maire du 10e,
d'annuler la construction de l'immeuble prévu, revenant de manière régalienne sur
le compromis trouvé il y a un an, qui permettait de récupérer les deux tiers de
la parcelle pour agrandir le jardin. Suite à cela, les travaux avaient commencé
et les fondations sont achevées. Tout cet investissement public est donc éliminé
d'un trait de plume, sans aucune concertation. On recouvrira donc ce joli trou,
de plus de six mètres de profondeur, et tout le béton déjà coulé des soubassements,
de gazon.
Et l'immeuble d'angle restera donc isolé dans son coin. Ce qui, selon
certains architectes est discutable, et risque d'alourdir encore la facture, du
fait des travaux d'entretien supplémentaires induits à court ou moyen terme. Les
études de réhabilitation du jardin Villemin devront sans doute être reprises, ce
qui rallongera et retardera d'autant son réaménagement.
D'un point de vue social,
comme il faut bien reloger les personnels ailleurs, on décide tout simplement de
les mettre à la place d'autres projets sociaux prévus.
Mais on n'est plus à cela
près dans cette rue, après le couvent et la crèche.
Jean-Michel Berthier
Habitat insalubre :
Le 5/7, c'est fini…
Fin de partie pour le 5/7, rue Jacques-Louvel-Tessier. Fin janvier, les (anciens)
habitants, l'association 5/7 autrement et les amis du 5/7, en présence du
maire et d'élus, ont fêté la fin heureuse d'une histoire tragique, après trois ans
d'âpres combats associatifs.
En ayant refusé la solution vite fait bien fait
avec appui médiatique proposée par le DAL (Droit au logement), qui aurait laissé
sur le côté une partie des habitants, les associations et les habitants se sont
battus pour que l'ensemble des dossiers soient traités et réglés, et que l'ensemble
des habitants obtiennent des conditions de relogement acceptables.
L'immeuble
est désormais démoli. Un nouvel immeuble doit être construit.
…Le 45, c'est parti
Le dossier du 59, rue de Lancry reste toujours en suspens. Et le problème
surgit maintenant ailleurs. Le 45, rue Louis-Blanc entre désormais dans le même
combat. Cela fait plusieurs années que cet immeuble dégradé attirait l'attention,
mais l'absence de drame médiatisé à sans doute ralenti l'action.
Devant l'état lamentable de l'immeuble, le préfet a interdit les lieux à l'habitation
en juin dernier. La loi Vivien vient être prononcée, qui autorise la Ville à acquérir
l'immeuble. Vu son état, seule une démolition est envisageable. La Ville de Paris
a prévu de réaliser à la place un nouvel immeuble de 16 logements PLA (programme
de loyer aidé).
Dans l'attente, les problèmes de cet immeuble s'exacerbent. Souhaitons
que le combat des habitants soit mené avec la même cohérence et la même pugnacité
que pour le 5/7, et que la même mobilisation et la même solidarité se mettent en
place pour que les dossiers se règlent au mieux.
Le dur combat des infirmières à Saint-Louis
Comment ne pas comprendre la "grève" - qui porte mal son nom, puisque les soins
continuent - des personnels de l'hôpital Saint-Louis, et plus particulièrement
des infirmiers et des infirmières.
Derrière une façade moderne, propre et rassurante
se cachent des problèmes de fonctionnement qui ne sont pas rassurants. Dans certains
services, le manque d'infirmières et d'aides soignantes est tel que les règles de
sécurité pour les malades ne sont pas toujours respectées. Il faut jongler, faire
du replâtrage en faisant venir des infirmières d'autres services, surtout la nuit,
pour obtenir un minimum décent. Les malades pâtissent de cet état de fait, les infirmières
en sous-nombre ne pouvant répondre rapidement à leurs demandes, plus particulièrement
dans les services où les soins doivent être précis et méticuleux.
Si les soins
sont toujours prodigués avec conscience et professionnalisme, le travail d'écoute,
d'aide de parole, de réconfort, aussi nécessaire que les soins, est souvent abandonné
faute de temps. Cet aspect des choses peut paraître futile à certains, mais nous
savons combien il est vital pour des malades qui se battent pour guérir et indispensable
pour ceux qui terminent leur vie.
De nombreuses fois, nous avons pu observer
des fins de vie pas ou mal accompagnées, toujours faute de personnel. Il y a quelques
mois, un malade est mort brûlé dans sa chambre : il était seul, assis dans
son fauteuil et fumait une cigarette, ce qui est interdit, mais il ne pouvait se
rendre seul au coin fumoir et le personnel n'avait pas le temps de l'accompagner.
Tout le service a du être évacué avec l'aide des infirmières d'autres services,
qui abandonnaient ainsi leurs propres malades. Nous avons pu constater ainsi les
dangers de ce manque criant de personnel. Signalons au passage que les chambres
des malades ne sont pas équipées de détecteurs de fumées, ce qui est étrange pour
un hôpital construit il y a une dizaine d'années.
Pour l'instant, le dévouement
des personnels soignants a toujours permis de faire face aux situations les plus
difficiles, mais pour combien de temps ? Faut-il attendre, comme bien souvent
qu'un drame se produise pour réagir ?
Évidemment, la lutte des infirmiers
et aides soignants est inégale entre les soins qui doivent être assurés et une administration
qui joue le "pourrissement". Cette attitude contribue encore plus au ras-le-bol
des soignants qui s'estiment, à juste titre laissés pour compte voire méprisés.
Foyer d'hébergement
Rue de Maubeuge, un projet de sleep-in pour accueil de nuit de toxicomanes, par
l'association SOS Drogue international, avait déclenché, l'année dernière,
des polémiques qui venaient s'ajouter à celles du centre de la rue Beaurepaire (voir
p. 4).
Le dossier avait finalement été retiré devant un risque de réaction hostile
des riverains.
Aujourd'hui, l'association SOS-Habitat et soins, envisage
d'utiliser ce lieu comme centre destiné à l'hébergement médicalisé de personnes
en situation d'exclusion sociale qui sortent de l'hôpital et ne disposent pas des
moyens d'assurer leur convalescence chez eux. La mairie du 10e dit avoir
un préjugé favorable sur le dossier, mais demande une étude d'impact, attentive
à la réaction de certains habitants qui craignent que ce projet ne soit une reprise
du précédent sous un autre nom, de par les liens liant ces deux associations soeurs.
En bref, les exclus, peut-être, les toxicomanes, non.
Que fait-on alors des exclus
qui s'avèrent purger la double peine de la toxicomanie ?
La politique et le diesel
L'association Gare aux pollutions, lutte contre la pollution engendrée
par les locomotives diesel de la SNCF sur les lignes de la gare de l'Est, pollution
réelle, qui entraîne une asphyxie quotidienne pour les riverains. Ceux-ci avaient
déjà obtenu qu'aucune circulation de diesel ne se fasse pendant la période de fonctionnement
des écoles, car les enfants ne pouvaient parfois même plus accéder à la cour. Ces
promesses ne semblent que partiellement tenues.
Si le combat de l'association
est parfaitement justifié, il suffit de faire un petit tour sur les viaducs des
rues Lafayette ou de l'Aqueduc pour s'en convaincre, la méthode laisse perplexe.
L'association envisage de créer, lors des municipales de 2001, des listes dans les
arrondissements concernés, soit les 10e, 18e et 19e.
Le programme ? Ces listes n'auront pas de "caractère politique", mais s'attacheront
exclusivement à défendre les riverains face à l'agression et à l'asphyxie dont ils
sont l'objet quotidiennement de la part de la SNCF.
Il est également précisé
qu'elles ne seront parrainées ni par les Verts, ni par M. Longuépée (conseiller
régional RPR).
Ce qui est parfaitement logique, si elles ne font pas de politique.
Mais alors, pourquoi créer des listes pour des élections, geste éminemment "politique".
Un beau programme pour l'Est parisien !
Jean-Michel Berthier
Le couvent des Récollets en morceaux ?
Il existe un ancien couvent près de la gare de l'Est qui est à l'abandon depuis 1990. Il appartient au ministère de l'équipement qui a décidé de le réhabiliter. Le bâtiment semble aujourd'hui sauvé de la ruine, mais il risque d'être morcelé !
En 1997, un rapporteur est nommé pour étudier l'état du couvent des Récollets
et sa réhabilitation. Le livre blanc qu'il rend à l'automne 98 propose que le bâtiment
soit restauré en respectant son passé, qu'une partie soit ouverte au public, et
que l'affectation soit culturelle. Le cahier des charges qui est ensuite réalisé
reprend cette orientation en demandant qu'un minimum de 1 000 m2
soit réservé à des activités culturelles. Cinq projets ont répondu à l'appel à idées
qui se clôturait le 15 juin 99. Or, ceux qui avaient une dimension culturelle n'avaient
pas de financement, et ceux qui étaient financièrement adossés n'avaient pas grand
chose à voir avec la culture !
Le couvent se trouve donc confronté à un
dilemme cornélien : entre l'amour de l'art et l'argent, y a-t-il un choix possible,
ou la tragédie est-elle inévitable ? Le comité de pilotage, qui a été missionné
par le gouvernement, semble rechercher une solution de rapprochement entre un projet
économiquement viable, celui de la RIVP, qui propose d'aménager des ateliers-logements
pour artistes, et un projet culturel. C'est donc ce qui est proposé à Jean-Claude
Gayssot, ministre de l'équipement, des Transports et du Logement, qui confirme le
choix de la RIVP le 17 décembre 1999. Le communiqué de presse parle "d'un lieu d'accueil
et de résidence pour artistes et chercheurs européens, selon un mode de fonctionnement
comparable à la Villa Médicis à Rome". Cette appellation pompeuse n'a rien à voir
avec la réalité, puisque la RIVP propose de faire des ateliers-logements qui seront
loués pour rentabiliser le projet ! Quant à la façon dont seront sélectionnés
les occupants, il n'y a pour le moment aucune réponse : Quels seront les critères
de choix ? Peut-on être sûr qu'il s'agira d'artistes et de chercheurs ?
Le temps d'occupation sera-t-il limité ? Autrement dit, quelles sont les contraintes
imposées au repreneur par le cahier des charges pour éviter que le bâtiment devienne
une planque pour hauts fonctionnaires pistonnés ?
Par ailleurs, pour les
1 000 m2 minimum réservés à des activités culturelles (le communiqué
du ministère a enlevé le mot minimum !), il est demandé au président du comité
de pilotage, M. Jean-Pierre Duport de poursuivre sa mission de concertation. La
RIVP est-elle d'accord pour prendre à sa charge la réhabilitation de cette partie ?
Comment sera financé le fonctionnement de cette entité européenne de culture ?
La mairie du 10e arrondissement semble avoir fait son choix, puisqu'elle
se propose de soutenir le projet très éclaté de Cité des Récollets, en devenant
membre de droit et du conseil d'administration de l'association. Or, ce projet se
propose de mettre en place un pôle artistique, un pôle sociétal (sic) et un pôle
réflexif (re-sic : pourquoi pas un pôle psychotif !) : ajouté au
projet proposé par la RIVP, le chemin que risque de prendre la réhabilitation manque
fortement de cohérence.
Le bilan est donc mitigé : d'un côté, le bâtiment
est en passe d'être réhabilité et tout le monde ne peut que s'en féliciter. Mais
le manque d'ambition par rapport à l'affectation est assez frustrant.
L'éclatement
des démarches annoncées ne peut qu'inquiéter : va-t-il bientôt falloir parler du
couvent des Récollets-les-morceaux ?
Benoît Pastisson
Le couvent
des Récollets. (Photo : Jean-Michel Berthier)
Le centre "Beaurepère", 2 ans déjà
En janvier 1998, le quartier voisin de la rue Beaurepaire apprenait l'ouverture prochaine d'un centre d'accueil et de soins pour toxicomanes. On se souvient peut-être de l'émotion, de la colère ou du soutien qui s'exprimèrent alors. Le quartier se divisa rapidement entre les "contre" et les "pour". Entre les deux, et probablement les plus nombreux, ceux qui préféraient se tenir à l'écart du débat, de la passion, les "sans opinion".
Aujourd'hui, le centre fonctionne, accueillant quotidiennement 25 à 35 usagers
de drogue. Il fonctionne même si discrètement que nombreux sont ceux qui le croient
fermé.
Pour nous qui avons soutenu l'idée d'une coexistence possible entre
un quartier tel que le nôtre et ce type de centre, nous pourrions nous contenter
de la satisfaction de le voir exister. Mais d'autres sont amers, voire en colère,
et beaucoup (trop) de questions restent en suspens.
- Peut-on, ou doit-on, ouvrir ce type de structure sans faire un travail préalable d'information auprès de la population riveraine ?
- Pourquoi les structures sont-elles si peu nombreuses et donc souvent saturées ?
- Pourquoi certains arrondissements en sont-ils totalement dépourvus ?
- De quels moyens, de quelle formation disposent les structures pour exercer un travail de rue, de médiation ou de coopération avec l'environnement ?
- Ont-elles des obligations dans ce sens ?
- Et bien sûr, quelle est la politique de prévention, de santé publique et de réductions des risques qui permettra d'enrayer durablement le fléau que représente l'usage des drogues ?
Des questions
Toutes ces questions, nous les avons posées aux maires de Paris et du 10e,
à madame Morel, directrice de la Dass (Direction de l'action sanitaire et sociale),
à monsieur Kouchner et à madame Maestracchi (directrice de la Mildt -Mission
interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie (www.drogues.gouv.fr)),
et bien sûr aux responsables du centre Beaurepère. Nous leur avons fait des propositions,
en particulier pour ce qui nous semblait devoir permettre une meilleure intégration
dans les quartiers : informations spécifiques auprès des écoles, ouverture
d'un point-écoute-parents, journées porte-ouverte, création d'un comité de suivi…
Mais les lenteurs administratives, les incohérences politiques et les restrictions
budgétaires pèsent lourd. Faute d'une prise en compte préalable et globale des besoins
des uns et des autres, ce sont souvent les tribunaux qui doivent mettre un terme
aux querelles. Laissant aux vaincus (et peut-être aux autres) un sentiment d'incompréhension
et d'injustice.
La situation évolue
Cependant la situation évolue. Aujourd'hui, le 10e arrondissement
est un des mieux pourvus en matière de prise en charge des toxicomanes (bus d'échange
de seringues, bus Méthadone de Médecins du monde, consultations de l'Espace Murger
(hôpital Lariboisière-Fernand-Widal), centre Horizon, centre Beaurepère, centre
Arc-en-ciel, association ASUD…)
La Dass et la mairie proposeront prochainement la création d'une équipe de médiation
entre les établissements spécialisés, les instances politiques et sociales et la
population. Le centre Beaurepère verra quant à lui son activité médicale renforcée
et un nouveau lieu d'accueil devrait voir le jour au sein de la gare du Nord.
Le calme régnant aujourd'hui rue Beaurepaire permet de faire la démonstration qu'il
est possible, voire souhaitable, d'ouvrir des structures d'accueil pour des personnes
marginalisées dans des quartiers paisibles sans que cela n'altère le cadre de vie
des riverains. Tout le monde n'a-t-il pas quelque chose à gagner dans ce partage ?
Anne Gallet, présidente de l'association Côté Quartier
L'avenir des centres d'animation du 10e
un imbroglio parfaitement représentatif du fonctionnement de la mairie de Paris
Il existe aujourd'hui 40 centres d'animation répartis sur toute la Ville, dont quatre sur notre arrondissement. Ils proposent à leurs adhérents des activités socio-éducatives diversifiées. Certains possèdent des salles polyvalentes qui leur permettent d'organiser des spectacles de théâtre et de musique. Construits par la mairie de Paris, ils dépendent tous de la Direction de la Jeunesse et des Sports de la Ville, qui finance leur fonctionnement.
Dès leur constitution, la gestion de ces centres a été confiée à des associations
loi 1901 fermées, sans aucune participation des adhérents et des utilisateurs, dans
l'optique très centralisatrice qui a prévalu à Paris jusqu'aux dernières élections
municipales.
Depuis, le problème des centres d'animation est devenu un point
de divergence important entre la Ville de Paris et les six maires d'opposition,
qui ont compris qu'ils n'avaient aucun moyen d'influer sur le fonctionnement de
ces équipements de proximité totalement dépendant du pouvoir central. De plus, comme
la plupart des associations gestionnaires de ces centres étaient politiquement positionnées,
une hostilité souvent forte s'est installée.
En 1997, les six municipalités de
la gauche plurielle ont donc demandé l'application des deux loi suivantes :
- La loi PML qui définit les compétences respectives du maire de Paris et des maires d'arrondissement. Le préfet de Paris, par décret du 9 octobre 1998, a arbitré en faveur des six maires d'opposition et décidé que la gestion des centres d'animation devait être assurée par les municipalités d'arrondissement. Cette décision, bien qu'exécutoire, n'a pas été acceptée par le maire de Paris.
- La loi Sapin, qui définit une obligation de mise en concurrence systématique et périodique pour l'ensemble des délégations de service public accordées aux associations loi 1901. Le maire de Paris a lancé, au début du mois de février 2000, des appels à candidature pour la gestion des 40 centres d'animation de Paris. Ce processus devrait permettre de sélectionner les organismes reconnus compétents qui participeront aux appels d'offre à venir pour la gestion effective de ces centres. Le préfet de Paris vient de s'opposer au principe même de cet appel d'offre centralisé, dans la mesure où il ne respecte pas sa décision du 9 octobre.
Les centres d'animation du 10e
Les quatre centres d'animation du 10e, - Château-Landon (créé en 1978),
Grange-aux-Belles (1980), Espace Jemmapes (1986), Jean-Verdier (1987) -
sont gérés par le Club recherche et loisirs 10e (CRL 10),
association créée en 1978 et constituée de personnes privées.
Force est de constater
aujourd'hui que le fonctionnement du CRL 10 se caractérise par une totale opacité
en matière budgétaire, semble-t-il volontaire de la part de cette association. Entretenue
par la situation politique, elle a permis la propagation des rumeurs les plus folles
sur la réalité des financements de ces équipements et sur leur utilisation.
On
assiste donc aujourd'hui à un véritable dialogue de sourds entre les élus de l'arrondissement
et CRL10, peu propice à la recherche de complémentarités.
Ces centres d'animation
doivent être considérés comme des équipements de proximité et répondre en priorité
aux véritables besoins de l'arrondissement. Si une grande partie des activités proposées
correspondent bien aux besoins d'une partie des habitants du 10e, certains
tarifs apparaissent élevés pour un arrondissement populaire.
Une réorientation
des activités de ces centres s'impose donc aujourd'hui. Elle devra faire l'objet
d'études approfondies et transparentes et être mise en place progressivement, afin
de ne pas désorganiser leur fonctionnement actuel.
Elle ne pourra se faire sans
dialogue entre la Ville de Paris et la municipalité du 10e, ni surtout
sans la participation active du tissu associatif local.
Nous pensons sincèrement
que c'est dans la recherche d'un système de gestion ouvert et transparent, intégrant
à la fois les usagers, le personnel et l'ensemble du milieu associatif de l'arrondissement,
que se situe l'avenir des quatre centres d'animation du 10e.
Alain Duvoisin
Espace Jemmapes,
quai de Valmy
La démocratie locale
Au début de leur mandature, les élus de la majorité municipale du 10e avaient reproché aux associations leur attitude trop souvent critique et peu constructive. Après quelques années d'observation, douze d'entre elles ont proposé la tenue d'une réunion sur le thème "Démocratie locale et loi PML". Cette réunion a préparé le forum du 17 avril 1999 où ont été posées les bases du CICA et des conseils de quartiers (voir les articles ci-après).
Au cours de cette réunion préparatoire du 20 mars 1999, tenue en présence du
député-maire, Tony Dreyfus, et de plusieurs élus de la majorité municipale, les
associations ont demandé pourquoi il était si difficile, pour ne pas dire parfois
impossible de conduire avec tous les élus une véritable démarche de projets sur
les dossiers locaux, avec formation d'équipe, définition des tâches, suivi et rapports
d'étape. Si le maire et une partie des élus a été favorable à cette démarche, d'autres
ont franchement renâclé. Devant la constatation que cela marchait avec certains,
on a pu entendre que c'était normal, ces élus ayant hérité de délégations simples
et bien cadrées. Bel exemple de solidarité municipale !
Un autre système
de défense entendu a porté sur le statut des mairies d'arrondissement : le
fait qu'elles ne soient pas des mairies de plein exercice bloquant souvent les possibilités
d'action. Si ce n'est pas faux, cela est apparu à beaucoup comme une idéalisation
et un refuge pour justifier un manque de pugnacité, permettant d'attribuer
tous les dysfonctionnements et les blocages à la Ville de Paris.
Les associations
ont donc accepté de jouer le jeu, sans être naïves ni dupes de cet assouplissement,
en cette période de pré-footing électoral. Il est clair que, outre un désir de dialogue
et une image d'ouverture démocratique et d'écoute, le maire a vu dans cette fronde
associative un moyen de pouvoir asseoir un peu mieux son autorité sur son équipe
en utilisant la dynamique associative.
Conscientes de ce fait, les associations
veillent à ne pas être instrumentalisées, elles n'ont pas à faire le travail des
élus. Comme le député maire l'avait déclaré à propos des conseils de quartier :
"Pendant très longtemps, mes adjoints n'étaient pas très chauds, pour une question
de légitimité. Aujourd'hui, tout le monde est pour. Mais au fond, le seul qui n'a
rien à craindre des comités de quartier, c'est le maire de l'arrondissement."
C'est peut-être un voeu pieux.
Jean-Michel Berthier
Démocratie locale : Comités consultatifs.
Dans son règlement intérieur le conseil d'arrondissement s'est donné la possibilité de créer des comités consultatifs. Deux seulement ont été crées :
- le premier sur le logement, mais qui ne comprend pas d'associations locales, continue de se réunir épisodiquement ;
- le deuxième sur la circulation, créé en février 1996 s'est réuni assez régulièrement jusqu'en avril 1998. Depuis, plus rien.
Le renouveau récent des pratiques de la démocratie locale ne pourrait-il inciter à redynamiser ou créer de nouveaux comités consultatifs ?
Les associations du 10e prennent la parole
Depuis le 15 novembre 1999 les associations bénéficient avant chaque conseil d'arrondissement, d'un temps de parole d'une demi-heure, de 18h30 à 19h00. Leurs représentants peuvent alors publiquement et directement s'adresser aux élus. Une nouvelle façon de s'exprimer et d'être entendu qui est une première à Paris et, peut-être, une petite avancée dans la voie d'une démocratie plus participative.
Le CICA
Plus de 200 associations du 10e sont inscrites au Comité d'initiative
et de consultation d'arrondissement (CICA). Le rôle du CICA dans la vie de l'arrondissement
est défini par l'article 16 de la loi PML de 1982 (encadré ci-contre).
Jusqu'alors
la participation à la vie municipale des associations inscrites au CICA se résumait
à quelques réunions épisodiques entre le conseil d'arrondissement et les associations
sur des thèmes choisis par la municipalité.
Qu'est ce qu'il dit !
Cette interprétation très restrictive de la Loi PML mettait mal à l'aise de nombreuses
associations actives dans le 10e.
Un courrier, adressé au maire
en février 1999 et cosigné par plusieurs de ces associations, et quelques articles
parus dans la presse ont conduit ce dernier à adopter une position plus ouverte
sur le rôle que doit jouer le CICA, sur la création de conseils de quartier et à
organiser en mairie un forum sur la démocratie locale en avril 1999.
Deux groupes
de travail associatifs se sont alors constitués : l'un sur le rôle du CICA
et l'autre sur les conseils de quartier (cf. article page suivante).
Être entendu
Le groupe de travail CICA a adressé aux élus du 10e un projet concernant
le mode de fonctionnement du CICA et ses relations avec le conseil d'arrondissement.
Après négociation, de l'ensemble de ces propositions il a été retenu :
- le
maintien d'une réunion trimestrielle entre le CICA et le conseil d'arrondissement
sur un thème arrêté par les élus et le CICA,
- une rencontre d'une demi-heure
(18h30 à 19h) avant chaque conseil
d'arrondissement, entre ce dernier
et les représentants des associations. Cette réunion, dont l'ordre du jour aura
été préparé par le bureau du CICA et transmis au maire 8 jours à l'avance, permettra
d'aborder les sujets suivants :
- observations sur les sujets inscrits à l'ordre du jour du conseil d'arrondissement,
- questions d'actualité,
- propositions de voeux pouvant être inscrits à l'ordre du jour du conseil d'arrondissement
Un procès-verbal de cette réunion, réalisé par la mairie, sera transmis au bureau
du CICA et affiché en mairie.
Acté par le maire du 10e lors du conseil
d'arrondissement du 21 septembre 1999, ce dispositif a été mis en place pour la
première fois lors du conseil du 15 novembre dernier.
S'exprimer
Depuis cette date, de nombreux sujets ont pu être abordés, tels : la cité Clémentel, le problème de la traversée du carrefour Lafayette, l'OPAH Sainte-Marthe-Jean Moinon, les problèmes du logement, l'enlèvement d'une sanisette face au 46, bd de Strasbourg, la destinée des baraques foraines des Grands boulevards, le devenir du marché Saint-Martin…
Contacts
Lors de l'assemblée générale des associations du 10e, il a été décidé de créer un bureau provisoire du CICA qui est chargé de :
- préparer les prochaines rencontres avec le conseil d'arrondissement,
- animer la réflexion entre les associations,
- faire de nouvelles propositions en termes d'organisation du CICA.
Vous pouvez contacter ce bureau :
-par courrier électronique :
paris10cica@free.fr
-par courrier adressé à :
Bureau du CICA.
Mairie du 10e arrondissement
72, rue du Fg-St-Martin
75490 Paris Cedex 10
- par téléphone au : 01.42.08.95.68 (Président : Jean Marandon)
et obtenir plus d'informations en consultant le site du CICA : http://paris10cica.free.fr/
Hervé Latapie
Loi PML du 31 décembre 1982
31 décembre 1982 - Loi n. 82-1169 relative à l'organisation administrative
de Paris, Marseille, Lyon et des établissements publics de coopération intercommunale
(JO du 1er janvier 1983 et rectificatif, JO du 20 janvier 1983) (dite loi
PML).
[…]
Article 16. Les associations participent à la
vie municipale. Dans chaque arrondissement est créé un comité d'initiative
et de consultation d'arrondissement.
Celui-ci réunit les représentants
des associations locales ou membres de fédérations ou confédérations nationales
qui en font la demande et qui exercent une activité dans l'arrondissement.
Au cours d'une séance par trimestre au moins, les représentants de ces associations
participent, s'ils le sollicitent, aux débats du conseil d'arrondissement,
avec voix consultative. Ils y exposent toute question intéressant leur domaine
d'activité dans l'arrondissement et peuvent faire toute proposition à cet
égard.
Le conseil d'arrondissement en délibère en leur présence.
À
cette fin, les associations doivent notifier, au préalable, au maire de
l'arrondissement le ou les sujets sur lesquels elles souhaitent débattre.
Le calendrier des débats avec les associations susmentionnées est défini
par le conseil d'arrondissement en liaison avec le comité de consultation
et d'initiative d'arrondissement. Le conseil d'arrondissement met à la disposition
du comité d'initiative et de consultation d'arrondissement toutes informations
nécessaires à la préparation de ces débats.
Article 17 […]
Les conseils de quartier
émergence de la démocratie participative dans le 10e arrondissement
Le 17 avril 1999, la mairie et les associations du 10e arrondissement, réunies en un forum sur la démocratie ont engagé, au travers d' un CICA réellement efficient d'une part, et la mise en place de conseils de quartier d'autre part, un processus qui devrait permettre l'accès à la citoyenneté active du plus grand nombre possible des acteurs de la société urbaine locale.
Ces conseils sont mis en place pour que puissent se rencontrer, s'exprimer et
être efficients ceux dont les voix ne comptent pas, jeunes de moins de 18 ans, étrangers
non communautaires, marginaux et SDF, acteurs économiques incontestés de la vie
locale - salariés, artisans et commerçants n'habitant pas le quartier -, aussi
bien que ceux qui pour la démocratie représentative, n'ont pas droit à la parole,
mais seulement à une voix comptabilisée.
Le 22 février 2000, devant la réussite
incontestable du premier conseil de quartier, Buisson-Saint-Louis, le groupe de
travail qui depuis des mois peaufinait les fondements d'une approche participative
de la démocratie locale a compris que ses efforts n'avaient pas été vains.
La charte
Pour concrétiser son approche, le groupe de travail, a rédigé un projet de charte
qui tient compte d'expériences de même nature menées dans les 20e et
19e arrondissements et quelques municipalités de banlieue, mais avec
une incontestable originalité.
Il débute par un préambule précisant le rôle et
les prérogatives des conseils de quartier, lieux d'expression et de concertation
ouverts à tous et à toutes : Ils encouragent l'accès à la citoyenneté active,
en impliquant l'ensemble des habitants. Ils s'inscrivent dans une démarche de démocratie
participative locale complétant la démocratie représentative au plus proche des
lieux de vie. Ils participent à l'animation de la vie des quartiers en renforçant
les liens sociaux de proximité et d'engagement civique complémentaires à la pratique
associative.
Ils permettent aux habitants d'aborder collectivement les questions
du quartier, de l'arrondissement et de la ville et d'être informés des dossiers
en cours. Ils peuvent formuler des questions ou des propositions de décisions qui
doivent être inscrites à l'ordre du jour du conseil d'arrondissement, ainsi que
toute question ou pétition ayant recueilli plus de 1 000 signatures.
Enfin,
il est indiqué que la démarche doit être régulièrement évaluée, améliorée et adaptée
à la demande citoyenne.
Fonctionnement
La charte détaille les modalités de fonctionnement (texte disponible lors des
réunions des conseils).
Il y est précisé que les conseils de quartier, composés
des personnes présentes, nomment une "équipe d'animation", dont les membres ne sont
pas des élus des conseils d'arrondissement, chargée, en coordination avec l'élu
référent, de préparer les réunions (affichage, ordre du jour, convocations, invitations),
d'appuyer les commissions, d'assurer le suivi des questions et des propositions,
la mise en oeuvre des résolutions, ainsi que la liaison avec le conseil d'arrondissement
et les autres conseils de quartier.
L'élu référent, nommé par la mairie, assiste
aux réunions du conseil de quartier et de l'équipe d'animation. Il est chargé d'assurer
la liaison entre le conseil de quartier et le conseil d'arrondissement.
Des commissions
du conseil de quartier et des commissions inter conseils permettront d'approfondir
des sujets particuliers.
Les membres de l'équipe d'animation et les responsables
des commissions ont accès aux dossiers nécessaires et peuvent solliciter des conseils
ou la participation de personnes compétentes.
Les réunions se tiennent dans des
locaux publics, ouverts à tous, mis à leur disposition par la mairie d'arrondissement,
qui en prend en charge l'annonce et la publicité, met à la disposition des conseils
de quartier des panneaux d'affichage situés devant les écoles et autres lieux fréquentés
du quartier, ouvre dans ses locaux un "bureau des conseils de quartier" où les habitants
peuvent s'informer sur les dossiers en cours dans leur quartier, consulter les comptes-rendus
des réunions des conseils de quartier et les pièces annexes. Une boîte postale y
est mise à la disposition des conseils de quartier, qui peuvent être joints à l'adresse
électronique (e-mail) de la mairie de l'arrondissement et qui participent à son
site Internet.
Une tribune libre est réservée aux conseils de quartier dans le
journal de l'arrondissement. (Paris10 Informations)
Plusieurs points de
la charte sont encore en discussion entre la mairie et le groupe de travail, par
exemple celui des ressources et des moyens des conseils, celui de l'élu référent,
ou encore celui de la garde des enfants pendant les réunions, que la mairie ne souhaite
pas organiser pour des raisons de responsabilité, laissant ce soin à des associations
habilitées.
Le groupe de travail, pour sa part, a l'intention de veiller au démarrage
des conseils de quartier, qu'il aura contribué à mettre sur les rails.
Paul Zylberberg
Les six quartiers
Le découpage et les noms des quartiers ne
sont qu'indicatifs ; chaque conseil se déterminant en pleine autonomie,
en coordination avec le quartier limitrophe; les habitants peuvent choisir
de participer au conseil de leur choix :
1 - Quartier
Buisson-Saint-Louis
2 - Quartier Canal-Sud - République
- Saint-Martin
3 - Quartier Portes et passages
4 - Quartier Gare-du-Nord - Saint-Vincent-de-Paul
5 - Quartier Gare-de-l'Est - Aqueduc
6 - Quartier
Canal-Nord - Louis-Blanc
22/02/2000 : Premier conseil de quartier dans le 10e
Plus de 150 personnes étaient venues ; le préau de l'école Parmentier
n'avait
jamais vu autant de monde.
Après une introduction par M.
Tony Dreyfus, député-maire du 10e, venu
entouré d'un aréopage
d'adjoints et de conseillers d'arrondissement, par Gilles Bénard et Abigail
Nunes au nom des associations locales, et par Paul Zylberberg qui, au nom
du groupe de travail, rappelait les principes de charte des conseils de
quartier, les débats furent passionnés et passionnants, abordant des sujets
aussi variés que la réhabilitation des berges du canal, le traitement des
déjections canines, les espaces verts, aussi insuffisants dans ce quartier
que dans l'ensemble de l'arrondissement, la place des jeunes et l'enseignement
des langues vivantes aux enfants.
La réunion s'est conclue par la mise
en place d'une équipe d'animation et de commissions thématiques.
Bilan d'un "quartier tranquille" et perspective
Un quartier tranquille est en cours de réalisation : le quartier Lancry, un autre a été approuvé : le quartier des Petites-écuries, deux autres sont potentiels : les quartiers Mairie du 10e et Sainte-Marthe. Les objectifs définis par la ville sont de réduire et calmer la circulation automobile, favoriser les piétons et les vélos, rendre le quartier plus agréable. Approuvé en 1998, le quartier tranquille Lancry devait être réalisé en 1999. Qu'en est-il ?
Quartiers tranquilles 1 - Lancry (en cours d'aménagement) |
Plan vélo Existant Projeté (réalisation en 2000) |
Modération de la circulation
Presque toutes les entrées du secteur ont été aménagées : surélévation des
passages piétons et pose de panneaux indiquant l'entrée dans une zone 30
(vitesse limitée à 30 km/h) ou la sortie de la zone.
Malheureusement trois
entrées ou sorties n'ont pas encore été aménagées : rue des Récollets (entrée
côté rue du Fg- St-Martin et sortie quai de Valmy), non plus que l'entrée de la
rue Lucien-Sampaix au niveau du quai de Valmy.
Aucun autre aménagement ne tend
à réduire la circulation ni à limiter la vitesse dans le secteur.
Une question
reste en suspens : réduire la circulation dans le haut de la rue de Lancry
en détournant les voitures par la rue Yves-Toudic (dont le sens serait partiellement
inversé) et par la rue de Marseille. Aucune décision définitive ne semble être encore
prise.
Favoriser piétons et vélos
Deux carrefours ont étés modifiés : les intersections Sampaix-Vinaigriers
et Lancry-Poulmarch, facilitant la traversée des piétons. La création d'un passage
piéton rue de Lancry, au droit de la rue Legouvé, près de l'école maternelle, semble
être programmé.
Deux réalisations satisfaisantes mais peu ambitieuses par rapport
aux objectifs définis par la mairie de Paris lors de la description des mesures,
tel l'élargissement des trottoirs, destinées à compléter l'aménagement des quartiers
tranquilles.
Les associations "locales" et les commerçants demandent notamment :
- L'élargissement des trottoirs rue de Lancry. Cette demande est justifiée (il passe en effet dans cette rue aux trottoirs très étroits beaucoup plus de piétons que de voitures) et permettrait de relancer le commerce de proximité. Les objections à cet aménagement sont ubuesques : l'élargissement des trottoirs conduirait à supprimer la file de stationnement sauvage ; dès lors les véhicules de livraisons, qui ont pourtant des emplacements réservés, ne pourraient plus stationner que sur la chaussée et bloqueraient la circulation. Le non-respect de la réglementation du stationnement empêcherait l'élargissement des trottoirs ! On croit rêver !
- L'aménagement de la place Jacques-Bonsergent en place semi-piétonne par l'élargissement des trottoirs côté habitations, surélévation et rétrécissement de la chaussée (avec inversion du sens de la rue Albert-Thomas) qui permettrait plus de convivialité et la création de terrasses de café. Pas d'objection technique, le seul frein serait le coût.
- D'autres élargissements de trottoir.
- La piétonisation de l'extrémité de la rue Poulmarch.
Un bilan actuellement décevant
Le seul aménagement des entrées d'un secteur ne suffit pas pour créer un véritable
quartier "tranquille". Les mesures d'accompagnement prévues à l'origine doivent
être impérativement réalisées, notamment celles visant à favoriser la circulation
des piétons : en priorité, cela semble évident, dans les parties les plus fréquentées
par ces derniers : la rue de Lancry et la place Jacques-Bonsergent.
Interrogés,
les associations et les commerçants semblent être bien décidés à reprendre la parole.
Jean-Michel Berthier
Photo : Jean Marandon
Rue Legouvé - Passage des Marais
La rue Legouvé est devenue piétonne pour sa partie située face à l'école maternelle, le stationnement a été rendu impossible dans le passage des Marais et l'autre partie de la rue Legouvé, des arbres ont été plantés, l'éclairage et la voirie refaits, des murs peints remplacent façades décrépites et murs pignons noircis.
Un aménagement réussi, promu par l'association de l'îlot Legouvé-Lancry et réalisé en concertation avec les riverains. Des piétons de plus en plus nombreux. Que dire de plus ? Si vos pas vous y portent, et malgré le disgracieux "crottoir" à chiens, ne mettez pas les pieds dedans, les trottoirs et la chaussée sont minés…
Contre les moulins…
L'interruption de la gazette nous fit louper quelques épisodes drôlatiques de la vie de notre arrondissement. Celui-ci concerne un personnage politique, qui fit parler de lui.
Connaissez-vous une histoire belge vieille de 184 ans ? 18 juin 1815, un
dimanche, l'orage s'abat sur Waterloo. Napoléon, empereur des Français remballe
ses gaules devant la coalition européenne. L'aigle s'échoue dans le bourbier belge,
son ambition européenne se terminera sur un caillou perdu au milieu de l'Atlantique
sud, Sainte-Hélène. Wellington a remporté la grande finale. Il décida de la baptiser :
Bataille de Waterloo. Dommage que les caméras de CNN n'étaient pas présentes sur
le terrain, au feu de l'action. On aurait suivi pas à pas la chute de Bonaparte,
en direct, avec des flashs d'info :
- "On me signale que nous avons l'antenne,
en direct de Waterloo,
- "Oui, les studios, je suis au vestiaire avec Wellington.
Alors duc, dure cette journée ? …"
Et une page de publicité pour un
téléphone portable. Si l'empereur avait eu son abonnement Itineris : "Soult,
appelez-moi Grouchy, vite. ….". Il s'est bien défendu notre Napoléon, à la mi-temps
rien n'était joué, il a fallu les prolongations. Depuis, on n'en finit plus de l'évoquer
cette fichue bataille. Comme les serpents de mer, elle refait surface régulièrement.
Tout le monde s'en est mêlé, même les suédois : Abba, groupe pop des années
70, a fait danser le monde sur les malheurs de notre empereur !
Nous n'allons
pas refaire l'histoire, mais une victoire pareille, les vainqueurs ne pouvaient
pas l'oublier. Ils l'ont immortalisée en la gravant dans leurs cités. C'est ainsi
que Londres possède, outre un pont, une gare Waterloo, qui accueille l'Eurostar,
un train jaune comme le sous-marin de la chanson. Cette bévue des Saxons a vexé
un habitant du 10e très cocorico et impliqué dans la vie politique de
notre arrondissement et qui a des vues sur le conseil municipal. Selon lui ils devaient
l'appeler autrement cette nouvelle gare ces maudits Anglois. Notre chevalier bonapartiste
menaça devant l'Europe entière de débaptiser en représailles la gare du Nord pour
lui donner le nom de Fontenoy.
Un coup d'épée dans l'eau, M. Longuépée (c'est
le nom de notre Lancelot). Il ne fallait pas tirer si vite, je ne parie pas fort
sur les connaissances en histoire de nos compatriotes. Fontenoy, beaucoup de voyageurs
vont croire qu'il s'agit d'une ville de banlieue et se demander pourquoi ce changement
de nom. Il va falloir leur expliquer, mettre une grande plaque de bronze dans la
gare :
"Fontenoy, commune de Belgique sur l'Escaut. 1745 :
victoire des Français, commandés par le maréchal de Saxe, sur les Anglais, les Autrichiens,
les Hanovriens et les Hollandais coalisés, à laquelle assista Louis XV."
S'il faut faire encore plus fort, je propose "La gare Jeanne-d'Arc". Les pauvres
anglais perdus dans le quartier seraient obligés de demander leur chemin "please,
où est Jeanne d'Arc ? je dois retourner en Angleterre". Et pourquoi s'arrêter
là ? Nommons aussi chaque train. Un nom c'est plus facile à mémoriser qu'un
numéro et puis les annonces seraient plus parlantes.
- "L'Euro-star Grouchy
est annoncé avec un retard de 10 minutes à son arrivée de Waterloo."
-"Voie 4,
en provenance de Londres, Nelson rentre dans Jeanne d'Arc."
Il faut aussi
exiger dans chaque rame un salon "Churchill" pour les fumeurs, et un espace "De
Gaulle" réservé aux appels (téléphoniques). Sur cet élan, rebaptisons la gare de
l'Est, gare des Tranchées. Et soumettons à Air France que l'avion Paris-Rio s'appelle
Zinedine Zidane ! Mais notre chevalier l'a-t-il remarqué : chaque 18 juin
les drapeaux français flottent sur les gares ? Le 18 juin c'est également le
fameux appel de Londres, mon général.
À la prochaine monsieur Longuépée !
Gérald Masnada
Au bout de la ligne, la gare du Nord, Fontenoy ou Jeanne d'Arc, on ne sait plus…
(Photo : Jean-Michel
Berthier)