Circuler ou respirer dans le 10e
Introduction
Le pic de pollution de cette fin d'été a marqué nos consciences. Alors
que tout le monde s'attendait à une bronca endiablée des automobilistes, forcément
férocement individualistes, tout s'est passé avec simplicité, civilité, et citoyenneté.
Un bon nombre d'idées reçues semblent bien être tombées ce jour-là, qui restera
sans doute dans les mémoires. Les grand-mères, en l'an 2050, quand il n'y aura plus
d'automobiles dans Paris, raconteront à leurs petits-enfants comment, un jour, nous
avons réalisé que la voiture, cette belle invention, sacrément pratique parfois,
commençait à nous aliéner et à ronger notre santé.
Les derniers chiffres des études parues en ce début d'année tendent à confirmer
ce que beaucoup refusaient de voir y il a peu encore : la pollution automobile
agit en mal sur notre santé.
Pollution de l'air : du local au global
La pollution de l'air, dans le 10e, on connaît ! Le trafic automobile est intense, les bouchons permanents, les camions omniprésents, et les espaces verts se comptent sur les doigts d'une seule main, pour ne pas dire sur un seul doigt. Nos boulevards sont des axes d'important transit, dans nos ruelles se mêlent tous les trafics. Scooters et motos, à l'échappement trop souvent libre, envahissent nos timides pistes cyclables. Sur d'étroits trottoirs, pères et mères mènent à l'école ou à la crèche des enfants qui souffrent d'asthme aussi souvent qu'à leur tour. Bref, c'est peu dire que le 10e, quartier central, est envahi par la circulation comme peu de quartiers au peuplement aussi dense.
Mais avons-nous conscience que les maux dont nous souffrons - en clair, l'organisation, ou plutôt l'inorganisation des transports dans la grande capitale - sont également à l'origine de pollutions régionales, continentales et mondiales ? Les oxydes d'azote que crachent ces millions de pots d'échappement ne se contentent pas d'augmenter, surtout en été, les hospitalisations et décès pour causes respiratoires1. Ils sont aussi, associés à d'autres polluants souvent émis par les mêmes véhicules (monoxyde de carbone, hydrocarbures), à l'origine de l'augmentation des teneurs en ozone qui atteignent les zones rurales ou forestières de l'Île-de-France, à cinquante ou cent kilomètres de la gare de l'Est. Cet ozone, et d'autres polluants dits oxydants qui lui sont associés, sont dangereux pour tous les êtres vivants. Notre cocktail de polluants atmosphériques automobiles prend également part (avec les pollutions industrielles et la fabrication d'électricité dans certains pays européens) à la formation des pluies et dépôts acides, qui ont des effets dans toute l'Europe, contribuant à l'acidification des lacs et des sols, et au dépérissement forestier.
Mais ce n'est pas tout. Nos voitures, camions, motos, etc. émettent également du dioxyde de carbone, ce fameux CO2 à l'origine de l'effet de serre. Phénomène absolument mondial, la lente augmentation des teneurs de l'atmosphère en CO2 annonce des changements climatiques multiples : un réchauffement global, susceptible d'entraîner une montée du niveau des mers, d'accroître les sécheresses ici ou les inondations là, sans qu'on sache encore très bien aujourd'hui faire une description de ses effets au plan régional.
A Kyoto, en décembre dernier, la plupart des pays développés se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, en moyenne de 5 % par rapport au niveau d'émissions de 1990, dans la période 2008 - 2012. De leur côté, les émissions de polluants dits " classiques " - oxydes de soufre et d'azote, hydrocarbures, etc. - font l'objet de diverses conventions internationales sur l'ensemble du continent européen ; enfin, la surveillance de la qualité de l'air et certaines mesures de réduction de la pollution sont l'objet de politiques communautaires, décidées par les quinze pays membres de l'Union européenne.
Pour réduire la pollution et améliorer la qualité de l'air, plusieurs politiques doivent être poursuivies simultanément. Les grandes installations industrielles sont sous la surveillance des Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement, et peuvent bénéficier d'aide de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) lorsqu'elles s'équipent de dispositifs réduisant leurs pollutions. Mais de plus en plus, le problème est celui des voitures et camions. L'Union européenne réduit régulièrement les normes d'émissions des véhicules neufs - ce qui a conduit à la diffusion du pot catalytique trifonctionnel sur les voitures à essence depuis 1993. Mais cette politique ne fait sentir ses effets qu'au rythme du renouvellement du parc automobile. La révision des spécifications des carburants, également au plan européen, peut s'avérer plus efficace, parce qu'elle influence les émissions de l'ensemble du parc automobile ; on en jugera en janvier 2000, quand entreront en vigueur les normes adoptées en juin dernier par les ministres de l'Environnement de l'Union.
Cependant, tout cela ne suffira pas, surtout si l'on entend réduire les émissions de CO2. Il faudra également repenser la place de l'automobile en ville. Ce mode de transport dévore le plus d'espace au sol et concurrence de façon déloyale les autres, engluant les bus dans la congestion, terrorisant piétons et cyclistes, et renvoyant le rail en sous-sol à grands frais. La loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie nous y invite, en contraignant notamment les grandes agglomérations à repenser leurs " plans de déplacements urbains " avant deux ans. Mais sans attendre, les associations de quartier qui se battent pour reconquérir l'espace urbain public, à l'image de Modus Vivendi, de l'ADIL et d'autres dans le 10e, travaillent tout autant à améliorer la qualité de notre environnement ici et aujourd'hui qu'à protéger les générations futures de la planète entière, bien souvent sans même l'avoir recherché. La rue des Petites-Écuries mène tout droit à Kyoto.
Cédric Philibert
Paris, sa gastronomie, ses crottes de chien !
Tous les américains de passage à Paris vous le diront : comment une ville internationalement connue pour ses produits raffinés - la mode, les parfums, la gastronomie - peut-elle se laisser polluer quotidiennement par plus de 200 000 chiens sans réagir ?
D'Après l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, le chien parisien, d'un poids moyen de 8 kg, produit quotidiennement environ 100 g de matière humide ! Cela fait environ 20 tonnes chaque jour à Paris (la mairie sous-évalue le chiffre et n'en retient que la moitié). Les 70 caninettes (motos-crottes) ne récupèrent que 3,5 tonnes de déjections, c'est à dire 17 % de l'ensemble. Dans le magazine d'information de la capitale, Paris, le journal, on peut lire à la page 11 du numéro daté du 15 novembre 97 : " ces propriétaires (de chiens) coûtent de 60 à 100 millions de francs par an à la collectivité et créent des nuisances qui deviennent intolérables ". Si on prend le milieu de la fourchette, cela fait 220 000 francs par jour. En divisant par 3,5 tonnes, le kilo revient à 62 francs. Presque le prix des crottes en chocolat ! Pour un résultat insignifiant.
Comme le souligne un article paru dans Le Monde du 5 avril 89, des risques de zoonoses (maladies transmissibles de l'animal à l'homme) existent : la toxocarose, qui est un parasite que l'on trouve dans les excréments de chiens, peut entraîner chez l'homme des lésions de la cornée, des allergies et des problèmes neurologiques et pulmonaires. Or 50 % des bacs à sable parisiens contiennent des oeufs de cette maladie.
Certes, mais alors pourquoi ne pas prendre des décisions efficaces ? Obliger les maîtres à ramasser au lieu d'encourager le caniveau, mettre une taxe de propreté sur les chiens dans les zones urbaines et verbaliser les maîtres récalcitrants (actuellement, il y a deux sanctions par jour en moyenne sur l'ensemble de la capitale !). Sans ces mesures d'incitation, il n'y aura jamais de salut pour nos pieds, nos nez et nos santés ! Les élus n'ont pas à craindre de mauvaise humeur électorale. Au contraire, d'après Télérama du 22 novembre 97, " 80 % des Parisiens aboient contre les canins cacas. "
Le règlement sanitaire du département de Paris est particulièrement confus sur la question. L'article 99.2 stipule : " il est interdit d'abandonner des détritus d'origine animale sur la voie publique ", mais l'article 99.2 précise : " les fonctions naturelles des chiens ne peuvent être accomplies que dans les caniveaux et les emplacements prévus à cet effet " ! Faut-il en déduire que le caniveau n'appartient pas à la voie publique ? Comment peut-on arriver à appliquer un règlement aussi peu clair ?
Les mesures proposées actuellement pour régler le problème sont dérisoires : " trottcanins " (morceaux de trottoir), " aircanins " (allées recouvertes d'herbe), " canicanins " (entre deux voitures). Tant que " ça " reste par terre, on peut toujours mettre le pied dedans ! Dernière nouveauté, le Conseil de Paris vient de voter la mise en place d'interlocuteurs sur le sujet. Avec des mesures aussi efficaces, on n'a pas fini d'être dans la merde !
Alors, s'il vous plaît, maîtres, ne soyez pas chien, RAMASSEZ ! Car à Paris les crottes flottent mais ne coulent pas.
Benoît Pastisson
Micro-trottoirs sur le 10e
J'ai interviewé des voisins, des amis, des commerçants de ma rue, et je me suis interviewé moi-même, pour faire bonne mesure. Les points de vue sont multiples. Quand on parle automobile, on pense qualité de la vie en général.
Les opinions émises sur l'automobile sont généralement bien arrêtées, et correspondent, en bonne logique, à la situation de chacun. Il m'a été, je dois dire, plus facile de trouver des gens qui se plaignent " des voitures " que le contraire. Désolé, je n'ai interviewé ni cycliste, ni banlieusard travaillant dans l'arrondissement.
Scènes de famille
Pour cette mère de famille, l'automobile est l'un des multiples périls qui guettent sa progéniture. " Attention, il y a une porte de garage ", " je t'ai déjà dit cent fois de m'attendre avant de traverser la rue ", " pas dans ce parc, il y a trop de seringues ", " oh, ton beau blouson tout neuf est tombé dans le caniveau, c'est pas grave, on le lavera à l'eau de Javel ". Même les motos et les vélos qui roulent sur les trottoirs sont un danger. Ce n'est qu'après avoir grimpé les cinq étages à pied que l'on retrouve la sécurité du foyer. Mais " sur quoi tu as encore marché ? Maintenant il y a des crottes de chien sur le tapis ! ".
Et la santé
Les quelques pharmaciens que j'ai interviewés n'ont pas noté, lors des pics de pollution, en particulier en septembre dernier, beaucoup plus de clients malades que d'habitude, (peut-être 20 %). Pour eux, les yeux rouges, et les gorges qui font mal, cela arrive un peu toute l'année à Paris. Il faut dire aussi que les affections les plus graves ne sont pas traitées dans les pharmacies.
Un parisien heureux
J'ai même rencontré un parisien heureux : il n'a pas de voiture : le rêve !
Avec le métro dans Paris, le train pour les vacances, et le taxi quand il rentre
tard le soir, c'est moins cher, et plus confortable. La bagnole, c'est encore plus
désagréable quand on la conduit que quand on se contente de respirer les gaz d'échappement.
Une seule condition pour que ça marche : habiter et travailler à Paris. Ce qui n'est
pas le cas de tout le monde.
Prenez moi : je travaille dans la banlieue
sud, mon temps de transport quotidien (aller et retour) est d'un peu plus d'une
heure lorsque je prend ma voiture, un peu moins de trois heures en transports en
communs. Je n'aime pas vraiment conduire, en plus ça coute cher, mais, honnêtement,
dans la situation actuelle, j'aurais du mal à m'en passer. Quelle politique de la
ville pourra me libérer. Je ne vais quand même pas quitter le 10e !
Pour finir dans le brouillard
Une anecdote pour finir. En vacances sous les tropiques, j'ai décidé d'arrêter de fumer. C'est mieux pour profiter de l'odeur de la mer sous les palmiers et la cigarette, ça inhibe l'odorat. J'ai pensé, de retour à Paris début septembre, qu'il pourrait être utile de compléter cette saine mesure par des footings réguliers, par exemple boulevard Richard-Lenoir, au dessus du canal couvert. Mais on m'a dit qu'il était dangereux de faire du sport dans Paris à cette époque, alors j'ai trouvé la solution. J'ai arrêté les footings, et j'ai, un peu lâchement je l'avoue, recommencé à fumer : on sent beaucoup moins les gaz d'échappement !
Daniel Broc
Pollution, quand tu nous tiens !
La pollution, assez cruellement d'actualité, n'est malheureusement pas une nouveauté, elle évolue avec notre mode de vie et s'amplifie.
Il faut distinguer trois formes principales de pollution : l'air, l'eau et l'environnement.
L'air
Le contrôle de l'air a été mis en place en 1973 par le Laboratoire central de
la préfecture de police. En 1979, le premier réseau centralisé, " Airparif "
est installé. La désindustrialisation de Paris, l'introduction de normes rigoureuses
pour les usines qui subsistent ont entraîné une diminution de la pollution de l'air
par le soufre provenant de la combustion des fuels et des charbons. Mais la pollution
d'origine automobile, monoxydes de carbone et dioxydes d'azote prospèrent allègrement
surtout les jours anticycloniques qui engendrent une stabilité de l'atmosphère.
L'absence de vent fort et de précipitations, conjuguée à l'ensoleillement et à la
chaleur, favorisent les réactions dites photochimiques entre polluants.
Cette
pollution engendre de graves troubles de santé chez les plus fragiles, asthmatiques
notamment, et accroît les maladies des voies respiratoires chez les enfants.
Cette forme de pollution n'existait pratiquement pas dans notre histoire, mais d'autres,
comme la pollution de notre eau, sont par contre très anciennes.
L'eau
Dès 1348, l'administration royale défend de balayer les rues par temps de pluie
afin de limiter le rejet des ordures dans la Seine.
Au XVIIIe siècle,
le lieutenant général de police interdit en été, à l'époque des basses eaux, de
puiser l'eau de la Seine entre le port Saint-Paul (actuel quai des Célestins) et
le quai de l'École (quai du Louvre).
La population est mise en garde contre l'insalubrité
de l'eau et engagée à ne pas la boire, la Seine étant déjà polluée, ce qui était
un problème très grave, car la nappe phréatique se confond avec la nappe alluviale
à cinq mètres sous la surface.
Seule la Bièvre constitue un apport complémentaire
modeste. Les rus descendant des collines et les sources sont de modestes appoints.
C'est aux moines de Saint-Laurent, Saint-Lazare, Saint-Martin-des-Champs, que l'on
doit vers le XIe ou XIIe siècle les premiers travaux d'adduction
et de distribution des eaux de Belleville et du Pré-Saint-Gervais.
La première
fontaine publique du service des eaux fut construite aux Halles sous le règne de
Philippe- Auguste qui racheta aux moines de Saint-Lazare une partie de leur eau.
Il a existé plusieurs sources d'eau potable à Paris. La plus connue est celle de
Passy qui fut découverte vers 1650. Une des plus importantes fut exploitée à Belleville,
rue de l'Atlas à la limite du 10e et du 19e, par les frères
Lapostolet qui construisirent un petit établissement de thermes, édifié en 1876.
Il y avait depuis le Moyen âge un " ru " qui traversait partiellement
notre arrondissement (au niveau des rues des Petites-écuries et Château-d'Eau).
Avec le temps, il prit tellement d'importance qu'il fut nommé " Le grand égout ".
Il servait pour tous les déchets et rejets. C'est Turgot qui commence à l'assainir
et le fait couvrir complètement, ce qui permet au quartier de se développer.
Paris a toujours bénéficié d'eau potable, grâce à une politique stricte de traitement
et de retraitement des eaux de pompage principalement dans la Seine, seule possibilité
de faire face efficacement aux besoins des Parisiens.
Il faut rappeler que le
canal Saint-Martin n'est pas utilisé pour le pompage, ses eaux ne sont pas très
propres, ce qui n'empêche pas l'existence d'une petite faune.
L'environnement
Quant à la protection de l'environnement, c'est le préfet de police qui est chargé d'y veiller. Le premier décret est apparu le 15 octobre 1810. Plusieurs lois ont depuis renforcé l'arsenal législatif qui permet au préfet de prendre toutes mesures de protection de l'environnement. Cet aspect n'était pas pris en compte dans le passé, du moins il n'était pas réglementé. Aujourd'hui, il est très réglementé, mais pas assez pris en compte.
Alain Jouffroy
Se baigner dans le canal ?
Dans les années 80, Chirac, alors maire de Paris, avait promis qu'il se baignerait dans la Seine au début des années 90 pour montrer que l'eau était redevenue propre. Il ne l'a jamais fait… Qu'en est est-il pour la qualité de l'eau du canal Saint-Martin ?
Interrogée sur la question, la section des Canaux, qui dépend de la direction
de la Voirie et des déplacements, se veut très rassurante : les constructions
du canal de l'Ourq, puis du canal Saint-Martin ont été décidées par Bonaparte afin
d'amener de l'eau pour la consommation des parisiens. " L'eau du canal est
donc une eau naturelle (sic), destinée à l'origine à compléter celle arrivant rue
de l'Aqueduc, mais dont la quantité devenait insuffisante ".
Bon, mais
aujourd'hui, on hésite sérieusement à aller tremper son godet pour aller tester
le Château Canal ! Que l'eau soit propre au début, on veut bien le croire,
mais quand elle passe dans le dixième, les couleurs qu'elle a prises n'évoquent
pas franchement l'iode. Le service des canaux souligne pourtant que malgré des rejets
sauvages, la qualité de l'eau est bien meilleure que celle de la Seine : " d'ailleurs,
il y a un critère de qualité qui ne trompe pas : le canal Saint-Martin est beaucoup
plus poissonneux que la Seine ".
Bien, alors si on ne peut pas boire,
on peut se baigner ? " Non ! Si la baignade est interdite, c'est
avant tout pour des raisons de sécurité. Dans le 10e, le canal n'est
pas très large et il y a des péniches qui passent. Mais la qualité de l'eau n'y
est pour rien. D'ailleurs, il arrive qu'il y ait des fêtes nautiques sur le bassin
de la Villette ".
Quel dilemme cornélien. Car il est vrai que, comme
dit le slogan : " Sans péniche, Paris pleurniche ". Mais sans baignade,
le canal est bien fade.
Benoît Pastisson
Section des Canaux
6, quai de Seine
75019
T : 01 44 89 14 20
Pour avoir des renseignements sur la qualité de l'eau :
CRECEP (Centre de recherche et de contrôle des eaux de Paris) :
156, avenue Paul-Vaillant-Couturier
75014 Paris
Pour avoir des renseignements sur la qualité de l'air :
Minitel : 3614*AIRPARIF
Pour avoir des entretiens avec des médecins pendant les périodes de pollution :
Allô Santé
T: 01 40 34 76 14
Pollution tabagique
On croit la connaître parce que tout le monde sait que " fumer nuit gravement à la santé ". Mais, malgré des avancées certaines dans la prise de conscience, ses ravages sont encore méconnus, voire occultés quand ils ne sont pas carrément niés. La Gazette vous offre plus de précisions ; fumant !
Des méfaits pour les fumeurs
Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable en France : il
y est responsable de plus de 60 000 décès par an, dont la moitié avant 65 ans
et la moitié par cancer.
Le tabagisme est la cause de 70 % des tumeurs bronchiques,
de 50 % des cancers, de 4 infarctus sur 5 à 40 ans, de 91 % des cancers du poumon
chez l'homme et 53 % chez la femme.
Il accroît les risques d'avoir des cheveux
gris, d'inflammation du colon, de cancer de la bouche, de paralysie par atteinte
des artères cérébrales, d'oesophagites, etc. Il accélère les parodonties - maladies
bactériennes qui atteignent le soutien de la dent (gencive, os) jusqu'à provoquer
sa chute. L'artérite se rencontre presque exclusivement chez les fumeurs.
Chez
la femme, les risques d'accident vasculaire sont multipliés en cas de prise de la
pilule. Le tabagisme augmente les risques de cancer du col de l'utérus, du sein,
les troubles du cycle, les problèmes de fécondité, les ménopauses avancées et l'accélération
de la plaque osseuse.
La diminution du nombre de cigarettes ou fumer des plus
légères est un leurre. En effet, le fumeur compense en aspirant plus.
Et pour les non-fumeurs enfumés
Toutes pathologies confondues, 3 300 à 3 500 non-fumeurs décèdent par an
en France à cause du tabagisme (Le Monde du 29/5/97, Le Figaro du
22/5/97).
Le risque de décès prématuré chez un non-fumeur dont le conjoint fume
augmente de 20 %. Le risque de cancer du poumon, de décès par maladies coronaires
sont augmentés, comme les risques de cancer du sein et de la face, de thrombose
artérielle.
Plusieurs personnes qui ne supportaient pas la fumée de leurs collègues
et demandaient l'application de la loi ont été renvoyées. Dans de nombreux lieux
publics, la tabagie règne encore : facs, prisons, hôpitaux.
Et les enfants ?
Le tabagisme présente des effets nocifs sur la fécondité et augmente les risques
de complications lors de la grossesse. À la naissance, les enfants sont plus petits
et plus fragiles. 40 à 50 % des nouveau-nés sont exposés aux effets nocifs
du tabac. Une femme qui fume allaite moins. Il y a 5 fois plus de nicotine dans
le lait maternel que dans le sang de la mère si elle a fumé moins d'une heure avant
la tétée.
Le tabagisme parental est un facteur très important de mort subite
du nourrisson. Il a un effet sur le développement du système respiratoire chez l'enfant
et augmente les risques de bronchites, pneumonies, rhino-pharyngites, otites, asthmes,
oesophagites, etc.
Dès 16 ans, plus de 50 % des adolescents fument. En France,
2/3 environ fument à 18 ans, proportion la plus élevée d'Europe. La publicité les
sollicite (particulièrement par le sport). Les paquets de 10 cigarettes, au lieu
de 20, plus faciles à acheter sont apparus pour eux. L'interdiction de fumer dans
les écoles n'est pas appliquée.
Les textes
12/9/77 : un décret interdit de fumer dans les hôpitaux, les établissements
d'enseignement, les lieux où se prépare et se vend de la nourriture.
1/11/92 :
Extension de ces interdictions aux bureaux et entreprises, gares et aéroports. En
outre, bars et restaurants doivent prévoir des zones non-fumeurs clairement signalées.
Est obligatoire l'information des jeunes à l'école.
En avril 95, un sondage indique
que 85 % des français sont favorables ou très favorables à la mise en place des
zones réservées pour fumeurs et non-fumeurs dans les restaurants, position partagée
par 83 % des fumeurs. Alors qu'est-ce qui freine si fort ?
Liberté individuelle
Elle me semble relative au regard de la pression économique. Les futures victimes
du tabac commencent à fumer très jeunes. Les fumeurs de 12 ans rapportent 12 milliards
de francs par an aux fabricants et en taxes à l'état dix fois plus que ce qu'il
consacre à la prévention du tabagisme. À 12-13 ans, on devient dépendant, mais est-on
capable de comprendre pleinement les risques encourus ?
Les enquêtes menées
auprès des fumeurs adultes montrent qu'une grande majorité n'a pas une connaissance
exacte des dangers : ils ignorent de nombreuses maladies liées au tabac, ils
méconnaissent fortement la gravité du cancer du poumon, surestimant par exemple
les chances de survie.
Quant à la liberté de respirer un air sain pour le non-fumeur,
elle demande au fumeur respectueux de renoncer au plaisir de fumer lorsque cela
enfume.
Marie-Hélène Cayla